Tout le monde a bien conscience que les prix de l’essence à la pompe est un paramètre du premier ordre qui agit à court-terme sur le comportement du consommateur qui va limiter ses trajets en voiture, à moyen-terme sur ses décisions au travers de l’achat d’un véhicule moins lourd, diesel ou hybride par exemple et qui incite les constructeurs de véhicules à adopter des démarches marketing privilégiant l’efficacité énergétique de leurs modèles par rapport à d’autres caractéristiques plus sportives. Les normes et autres contraintes administratives viennent appuyer et renforcer ce mouvement généralisé vers les économies de carburant dans le transport routier. C’est un phénomène mondial qui tend à réduire les consommations de carburants dues à l’élargissement du parc et à l’accroissement du trafic particulièrement vifs en Asie par exemple.
Il a été montré ici récemment que la consommation d’essence aux États-Unis avait atteint un maximum il y a de cela quatre ou cinq ans et qu’elle était passée en phase de décroissance. L’impact des prix des carburants, des normes et des nouveaux véhicules plus économes en carburants ont pris le dessus dans ce pays sur un éventuel accroissement du parc automobile, associé à l’accroissement de population.
Remarque: il n’est pas certain que depuis 2008, en raison de la crise, le parc automobile américain se soit accru. Ce que l’on sait (FHA), c’est que le trafic à 3000 milliards de miles sur les douze derniers mois est inférieur d’un point de pour-cent à celui enregistré à fin 2007. La baisse du trafic américain avait débuté dés la fin de 2007, donc bien avant la crise, sous l’impact des prix des carburants.
Les tendances depuis le début de l’année sur les prix des carburants aux USA (FIG.I) ne sont pas de nature à faire repartir ces consommations.
En effet il est possible de noter que les cours de l’essence sur le NYMEX (courbe rouge) se sont ajustés sur les prix marginaux de l’essence en Europe qui dépendent des cours du BRENT (courbe noire). Il en est résulté un fort accroissement des marges de raffinage (distance entre la courbe rouge et la courbe bleue) qui s’est immédiatement répercuté sur les prix à la pompe. Il fallait 40$/baril en début d’année pour passer du prix du baril de pétrole WTI (90$) à celui la pompe (130$), il faut maintenant 50$ pour atteindre les 160 dollars de l’essence vendue au détail en moyenne la semaine dernière. Au rythme où vont les choses les 4$ en moyenne le gallon d’essence aux États-Unis, soit 168$ le baril, sont à portée de vue.
En Europe il est intéressant de suivre le cas de la France qui a depuis de longues années, avec l’instauration de la TIPP en 1928 sous Raymond Poincaré, maintenu une politique de carburants chers. En 2008 cette taxe a rapporté au budget de l’État 28 milliards d’euros ce qui rend anecdotique et ridicule la défunte taxe carbone qui avait tant agité le cocotier environnemental. Sous l’impact des prix, des mesures d’incitations gouvernementales de type Bonus-Malus et autres Primes à la Casse, les consommations en volume de carburants par les ménages français reculent depuis une décennie (FIG.II).
Ce résultat issu d’une excellente étude statistique menée sur les données entre 1985 et 2006 par Lucie Calvet et François Marical, montre l’élasticité de la demande en carburant à la montée des prix. D’après ces auteurs une augmentation des prix des carburants de 10% se traduit par une baisse des consommations en carburants des ménages de 2,5% à 3,5% à court-terme et par une baisse de 6 à 7% à long-terme. Ce résultat est globalement vrai quelques soient les ressources des ménages. La part des carburants dans le budget des ménages tend à se réduire au cours du temps, mais elle dépend fortement du lieu d’habitation. Les habitants ruraux ou péri-urbains étant plus impactés que les habitants de centre-villes ou de Paris.
Un autre paramètre important: la possession d’une voiture et donc les consommations de carburants dépendent beaucoup de l’âge du chef de famille interrogé au sein d’une génération donnée (FIG.III).

La baisse probable du nombre de véhicules par foyer des générations du baby-boom partant à la retraite va participer à ce phénomène d’adaptation des ménages aux contraintes économiques des décennies à venir. Le prix des carburants étant un des paramètres du premier ordre.
Les rusés politiciens qui nous dirigent, devraient donc reprendre fermement en main la fiscalité des carburants qui a eu tendance à se relâcher ces dernières années sous fond de bla-blas écolos, afin de maintenir sous pression et faire reculer les consommations en carburants de nos contemporains. Ils doivent passer par zéro les incantations de l’AIE qui annonce à tue-tête le recul des économies mondiales dès que le pétrole s’apprécie de quelques dollars. Il y a belle-lurette que plus personne n’écoute les prédictions essouflées de cette pythie parisienne.
LIRE le rapport de Lucie Calvet et François Marical.
LIRE le rapport sur la place de la TIPP dans la taxation écolo de notre pays
Le 18 Avril 2011



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