Vers une saturation de la puissance éolienne en Europe

La variabilité de la puissance éolienne, soumise au gré des vents, condamne cette énergie renouvelable, intermittente et aléatoire à n’occuper qu’une place marginale au sein du bouquet énergétique électrique du réseau Ouest-européen dont notre pays dépend pour ses approvisionnements en électricité. Alors que certaines des industries concernées par cette technologie, comme Areva dans son usine de Bremerhaven, rencontrent des problèmes de charge, une question importante  mérite d’être posée: où en est-on aujourd’hui de la puissance éolienne ouest-européenne installée par rapport à sa limite asymptotique inéluctable qui correspondra à la saturation de la zone par instabilité du réseau?  Bien sûr sans tenir compte des progrès technologiques à venir et donc inconnus qui pourraient bouleverser la donne..

Pour des raisons géographiques, historiques et de choix politiques divergents l’état d’avancement des puissances éoliennes connectées pays par pays est très dispersé en Europe. Pour répondre à la question posée ici,  il est nécessaire tout d’abord d’analyser la situation des pays les plus avancés.

Un de ces pays les plus avancés en Europe est certainement le Danemark. Il dispose d’une puissance éolienne  installée qui n’a fourni en 2012 qu’un peu plus de 30% de l’énergie électrique de ce pays. Cette puissance connectée au réseau devrait atteindre cette année les 4,9 GW (FIG.I) et atteindre  les 5 GW l’an prochain. Ce pays de faible taille en Europe qui a consommé 34 TWh d’énergie électrique en 2012,  a bénéficié en 2013 d’importations nettes de 18 TWh en provenance de son grand voisin allemand (en augmentation de +18% par rapport à 2012).

 

Disposant des ressources électriques allemandes en secours, le Danemark peut encore accroitre ses ressources éoliennes pour soutenir son industrie. Le passage des trois GW de puissance du début des années 2000 vers les cinq GW en 2015  devrait faire passer la part de l’éolien danois des 20% de l’énergie électrique produite des années 2000 vers un peu plus de 30%. Un essoufflement du rythme des installations, de plus en plus consacrées à la maintenance et à la modernisation des équipements devrait être perceptible dans les années à venir.

L’autre grand pays historique de l’éolien en Europe est l’Espagne dont la puissance installée atteint à ce jour les 23 GW. Elle est en faible progression par rapport à 2012 (FIG.II).

Le rythme annuel des nouvelles installations étant arrivé aux environs d’un GW , le cumul des installations éoliennes espagnoles devrait se stabiliser dans les années à venir autour de 25 GW. Le seul secours externe en cas de quasi-panne éolienne dont dispose l’Espagne qui exporte de l’énergie électrique vers le Maroc est pour l’instant la France. C’est la raison pour laquelle les interconnexions entre la France et l’Espagne font l’objet de toutes les attentions. Les rêves  engloutis dans les sables sahariens, du projet Desertec,  repoussent à bien plus tard  les fournitures de puissance électrique en provenance du Maghreb vers l’Europe. (Un exemple parfait du conflit entre le romantisme du possible écologique et le politiquement et financièrement faisable de la dure réalité quotidienne, conflit qui n’était pourtant pas très complexe à identifier dès les premières formulations de ce vaste projet germanique).

Cette limite de 25 GW de puissance éolienne espagnole qui fourniront, au mieux, 22 à 25% des puissances générées, pour une consommation espagnole totale projetée de 280 à 300 TWh peut être raisonnablement extrapolée à l’ensemble du réseau ouest-européen.  Ceci conduit à une limite de puissance éolienne allemande autour des  50 à 55 GW pour une puissance installée à ce jour autour des 32,5 GW. L’Allemagne aurait donc installé 60% des puissances éoliennes limites, un ralentissement dès 2014 du rythme de ses installations, malgré le dynamisme de l’activité offshore et du « repowering », est à anticiper.


FIG.III Puissance éolienne allemande.  Cliquez sur l’image pour en obtenir une version lisible.

Pour l’ensemble de la plaque ouest-européenne avec  3347 TWh générés en 2011 et compte tenu de la faible progression annuelle de ces générations liées à la faible croissance économique de la région, il est possible d’en déduire que les installations éoliennes européennes devraient être raisonnablement  limitées à une puissance installée égale à 10 à 11 fois la puissance limite espagnole estimée, soit entre 250 et 280 GW.

Selon l’EWEA,  les puissances éoliennes  installées sur l’Europe interconnectée étaient voisines des 110 GW à fin 2012, en fort accroissement de 12,7 GW par rapport à l’année précédente. Il restait donc à cette date, sous réserve que les dirigeants et les  peuples européens demeurent toujours persuadés qu’il faille subventionner cette industrie et d’après la limite estimée ici, entre 140 et 170 GW de puissance éolienne à construire. La Grande-Bretagne, la France et leurs programmes de champs d’éoliennes offshore vont encore apporter des commandes à la profession. Pour l’onshore, historiquement le plus avancé, le rythme annuel des nouvelles installations en Europe devrait peu à peu afficher un certain ralentissement pour faire place aux opérations de modernisation (« repowering ») ou de maintenance.

Remarque: Il est possible, à motivations publiques et technologies constantes, d’assimiler la courbe de montée en puissance de l’éolien européen à une sigmoïde dont le point d’inflexion serait situé à la moitié de la puissance limite, soit autour des 130 GW installés (FIG.IV).  Le fort accroissement des installations, observé en 2012, est tout à fait en accord avec ce modèle qui devrait voir son pic de montée en puissance vers 2013 ou 2014, pour ensuite décroitre rapidement.

Après une période d’expansion croissante, l’industrie européenne des éoliennes va connaître une phase de ralentissement de croissance du parc européen. C’est dans cette perspective peu encourageante qu’il faut placer le rapprochement annoncé de l’Espagnol Gamesa avec l’activité éolienne allemande d’AREVA (ex Multibrid), dans le domaine des éoliennes offshore.

Le 1er Février 2014

 

 

 

Commentaires

3 réponses à “Vers une saturation de la puissance éolienne en Europe”

  1. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Le Maroc, voulant réduire sa dépendance vis à vis des importations d’électricité en provenance d’Espagne, veut ajouter 850 MW de puissance éolienne sur son territoire.
    http://www.tradearabia.com/news/OGN_252981.html

  2. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    En Juillet 2014, l’EWEA prévoit dans son scénario médian 192 GW de puissance éolienne installée en 2020. Ce point, 38 GW au-dessous des précédentes prédictions, est tout proche de la projection imaginée ici.
    Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, surtout s’ils sont hors de prix à faire pousser.
    http://www.ewea.org/fileadmin/files/library/publications/scenarios/EWEA-Wind-energy-scenarios-2020.pdf

  3. Avatar de RUSEN
    RUSEN

    Bonjour !
    Tous vous parler des puissances des éoliennes mais vous rapportez pas au temps ;
    Les gros éoliennes ont une puissance nominale mais qui ne fonction pas tout jour or moi j’ai un brevet pour une hydro éolienne urbain de 12 m d’hauteur avec une puissance constante de 5 MW par jour avec 4 alternateur Alxion ;
    Silencieux et avec des interventions sans arrêter la Hydro éolienne c’est pas mal , en plus el fonctionne constante avec ou sans apport du vint ; pendant les tempêtes ne s’arrêt non plus .
    mon projet s’appel RUSEN
    REGENERATEUR URBAIN SILENCIEUX pou ENERGIE NOUVELLE
    Sur la base des théories de la mécanique de fluides

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