Jouer le pétrole papier est un sport d’équipe largement pratiqué, il peut conduire les plus fortunés à des gains importants en raison de la complexité des multiples ressorts déterminant les cours de cette précieuse ressource énergétique. La complexité des équations attire de nombreux chalands qui viennent placer tout ou partie de leur trésorerie dans ce jeux pratiqué sur l’ICE à Londres. Le casino du Nymex à New York a perdu son leadership dans le genre d’exercice en raison du caractère trop provincial du pétrole Nord-américain WTI échangé dans l’Oklahoma. L’attrait de la place de Londres, moins imbue de primauté stratégique, moins regardante sur l’origine des fonds mis en jeux, plus sensible aux tensions politiques du Proche ou Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord ou de l’Ouest a fait depuis 2011 du Brent l’étalon (benchmark) mondial des prix du pétrole. Cette position dominante de l’ICE qui s’est traduite par une forte augmentation des transactions ces dernières années, a été marquée par l’apparition d’une forte prime des cours du Brent sur ceux du WTI américain (FIG.). Prime, inimaginable auparavant, de 15 à 20 dollars le baril liée au lieu de cotation et à l’engouement des acteurs pour cette place, liée à la faible disponibilité de pétrole brut nord-américain, liée au caractère durablement folklorique des sources d’ approvisionnement en pétrole de l’Europe (printemps arabe en Lybie, événements insurrectionnels en Syrie, comportement agressif des dirigeants iraniens, incertitudes sur la politique des dirigeants égyptiens, intransigeance du pouvoir israélien, instabilité politique et religieuse de divers pays africains, etc.).
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Pour essayer de quantifier cette mode inflationniste des cotations du Brent sur la place de Londres il est intéressant de mesurer au cours du temps les volumes mensuels de Futures de 1000 barils de Brent échangés tous les mois sur l’ICE. Marché hautement risqué ou se jouent à la baisse ou à la hausse tous les mois des millions de lots de 1000 barils (FIG.). Alors qu’entre 2005 et fin 2010 le nombre de ces papiers négociés sur l’ICE progressait gentiment d’un million d’unités par an (droite de régression en pointillés rouges) pour atteindre à fin 2010 les 8 millions d’exemplaires, il apparaît qu’à partir du début 2011 ces volumes se sont brusquement accrus pour atteindre les 15 millions d’exemplaires échangés au mois de Juin dernier. A partir du début de 2011 on a vu aussi le spread entre Brent et WTI s’emballer également (courbe verte du bas).
Ces quelques données simples sur les volumes de pétrole papier échangés et représentant tous les mois plus de 12 milliards de barils fictifs de pétrole, illustre le caractère ludique de ces cotations. Le jeu sur le pétrole est devenu un mode répandu de gestion de trésorerie pour se prémunir contre la dévaluation du dollar, pour jouer un lucratif conflit israélo-iranien, pour valoriser tout conflit potentiel entre nababs du pétrole sur fond de conflit religieux. Le Moyen-Age est à nos portes, certains en font une source de profit.
L’allure récente de la courbe des volumes échangés, le fait que le spread entre Brent et WTI est à ce jour autour des 18 dollars le baril nous indiquent que le Jeu du Brent à Londres bat son plein. Une raison de plus pour anticiper des prix du pétrole et de ses dérivés à la hausse durant les mois à venir.
N’hésitez pas braves gens! Jouez vos économies à l’Euro Milliards il y a encore quelques « upside » à saisir.
Retrouvez les données sur les volumes utilisées ici sur le site de l’ICE.
Le 30 Août 2012
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