On le sait, les énergies renouvelables solaires et éoliennes sont des activités qui ne doivent leur survie qu’à des aides fiscales ou tarifaires permettant d’amortir des investissements trop lourds pour les MWh générés durant une période raisonnable d’amortissement. Cet état de fait sera financièrement de moins en moins lourd, au fur et à mesure des gains de productivités réalisés dans chacune des filières qui permettront de réduire les montants de ces investissements. Il y a peu à attendre du côté de l’éolien terrestre sinon par la future et lointaine mise en concurrence des constructeurs d’éoliennes. Il est illusoire de penser que l’éolien offshore résoudra ce problème, au contraire, il va l’aggraver en raison des investissements massifs nécessaires, disproportionnés par rapport aux gains de rendements énergétiques attendus. Seul le solaire photovoltaïque peut espérer de formidables réductions de coûts qui devraient amener un jour, le coût du MWh photovoltaïque à parité avec le MWh « charbon », chargé à 100% de ses droits d’émissions de CO2. La pérennité des aides fiscales ou tarifaires qui dépend du bon vouloir des politiques, est donc aujourd’hui vitale pour ces activités. Examinons les problèmes du moment sur les grandes zones économiques.
En Asie l’équation semble assez simple. Deux nations sont déterminantes: la Chine et le Japon. Elles disposent toutes les deux d’industries du photovoltaïque puissantes et ambitieuses, elles vont donc soutenir localement leurs industries respectives, par les aides financières nécessaires. En Chine les autorités communiquent sur leurs efforts dans les énergies renouvelables, c’est une arme de propagande politique qui tente de dissimuler la formidable pollution de ce pays. Au Japon les aides qui avaient été interrompues en Avril 2006, entraînant le déclin relatif de la filière photovoltaïque japonaise, symbolisé par le déclassement de SHARP derrière l’allemand Q-Cells en 2007, vont reprendre. Elles sont budgétées (31 milliards de Yens) par le METI en 2009 pour accompagner les lourds investissements de la filière.
Aux Etats-Unis les aides tarifaires fédérales à l’éolien et au solaire sont votées jusqu’à la fin de cette année. Compte tenu de l’importance accordée par l’opinion publique à la nécessaire progression des énergies renouvelables, ces crédits seront à coup sûr prolongés et probablement accrûs. De plus, de nombreux Etats veulent élaborer leur propre politique d’aide vis à vis des énergies renouvelables. Plusieurs envisagent d’instaurer des aides tarifaires à la mode européenne (Feed-in-tariff). De toute façon ils disposent d’une arme imparable, c’est celle de pouvoir fixer le pourcentage d’électricité renouvelable dans le mix délivré par les Sociétés de distribution. En Californie par exemple, le Renewable Portfolio Standard (RPS) fixe cet objectif à 20% en 2010 et un vote populaire va devoir se prononcer sur la « Proposition 7 » qui veut pousser au delà ces limites, avec 40% d’électricité d’origine renouvelable en 2020 et 50% en 2025. Les Etats vont donc être poussés par l’opinion à exiger un accroissement de la part des énergies renouvelables dans le « mix » énergétique. Cela explique la forte demande des industries électriques de distribution pour financer de grandes installations solaires en Californie ou au Nevada par exemple.
En Europe, comme toujours, la situation est plus complexe. L’Espagne, numéro 2 et locomotive du solaire en Europe en 2007 et 2008, va décider de réduire ses aides à la filière photovoltaïque en 2009. Pour cela elle dispose de quotas d’autorisations administratives. Pour 2008 ils sont de 1000 MW mais ils pourraient être ramenés à 300 MW en 2009, au grand dam des industries américaines et chinoises qui sont fortement implantées en Espagne. L’Allemagne autour d’un flux de 1350 MW ne fera pas mieux en 2009. Alors les industriels comptent sur l’Italie et sur la France pour soutenir cette filière. Certains parlent de 1200 MW en Italie à l’horizon 2012. Rappelons que SHARP a choisi l’Italie, où les prix de l’électricité sont les plus élevés d’Europe, pour installer après 2010, sa future grande usine de production européenne. Enfin beaucoup comptent sur la France qui, encouragée par la baisse des prix des panneaux solaires, pourrait atteindre 500 MW en 2010. La décision d’EDF Energies Nouvelles de se diversifier dans le solaire va dans le sens d’une croissance du marché français.
Malgré les incertitudes européennes, la croissance de l’industrie photovoltaïque dans le monde qui a été jusqu’à présent de 40% par an, devrait se poursuivre au moins sur ce rythme dans les années qui viennent, tirée par les commandes de l’Asie et des Etats-Unis et encouragée par de formidables réductions de coûts, liées aux évolutions technologiques et à une concurrence internationale féroce. La course au volume et aux parts de marché des dix premiers acteurs mondiaux laminera les marges de manoeuvre des opérateurs de second rang qui devront se réfugier dans des niches à forte valeur ajoutée pour survivre (militaire, spatial, produits complexes).
Le 5 Septembre 2008.
–

Laisser un commentaire