La Zone Euro importe trop d’énergie et voit sa santé économique régresser

                          L‘Europe et donc la Zone Euro n’ont pas de politique énergétique, elles ont juste imaginé quelques mesures plus ou moins pertinentes, axées sur des énergies renouvelables subventionnées, pour essayer de réduire les émissions de CO2 à l’horizon 2020 ou 2030. La Zone Euro dispose d’une Banque Centrale censée piloter la politique financière de l’ensemble afin de moduler ses évolutions économiques. Mais que peut faire une BCE lorsque les prix de l’énergie s’emballent, malmenés par des mouvements financiers provenant des Etats-Unis, de Chine ou du Japon?  Depuis le début de l’année jusqu’à fin Mai, la Zone Euro a déboursé net 25 milliards d’euros par mois pour sa facture énergétique (155 milliards d’importations – 30 milliards d’exportations de produits énergétiques, soit 125 milliards en cinq mois). Balanceenergie200805

                       Rappelons que le taux de dépendance énergétique vis à vis de l’extérieur, essentiellement hors de la Zone Euro, était en données 2006, de 87% pour l’Italie, de 81% pour l’Espagne, de 61% pour l’Allemagne et de 51% pour la France. Cette dépendance énergétique de la Zone Euro qui doit se situer entre 60 et 65% coûte donc 25 milliards par mois. Il apparaît impératif de définir une politique européenne de réduction de la dépendance énergétique dans les années à venir et ce sujet devrait être plus particulièrement traité en Zone Euro dont les ressources énergétiques sont les plus limitées.

Quelques idées directrices:

  • remplacer les centrales au charbon les plus polluantes par des centrales ne nouvelle génération ou par des centrales nucléaires,
  • introduire massivement des véhicules (VL et PL) peu gourmands en carburants par des politiques incitatives et/ou coercitives auprès de l’industrie automobile. En effet les consommateurs particuliers, commerciaux ou industriels ne pourront choisir des véhicules économes en carburant que s’il existe une offre abondante. Notons la confidentialité des offres de voitures et l’inexistence de poids lourds ou de bus hybrides par exemple. Pourquoi Mercedes offre-t-il des bus hybrides en Amérique du Nord, des poids lourds hybrides au Japon et rien en Europe? Parce qu’on ne le lui demande pas.
  • harmoniser et unifier vers la fourchette haute, les taxes sur les ressources énergétiques primaires. La TIPP en France a sûrement plus fait à ce jour pour l’écologie que tous les discours des défenseurs de la Nature francophones. L’appliquer au charbon et au lignite serait équitable et efficace pour réduire leur utilisation et pour inciter les producteurs d’électricité à investir dans des unités modernes à eau hypercritiques,
  • imaginer des unités de productions de biocarburants de deuxième génération rurales, simples à conduire, peu polluantes et utilisant les ressources en lignocellulose du canton ou les déchets de la ville proche. En effet les grandes usines de type Fischer Tropsch, imaginées par les Allemands, ne verront jamais le jour pour des questions de rentabilité par absence de masse critique. Elles ne trouveront pas les ressources en bois pour les alimenter, ou alors il faudra faire disparaître l’industrie papetière existante, et elles seront trop complexes et dangereuses pour être transposées sous forme de petites unités.

                         La Zone Euro se porterait beaucoup mieux si elle disposait d’un grand Ministère de l’Energie et des services compétents associés sur le modèle des services californiens qui, en relations étroites avec l’industrie, fourniraient les éléments pertinents pour élaborer une vraie politique d’économie et d’optimisation et de stimulation des modes d’utilisations des énergies. Cette politique énergétique commune serait élaborée en dehors des services incompétents de la Commission, tout comme la BCE élabore sa politique monétaire.

Le 19 Août 2008

Commentaires

4 réponses à “La Zone Euro importe trop d’énergie et voit sa santé économique régresser”

  1. Avatar de Tadous
    Tadous

    La dépendance énergétique de la France soi-disant limitée à 51% est une imposture. D’une part, l’énergie du nucléaire sert à 67% pour réchauffer l’air et l’eau (merci pour les poissons en été) et seulement 33% pour produire de l’électricité, d’autre part, tout l’uranium utilisé est importé. Quelle indépendance ?
    Le bois et les déchets sont beaucoup mieux utilisés pour produire de la chaleur et de l’électricité en cogénération, comme cela commence à se répandre dans de petites villes et des villages, que pour produire un agro-carburant.
    Bien souvent, la cogénération est utilisée pour chauffer les bâtiments publics (écoles, mairie, gymnase) et des immeubles HLM situés dans le voisinage, l’électricité étant envoyée sur le réseau. Ce qui est très intéressant en hiver.
    Le système est aussi utilisable toute l’année pour des industries qui ont besoin de chaleur dans leur cycle de fabrication.

  2. Avatar de el gringo

    J’ai un peu de mal à suivre le rapport entre le cout de l’énergie et la santé économique de l’Europe.
    La Chine, l’Inde et nombres de pays asiatiques sont aussi d’importants importateurs d’énergie avec une industrie souvent bien plus consommatrices. Cela n’a pas empéché leur dévelopement. De même, les USA sont beaucoup plus energétivores que l’Europe mais a aussi connu une croissance plus forte qu’en Europe même si elle est en partie dûe au développement du crédit.
    Dans les années 90, certaines entreprises préféraient produire directement leur propre électricité car celle vendue par EDF était tout simplement trop cher. Le KWh était vendu entre 20 et 30 centimes de francs par EDF (qui expliquait en plus que c’était à perte car c’était moins que le cout d’une centrale nucléaire même à l’arrêt) alors que produire directement son électricité revenait à moins de 15 centimes de francs le KWh aux industriels avec un pétrole à moins de 10 dollars. Depuis le pétrole a augmenté mais aussi les tarifs d’EDF aux industriels qui avait choisi de se fournir chez EDF.
    La SNCF, troisième client d’EDF, dénonce la flambée des prix de l’électricité. Louis Gallois, son Président, s’est indigné et a déclaré : « nous avons été informés que les prix de l’électricité vont augmenter de 46% en 2004 » et ce devrait être pire en 2005 selon les prévisions de Jean-Pierre Menanteau, son Directeur Financier. En un an, les tarifs passeront de 345 millions d’euros en 2003 à 467 millions en 2004, dont 295 millions pour EDF, 131 millions pour le RTE et 37 millions au titre du service public d’électricité. La SNCF ne peut changer de fournisseur étant liée jusqu’en 2006 avec EDF qui a obtenu 5 des 7 lots mis en appel d’offres.
    http://www.serce.fr/pdf/presse/revuedepresse47.pdf
    En France, le prix de l’électricité vendu aux industriels, même issue du nucléaire, est indexé sur le prix du pétrole suite à l’ouverture des marchés en Europe. EDF a pu ainsi réaliser de bien meilleurs bénéfices et redorer un peu son bilan financier.
    Seuls les tarifs réglementés de particuliers n’ont pas été remis en cause mais pour combien de temps encore compte tenu des besoins de financement d’EDF dans les prochaines décennies.
    Evolution des résultats d’EDF :
    2005 : résultat net courant * 2,9 Md € + 40,6 %
    2006 : résultat net courant 4,2 Md € + 47,3%
    2007 : résultat net courant 4,7 Md € + 10,6 %

  3. Avatar de Raymond
    Raymond

    Mon cher Tadous,
    Le principe de Carnot ne s’applique pas qu’à l’énergie d’origine nucléaire. Les centrales au charbon, au lignite, à gaz naturel rencontrent le même problème. Il est donc une « imposture » (souvent journalistique)de faire croire au bon peuple que seule l’énergie nucléaire réchauffe l’eau des fleuves ou des océans. Pour être crédible un exposé se doit d’être objectif. La preuve en est qu’ensuite, lorsque vous parlez de cogénération, vous évoquez les pertes thermiques dans la source froide du générateur électrique alimenté par la combustion de bois! Les centrales à bois sont sûrement très intéressantes mais elles aussi obéissent au principe de Carnot. Mais c’est vrai, tout cela est un peu complexe.

  4. Avatar de Olivier
    Olivier

    dans vos propositions vous parlez de cogénération, mais vous omettez la gazeification des déchets qui diminuera nos importations de gaz du sympatique Poutine

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