Des commandes à l’industrie manufacturière allemande à fin 2010 de bonnes augures

 Le suivi de l’industrie manufacturière allemande, cœur de la santé économique européenne, est un exercice indispensable pour porter jugement sur l’état de cette économie. Encore faut-il assurer ce suivi de façon pertinente. Le CAC 40 a par exemple réagi négativement à l’annonce d’une insignifiante baisse des facturations de cette industrie au mois de Décembre par rapport à celles de Novembre qui étaient au plus haut de deux ans en arrière (FIG.). Le DAX à Francfort s’est pour sa part complètement moqué de la nouvelle. Ceci illustre à la fois la forte émotivité des acteurs boursiers français et leur faible niveau de compétence. Pour porter jugement sur une activité manufacturière il existe deux paramètres importants: les entrées de commandes et le rapport entre commandes et facturation, ce que les anglo-saxons nomment le « Book-to-Bill ratio », qui indique si cette activité voit croître ou décroître son carnet de commandes.

Allemagne-commandes-facturations

Alors qu’en est il pour l’industrie manufacturière allemande?

 Les Entrées de Commandes (FIG., courbe rouge) ont atteint en Novembre et Décembre après correction des variations saisonnières et des jours ouvrables les indices 114,3 et 110,4 qui les classent parmi les trois meilleurs mois depuis deux ans. La facturation suivant cet indice avec un décalage moyen de deux mois, il est donc possible de prévoir de bonnes facturations en Janvier et Février 2011.

 Le Carnet de Commandes dont l’évolution dépend de la position de la courbe rouge (commandes) par rapport à la courbe noire (facturations) se gonfle depuis le début de 2010. En effet en période de forte activité économique les commandes naturellement repartent mais se rajoutent à cet effet naturel les anticipations des approvisionneurs qui pour être certains de disposer en quantité au bon moment des produits, vont majorer et cadencer à plus longue échéance leurs commandes. Cet effet d’emballement était parfaitement perceptible à fin 2007 en Allemagne où l’indice des entrées de commandes avait dépassé les 126 au mois de Novembre avec un Book-to-Bill de 1,11. Inversement en période de basses eaux les approvisionneurs laissent les stocks chez leurs fournisseurs et passent leurs ordres justes en quantités au dernier moment. L’indice des commandes allemandes du mois de Février 2009 qui avait frisé la valeur 78 (Book-to-Bill = 0,89) illustre cette amplification redoutable à la baisse. Dans ces périodes les commandes passent en dessous des facturations et les carnets se dégonflent.

 Ces courbes illustrent l’impact des anticipations des acteurs sur l’activité économique allemande.  Définitivement à fin 2010 la tendance était à la poursuite de la robuste reprise amorcée en début d’année, sans pour autant reproduire les emballements de 2007 qui ont conduit à la faillite de 2008/2009.

Remarque importante: ces courbes ayant par convention toutes les deux la valeur forfaitaire 100 en 2005, ce sont donc les variations des valeurs relatives des commandes et des facturations par rapport à ce qu’elles étaient à cette époque qui sont décrites. Les rapports entre commandes et facturations sont donc relatifs à celui du rapport moyen de 2005 qui est arbitrairement égal à un ici, mais qui devait être différent de l’unité en euros de l’époque.

CONSULTER les données Destatis sur ce sujet.

Le 9 Février 2011

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