L’accroissement de production d’électricité de l’OCDE repose sur la combustion à flamme

                         Pour les quatre premiers mois de 2008, par rapport à la même période de 2007, les productions d’électricité des pays de l’OCDE qui ont atteint 3500 TWh, se sont accrues de 3,7% ce qui représente 125 TWh supplémentaires. Les centrales hydro électriques qui ont peu produit au Japon, on fait perdre 5 TWh. Les autres énergies renouvelables, en croissance très forte de 21%, n’ont contribué que pour un accroissement marginal de 13 TWh (10% de l’accroissement global). Les centrales électronucléaires qui ont plus produit en France, mais peu produit au Japon ont fait perdre 15 TWh d’électricité. L’ensemble de ces données: faible valeur absolue de la contribution des énergies renouvelables et mauvais fonctionnement du nucléaire japonais ont entraîné une production des centrales thermiques à flamme en augmentation de 131 TWh soit 6,2% (FIG.).

.Ocdeelec200804

                       Seule l’Europe a limité les dégats avec des productions nucléaires et hydrauliques en légère hausse de 2,3% et de 2% respectivement.

                        Cette situation est représentative de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde pour la production d’électricité. Les énergies renouvelables, pas du tout à la hauteur de l’enjeu, ne contribuent que de façon marginale à l’accroissement des besoins. L’arrêt des programmes nucléaires rend leur contribution à l’accroissement des besoins nulle ou négative. Ce sont donc les centrales thermiques à flamme qui sont mises à contribution pour assurer la croissance.

                       Le Japon est schématique avec une production d’électricité sur les quatre mois en croissance de 9,7%, une décroissance des productions nucléaires de 27% et un accroissement des productions par combustion de 25%. Sans une relance intensive et rapide de la production électronucléaire d’électricité dans le monde, il n’y aura pas d’issue réaliste à la réduction des émissions de CO2. Les accords de Kyoto se solderont par un constat d’échec… cuisant.

Le 11 Août 2008.

Commentaires

4 réponses à “L’accroissement de production d’électricité de l’OCDE repose sur la combustion à flamme”

  1. Avatar de un_simple_individu
    un_simple_individu

    « Les accords de Kyoto se solderont par un constat d’échec… cuisant. »
    Raymond, si je ne suivai pas ce blog régulièrement, vous m’accorderiez, que je pourrais vous soupçonnez de bosser pour EDF atome inc…J’ai lu, dans vos posts précédents des analyses et autres mises en perspectives plus ouvertes que celle-ci.
    Quand à votre conclusion, elle semble élever le protocole au dessus de son origine, il n’est pas question seulement d’atteindre un nombre réduit de particule de CO2 dans l’atmosphère. L’ensemble des conclusions tendaient vers une réorientation générale du modèle énergétique en application. A mon souvenir, il n’y était pas mentionné que le nucléaire possédait les atouts utiles à la réalisation de ce changement de modèle. Je vous fais confiance sur ce dernier point, j’anticipe votre remarque et vous rejoins, cette boulimie thermique ne semble pas s’enrayer. Votre angle de vue technique pourrait nous éclairer sur ce modèle; par exemple, je me pose encore la question de la pertinence de notre distribution électrique. Quel avantage pourrions nous tirer d’un découplage définitif entre industrie et individuel? Si des moyens de production existent à des niveaux unitairement faible mais fiable, pourquoi ne pas nous renseigner sur une autre façon de procéder?
    Si tout le monde est branché sur la même prise, il y a forcement des ennuies à prévoir. Aïe, cette douleur persistante, voilà mon pessimisme qui fait des sienne… A moins que tout cela, finalement, ne soit qu’un problème de tiroir caisse indivisible. Ce qui ramènerait le problème de l’énergie à ce qu’il est, la source de tous nos maux. Voyez vous, de là où je me trouve il me semble que même une batterie complète de grosse cocote minute nucléaire ne nous rapprocheraient pas des engagements de Kyoto. Inutile de s’égarer.

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Pour ma part je pense que seule une large part d’énergie d’origine électronucléaire couplée à la rénovation des centrales à charbon ou lignite les plus polluantes, nous permettrait de stabiliser les émissions de CO2 durant les 20 à 50 ans à venir, en attendant une démocratisation de l’énergie solaire et la résolution des très complexes problèmes de stockage de cette énergie intermittente. Comme le développement des centrales électronucléaires traîne et que les vieilles centrales au charbon ou au lignite produisent à tout va, j’en déduis que la teneur en CO2 de l’atmosphère de notre planète va poursuivre son inexorable croissance.
    Pour s’en sortir il faudra élaborer un plan mondial comportant au moins en quatre parties:
    1) rénovation (démolition et éventuelle reconstruction) des vieilles centrales à charbon ou lignite
    2) accélération d’un programme électronucléaire agressif
    3) stockage de l’énergie électrique intermittente sous toutes formes acceptables couplées
    4) mutualisation des ressources régionales à l’aide de réseaux électriques performants.
    Ce sont des programmes colossaux, plus on attendra et plus il faudra aller vite!
    Les développements éoliens subventionnés actuels sont incapables de résoudre le problème, ils ne font que retarder les prises de décisions qui s’imposeront.
    L’Allemagne en Europe constitue un laboratoire en vraie grandeur de résolution (éventuelle) de ces problèmes. Pour l’instant l’inertie allemande est scandaleuse, elle a émis plus de 850 millions de tonnes de CO2 en 2007, dont 500 pour la génération d’énergie électrique (gaz, charbon, lignite). Nous verrons dans les années à venir les méthodes utilisées par l’Allemagne pour améliorer ce résultat.
    La capture et le stockage du CO2 qui va consommer 15 à 20% d’énergie supplémentaire me semble être, après l’éolien, la dernière plaisanterie à la mode.

  3. Avatar de un_simple_individu
    un_simple_individu

    Tout tiens en une vingtaine de lignes!
    J’espère que votre réponse sera copié/collé un grand nombre de fois.
    Je m’abstiens de toute critique, c’est une synthèse dense et claire considérant le savoir technique présent et qui laisse la place à l’analyse.
    Merci Raymond.

  4. Avatar de el gringo

    C’est évident qu’il faut fermer ou rénover les vieilles centrales à charbon même si de nombreux intérêts économiques vont s’y opposer.
    Le nucléaire est aussi un secteur fortement subventionné en France.
    Par exemple, le CEA coûte 3.3 milliards d’euros par an largement financés par l’Etat pour développer la filière nucléaire sans que cela apparaisse dans la facture EDF. Si AREVA (qui appartient au CEA à 80% et à l’état français à 97%) avait dû payer de sa poche la recherche et développement fait par le CEA pour son compte, il aurait fait faillite depuis longtemps.
    De même, le cout du démantèlement des centrales nucléaires n’est que très peu provisionné alors beacoup de centrales seront fermées dans les prochaines années.
    La Cour des Comptes a évalué le coût du démantèlement de la centrale de Brennilis (70 MW) à 482 millions d’euros, soit 20 fois plus que l’estimation de la commision PEON qui est à l’origine du parc nucléaire actuel.
    Hormis les centrales, divers réacteurs expérimentaux et sites industriels nucléaires civils ou militaires seront aussi à démanteler. Le premier de grande taille à être démantelé en France est l’Usine d’extraction du plutonium de Marcoule (UP1), pour un coût estimé de 5,6 milliards d’euros.
    Rappelons aussi que les retraites des agents EDF (et de GDF) seront en grande partie payées après 2020 par les salariés du privé grâce à un joli tour de passe-passe avec le Fonds de Réserve des Retraites en 2005 car EDF et GDF n’avait pas les moyens de garantir les retraites de ses agents à long terme.
    On peut donc estimé que le coût du nucléaire est largement sous-évalué en France.
    Pour revenir au CO2, une étude du ministère allemand de l’Environnement montre que les émissions de CO2 sont largement sous estimés dans la filière nucléaire : « Contrairement à ce qu’aiment affirmer ses partisans, l’atome produit aussi du CO2. Les mines d’uranium produisent des quantités considérables de gaz à effet de serre qui dépassent largement celles nécessaires pour mettre en place des énergies renouvelables, éolienne, hydraulique ou biogaz. Mais même une chaudière à cogénération utilisant le gaz terrestre a un bilan CO2 qui soutient facilement la comparaison avec l’énergie nucléaire ».
    Cette étude de 2007 fait le bilan des émissions totales de gaz à effet de serre des principales sources de production d’électricité. Il en ressort clairement que suivant l’origine de l’uranium, une centrale nucléaire allemande génère entre 31 et 61g de CO2 par KWh produit (et non 6g de CO2 par KWh d’EDF qui ne prend pas en compte tout le cycle de l’uranium).
    En comparaison, les énergies renouvelables produisent des quantités moindres : seulement 23g/KWh pour l’éolien et 39 g/KWh pour l’énergie hydraulique. Seule l’électricité photovoltaïque dépasse l’électricité nucléaire avec 89g/KWh.
    Le prétendu avantage de l’électricité nucléaire diminue encore si l’on tient compte aussi du fait qu’un ménage n’a pas besoin uniquement d’électricité mais aussi de chaleur et qu’il est beaucoup plus efficace d’utiliser la chaleur perdue lors de la production d’électricité, comme lors de la cogénération. En effet, lorsqu’on utilise de l’électricité nucléaire, on a parallèlement besoin d’une autre source de chaleur pour se chauffer, le plus souvent du fuel ou du gaz, ou bien des convecteurs et un chauffe-eau électrique (au très faible rendement). Une chaudière locale qui produit à la fois de la chaleur et de l’électricité émet moins de gaz à effet de serre (747g de CO2) que la combinaison électricité nucléaire et chauffage au fuel (772g de CO2), pour la production d’un KWh d’électricité et 2 KWh de chaleur. Le meilleur bilan pour le climat revient de loin à la cogénération à partir de biomasse (228g de CO2). Le ministre concluait ainsi « Si l’on veut vraiment enrayer les changements climatiques, on n’a pas besoin d’électricité nucléaire supplémentaire mais de davantage de cogénération ».
    L’étude montre aussi que si on compare les coûts de production de l’énergie, le nucléaire est plus couteux que l’ensemble des énergies fossiles. Les coûts des énergies renouvelables se situent pour l’énergie éolienne juste au-dessus, bien que ne soient pas intégrés les « coûts externes » qui, dans le cas d’un accident atomique, pourraient prendre des proportions absolument incalculables.
    « Lorsqu’on étudie, sans a priori idéologique, l’énergie atomique, il est clair que celle-ci n’est pas le moyen le moins coûteux de produire de l’électricité. Il est temps de tordre le cou au mythe de l’atome bon marché et ne produisant pas de CO2 » concluait le ministre de l’Environnement. « Même en ne tenant pas compte des risques potentiels énormes du nucléaire, l’énergie atomique ne se classe que moyennement sur le plan des émissions de CO2 et des coûts de production. L’énergie nucléaire n’est pas et ne sera pas une option pour pallier aux changements climatiques. Nous avons de bien meilleures possibilités à notre disposition pour produire de l’énergie : les énergies renouvelables et la cogénération ».
    http://www.bmu.de/pressemitteilungen/aktuelle_pressemitteilungen/pm/39226.php
    Je vous rejoins sur le solaire qui, sous forme thermique, permet déjà d’importantes économies d’énergie (35 à 50% voire plus quand c’est bien conçu) pour l’eau chaude sanitaire et le chauffage pour un investissement très raisonnable avec une production de CO2 très faible.
    Il faut surtout limiter la consommation. Par exemple, une quinzaine de tour de La Défense vont être détruites d’ici 2020 pour être remplacées par des tours plus grandes mais aussi moins énergétivores. Certaines tours atteignent des record de consommation électrique jusqu’à 1000 KWh/m2/an.
    Le tertiaire consomme plus d’électricité que le résidentiel mais reste le parent pauvre dans les économies d’énergie. Il est très fréquent de voir des bureaux contruits dans les années 60/70 encore sans double vitrage et mal isolé.
    http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/BOVET/16209

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