Au mois de Mai 2006, à l’initiative du gouvernement français en 2005, les plus gros consommateurs industriels d’électricité de France, dits électro-intensifs, décident de regrouper leurs achats d’électricité auprès d’EDF en créant EXELTIUM. Ce groupe est constitué d’Arcelor pour l’acier, d’Alcan pour l’électrolyse de l’Aluminium, d’Air Liquide pour les gaz, de Rhodia pour la chimie, d’Arkema et Solvay pour la production de soude et de chlore par électrolyse, d’UPM Kynmene pour le papier. L’idée est de retrouver des tarifs préférentiels pour assurer la compétitivité internationale des usines installées en France, pour favoriser les investissements et profiter ainsi du formidable avantage tarifaire issu des productions d’électricité d’origine nucléaire. En Janvier 2007 un accord est trouvé avec EDF pour la fourniture de 13 TWh par an, à un tarif de 39 euros par MWh durant 24 ans, sous réserve d’une avance de 3,7 milliards d’euros à payer par le groupement. Très Bien! Excellent!
Mais non, vous n’avez rien compris! Pour la Commission Européenne, cette manoeuvre suspecte était un moyen pour EDF de rendre captive cette consommation des « électro-intensifs ». En Juillet 2007, soit 6 mois après la signature, la Commission ouvre une procédure qui va prendre un an de plus, pour finalement faire mentionner dans le contrat que chaque membre du club peut librement le quitter pour rejoindre un hypothétique concurrent d’EDF. Nous sommes donc en Juillet 2008.
Il ne reste plus qu’à trouver les 3,7 milliards d’Euros auprès d’un pool bancaire qui comprenait Natixis, Royal Bank of Scotland et et l’espagnole BBVA. Mais voila, les deux premières sont quasiment ruinées et bien incapables d’avancer cette somme. Alors Exeltium cherche désespérément les banquiers qui pourraient mettre au pot. On parle d’une possible issue en Mars 2009, soit plus de deux ans après la signature de l’accord.
En attendant, les industriels paient le MWh à plus de 100 euros, les cours ont doublé depuis la signature des accords. Enfin, cette lenteur profite finalement à EDF, quand aux emplois perdus dans l’industrie française de l’Aluminium ce n’est pas le problème de la Commission, c’est un problème national.
Une Europe de ce style ne semble pas très adaptée pour assurer l’indispensable réactivité de nos entreprises, face à la compétition mondiale.
Le 24 Octobre 2008.
–

Laisser un commentaire