Tout citoyen aussi médiocre qu’il soit en économie, tout comme je le suis, peut comprendre que si les 6 milliards d’euros qui quittent la France tous les mois pour acheter diverses énergies primaires (pétrole, gaz naturel, charbon) étaient recyclés par des achats de produits finis à notre pays, l’impact de cette facture énergétique sur notre économie serait négligeable, sinon positive. Malheureusement, les ventes de services et de produits de luxe aux élites de ces pays, les fournitures d’armement aux pays querelleurs du Proche et Moyen-Orient ne suffisent plus à combler ce déficit structurel de nos échanges extérieurs. Heureusement, afin de laisser ces flots de dollars en dehors du circuit économique de leur pays exportateur de pétrole, les fonds souverains sont des outils financiers qui permettent de recycler ces pétro-dollars dans les pays consommateurs d’énergie. Nos dirigeants français, plutôt que de pousser des cris de vierges effarouchées, devant la taille des honoraires versés à certains joueurs de football parisiens, devraient se réjouir et s’efforcer de montrer au bon peuple la face positive de la médaille. Bien sûr tout cela ne collerait pas tout à fait avec l’austérité bérégovienne du moment et l’imposition des heures supplémentaires des bons ouvriers ou employés compétents auxquels on demande de travailler plus pour honorer les commandes dans les délais prévus…quelle honte! Inacceptable! Mais c’est tout de même du bon recyclage de dollars bienvenus.
C’est pourtant l’intensité énergétique de l’économie observée et le dynamisme de ce recyclage qui déterminent la sensibilité de cette économie à la monté des cours du pétrole. Pour chiffrer cet impact il faut lire les résultats des travaux de Akira Yanagisawa qui montrent (FIG.) que les États-Unis producteurs de pétrole et l’UE (Allemagne) exportatrice vers les pays pétroliers sont estimés par l’auteur peu sensibles à la montée des cours du pétrole avec un impact sur le PIB de -0,2% pour 10$ de plus par baril, alors que l’Inde, la Chine et la Corée seraient beaucoup sensibles à cette variation des cours (-0,7% pour 10$ de plus par baril).
Dans l’hypothèse d’un éventuel conflit entre Israël et l’Iran, joué en ce moment par les acteurs du marché du pétrole, une montée subite des cours du pétrole de 30$/baril aurait donc un impact très négatif en Asie et moindre aux États-Unis qui importent peu de pétrole du Moyen-Orient. Ceci rend d’autant plus probable un éventuel conflit après les élections présidentielles aux U.S.A. La Commission Européenne sera ravie, les émissions de CO2 vont alors décroitre brutalement en Europe.
Pour ne pas mourir idiot et sortir des thèses rudimentaires évoquant une pénurie mondiale de pétrole, LIRE absolument les papiers d’Akira Yanagisawa sur le site de l’IEEJ.
Remarque: dans le cas de la France il est possible d’estimer que pour une facture énergétique globale de 67 milliards d’euros, se dirigeant gaillardement vers les 72 milliards d’euros, la partie indexée sur les cours du pétrole (pétrole, produits pétroliers et 1/3 des importations de gaz naturel) représente dans les 60 milliards d’euros soit 3% du PIB. Un accroissement du prix du pétrole de 10$ par baril, soit d’environ de 10%, se traduirait par une croissance de la facture énergétique de 6 milliards environ soit 0,3% du PIB. Dans l’échelle de Yanagisawa cela implique un recul du PIB pour un pays peu exportateur vers les pays producteurs de pétrole autour des 0,4%. La facture énergétique de notre pays risque de devenir très rapidement insupportable, il va bien falloir s’en occuper un jour et regarder, entre autres, s’il existe des gaz de schistes exploitables dignement dans notre sous-sol. Je ne vois pas pourquoi ceci ne serait pas explicable, même aux Verts les plus intransigeants du Gardarem lou Larzac!
Le 20 Juillet 2012.
Laisser un commentaire