A la demande du gouvernement britannique, le patron de la UK Fuels Renewable Agency, Ed Gallagher, tenant compte des effets dangereux d’une course effrénée aux cultures destinées aux biocarburants sur la gestion des sols dans le monde, préconise, dans un rapport argumenté, une approche beaucoup plus réfléchie et progressive de montée en puissance des productions de biocarburants. D’après ce rapport la coexistence de cultures destinées à l’alimentation, à l’élevage et aux biocarburants est sûrement possible. Mais il préconise par rapport aux stupides 10% en énergie de « carburants d’origine renouvelable » à l’horizon 2020, prévus par la Commission Européenne, une démarche prudente qui ne déstabilise pas tout l’ensemble et tenant compte des progrès technologiques accomplis à chaque étape. Il recommande de faire un premier pas en portant le taux de biocarburants à 4% en énergie en 2013 ou 2014 (FIG.), puis avec les technologies de nouvelles générations de porter ce taux vers les 5 ou 6% en énergie à l’horizon 2020. Le Gouvernement Britannique, lors d’une réunion entre le Secrétaire aux Transports et le Secrétaire à l’Environnement, a donc décidé d’appliquer cette recommandation.
Cet exemple de remise en cause radicale des préconisations européennes montre exactement ce qui ne doit pas être fait par la Commission. Décider d’un coup de baguette magique ce que sera la composition des carburants en 2020 sur la base de faibles connaissances, dans un secteur technologiquement en pleine évolution à la fois sur les technique d’élaboration des biocarburants mais surtout sur les techniques de conception de futurs véhicules, de plus en plus complexes et électrifiés. C’est une vue naïve et incompétente du monde qui a voulu imiter la décision américaine de l’administration Bush, de tout miser sur les biocarburants.
L’Europe, comme l’a fait la Californie, doit se doter de services compétents et au contact permanent des problèmes de développements industriels, pour pouvoir imaginer le futur au travers d’hypothèses multiparamétriques et actualiser régulièrement ses scénarios, en tenant compte des échecs et des progrès accomplis (LIRE). La compétence de la Commission n’est pas au niveau des ambitions de l’Europe et de la complexité des problèmes à résoudre.
Le 8 Juillet 2008.
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