L’image romantique d’une nature fondamentalement bienveillante mais épuisée par les activités agricoles des hommes sont à la base de bien des raisonnements malthusiens prêchant la décroissance du niveau de vie et de la taille des populations. Paradoxalement ces philosophies qui prônent la primauté de la Nature sur l’Homme ont connu de tous temps un large succès. De nos jours, ce sont les affirmations alarmistes de pénurie de ressources alimentaires qui prévalent. Dans un contexte climatique réputé comme globalement défavorable, les activités agricoles seraient incapables de suivre la demande croissante d’une population plus nombreuse, au niveau de vie moyen accru et utilisant des biocarburants pour assurer une part de ses ressources énergétiques. La preuve, les cours du blé, du maïs, du coton, de l’huile de palme, etc. flambent. Cerise sur le gâteau, la mise en exploitation de nouvelles terres (Land Use Change) s’accompagne d’émissions de CO2 et accroit de ce fait le dérèglement climatique…boucle infernale qui condamnerait à terme notre civilisation.
Et pourtant un certain nombre de faits montrent que:
– les progressions des rendements des cultures publiés par la FAO ont permis jusqu’à maintenant d’adapter l’offre à la demande et rien n’indique que ce phénomène est près de s’arrêter, (LIRE: la demande mondiale en céréales devrait s’accroître de 20% d’ici à 2020), l’exemple du formidable développement des cultures du palmier à huile en Indonésie et en Malaisie durant les trente dernières années prouve les capacités d’adaptation de l’offre à une demande croissante de corps gras dans le monde (LIRE le dernier papier sur les biocarburants). Les avatars climatiques observés par-ci ou par-là n’altèrent pas de façon significative la croissance globale des rendements.
– les prix en dollars du blé, du maïs, du soja relevés sur plusieurs décennies sont en forte décroissance (FIG.I, empruntée à Staniford) et les dernières hausses enregistrées sont finalement assez modestes.

– de larges surfaces de terres cultivables dans le monde sont encore disponibles. Une étude récente (LIRE Land Availability for Biofuel Production) estime que 3 millions de km2 au bas-mot sont disponibles dans le monde. Pour boucler les besoins en céréales d’ici à 10 ans il faudra mettre en cultures supplémentaires dans les 500 mille km2 dans le monde.
Pour illustrer cette adaptation du monde agricole aux demandes du marché il est intéressant de se pencher sur les intentions de mises en cultures et leurs surfaces en 2011 aux États-Unis publiées par l’USDA (TAB.).
Il apparait que les cultures de maïs qui sont les plus importantes devraient occuper cette année une surface de 373 mille km2 (les trois quarts de la surface de la France) affichant une expansion de 4,5% par rapport à 2010 et de 6,7% par rapport à celle de 2009. Les cultures de Soja devraient légèrement décroitre, mais celles de blé devraient augmenter de 8%. Enfin les cultures de coton, dont le prix de ce produit a plus que doublé au cours des six derniers mois, devraient afficher une croissance de 15% par rapport à 2010 et de 37% par rapport à celles de 2009.
L’augmentation des prix de marché se traduit dans ce grand pays par de nouvelles mises en cultures. Le paysan américain est très sensible à l’exploitation profitable de ses terres et n’hésite pas à planter plus pour gagner plus ou à arbitrer entre plusieurs types de cultures. Dans le fonctionnement cyclique des marchés agricoles, le monde se trouve en ce moment dans la phase d’investissements accompagnant la montée des prix; il faudra attendre que ces mesures aient conduit à des productions supplémentaires pour voir à nouveau baisser les prix des produits.
CONSULTER le rapport de l’USDA sur les « Prospective Plantings » concernant l’activité 2011.
Le 2 Avril 2011.


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