Productions éoliennes et photovoltaïques allemandes au mois de Février 2014

FIG.I- Génération de puissances électriques éoliennes et photovoltaïques  en Allemagne durant le mois de Février 2014

Pour une puissance électrique allemande installée théorique de 33,3 GW en éolien et de 35,7 GW en solaire photovoltaïque, les résultats cumulés des deux ressources durant le mois de Février, publiés par EEX tous les quarts d’heure sont pour le moins saisissants. La puissance générée cumulée varie entre 30 GW, le 24 Février à midi et 0,5 GW deux jours après, le 26 Février à 6h15 du matin. Un quart des puissances générées, l’équivalent d’une semaine, sont inférieures à 6,5 GW. La moitié sont inférieures ou égales à 10,2 GW.

Ces données nous font comprendre les angoisses des régulateurs du réseau dont la mission est à tout instant de faire coïncider génération de puissance électrique avec la consommation du pays, le pompage éventuel vers les barrages et le bilan net des exportations selon l’équation, aux pertes en ligne près:

Compte tenu d’une puissance électronucléaire allemande quasiment figée autour des 12 GW et de la faible puissance hydroélectrique disponible, le régulateur ne dispose que des centrales à flamme pour assurer l’exactitude de cette équation à tout instant, que ce soit à midi lorsque le photovoltaïque produit à forte puissance (jusqu’à 20 GW au mois de Février), ou à six heures de l’après-midi lorsque cette ressource passe par zéro alors que le pays s’éclaire et consomme.

Le rôle essentiel de ces régulateurs consiste à faire réduire ou accroitre les puissances des centrales à flamme, ceci avec on ne sait quelle efficacité énergétique. Équipements onéreux et redondants nécessaires pour assurer une production contrôlée malgré  la variabilité (écart type /moyenne de 57% en Février) des moyens éoliens et solaires de génération de puissance électrique. Exercice bizarre pour cette grande nation industrieuse, aux limites de l’absurde industriel.

Tout cela ne me ferait ni chaud, ni froid si mon pays ne dépendait pas du même réseau électrique ouest-européen que celui de l’Allemagne.

Une quasi certitude: dans les conditions actuelles de production et de stockage,  l’Allemagne ne pourrait que très  difficilement se priver des 12 GW de puissance nucléaire dont elle dispose encore et qui lui assurent une ressource de base précieuse. (FIG.II, barres violettes)

FIG.II Générations de puissance électrique allemande autres qu’éolienne et solaire le 26 Février 2014.

Le 2 Mars 2014.

 

Commentaires

13 réponses à “Productions éoliennes et photovoltaïques allemandes au mois de Février 2014”

  1. Avatar de wawa

    Il serait amusant de coller les quantites de renouvelables produite au prix de l’elec à la bourse toujours sur le pas de temps du quart d’heure et de voir si l’on peut en tirer une correlation inverse (= quand ils produisent beaucoup d’electron verts, çà rapporte que dalle).

    Si vous en en avez le temps, je suis preneur du graphique « prémaché »

  2. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Les pertes de RWE en 2013 illustrent ces bêtises énergétiques allemandes. Les subventions aux énergies aléatoires, additionnant des surcapacités de production redondantes, fragilisent les énergies traditionnelles, honnies et pourtant indispensables.
    Le rêve allemand est en corner, face à ses incohérences. Il ne lui restera, d’une façon ou d’une autre, qu’à subventionner à leur tour les centrales à flamme.
    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/20140304trib000818131/rwe-perd-28-milliards-d-euros-une-premiere-depuis-60-ans.html

  3. Avatar de papijo
    papijo

    @wawa – Pour répondre à votre question, il suffit sur internet de chercher: « effect of solar electricity on spot price ». Les graphiques de cet article: http://theenergycollective.com/schalk-cloete/324836/effect-intermittent-renewables-electricity-prices-germany devraient vous intéresser.

  4. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    La politique énergétique allemande crée surtout de la pauvreté
    http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140303trib000818133/la-politique-energetique-allemande-cree-surtout-de-la-pauvrete.html
    Très bon papier sur l’injustice des mécanismes de l’écologisme que j’ai déjà dénoncée ici.

  5. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Papijo, il faut bien distinguer les prix de gros du MWh, qui sont étudiés par l’auteur du papier en référence et les prix au détail chargés des subventions tarifaires. Quand le solaire et l’éolien allemands produisent à fond, bien sûr les prix spots de marché baissent et les exportations allemandes d’énergie électrique augmentent. C’est ce qu’il vérifie. Mais, pendant ces temps de fortes productions, le compteur des subventions que vont payer les consommateurs individuels et les petits artisans allemands, non étudié dans ce papier, tourne lui aussi à toute vitesse.
    Il y a là toute la perversité du système du mécanisme de feed-in-tariff. Les prix de gros baissent et mettent les centrales à flamme, aux productions fluctuantes et insuffisantes dans le rouge, alors que la facture du consommateur lambda elle s’affole, pour payer les subventions des ENR. Voila les deux perdants, les gagnants sont les producteurs d’électricité éolienne ou photovoltaïque qui ont investi dans le business subventionné et prioritaire, merci pour eux.
    Le système global est pervers et a été justement et clairement dénoncé par Jean Pisani-Ferry
    http://www.strategie.gouv.fr/blog/wp-content/uploads/2014/01/CGSP_Rapport_Systeme_electrique_europeen_28012014.pdf
    Comprendre ce mécanisme simple est indispensable pour éviter de se faire enfumer. Mais le scandale devient de plus en plus gros et donc visible, surtout par ceux qui paient la facture, les consommateurs lambda.
    Tout mécanisme tarifaire qui par nature distord durablement les mécanismes de concurrence est malsain. Les subventions tarifaires et la priorité règlementaire d’usage des ENR vont parfaitement illustrer cette règle économique de bon-sens.

  6. Avatar de papijo
    papijo

    Je suis entièrement d’accord avec vous.

    J’ajouterais au nombre des « gagnants » les industriels exemptés de taxe EEG qui voient les prix de base baisser (ce qui a déclenché une procédure de Bruxelles pour « subvention déguisée »).

    Une autre remarque, c’est que en Allemagne, les particuliers sont beaucoup plus impliqués qu’en France dans l’investissement dans des genres de « coopératives ENR » qui ont des taux de rentabilité garantis très supérieurs à ce qu’offrent les autres branches de l’économie, ce qui implique que toute réduction des avantages accordés à ces producteurs soulève immédiatement une opposition de toutes les franges de la population, y compris des soutiens de A. Merkel, et pas seulement des écologistes.

  7. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Papijo, les particuliers allemands qui possèdent une maison ou une ferme pour faire installer quelques modules photovoltaïques chinois sur le toit. Les locataires, trop pauvres eux payent plein pot. Et les grands industriels qui exportent sont exemptés, sans contrepartie à négocier. On appellerait cela une démocratie censitaire.

  8. Avatar de papijo
    papijo

    Une « démocratie censitaire » … peut-être. Disons que c’est la tactique utilisée par toutes les mafias pour asseoir leur main-mise sur des villes ou régions entières. Elle impose de redistribuer un peu de l’argent amassé par des voies douteuses, cela coûte un peu, mais garantit des affaires juteuses pendant des années. Un lien en français (au hasard et bien sûr non conforme à mes opinions) qui décrit ce mécanisme : Cliquer ici.

  9. Avatar de jmdesp
    jmdesp

    Il est surprenant de constater avec quelle facilité les régulateurs de réseau ont accepté jusqu’à présent de se soumettre à ces exercices d’équilibrismes, en Allemagne, en France et aux US.

    Je crois qu’ils ont approché cela comme un défi technique qui les valorise, d’autant plus que dans leur métier ils ne sont pas une situation de concurrence directe qui leur mettrait les yeux sur combien cela finit vraiment par couter.

    @wawa : Proteos a justement fait ce calcul, et le résultat est disponible ici :
    http://epi.proteos.info/index.php?post/2014/02/27/Les-subventions-%C3%A0-l-%C3%A9olien-et-au-solaire-sont-parties-pour-durer-%28version-2%29

    Si on fait une moyenne annuelle pondérée par le volume, le résultat est très net.

    @Papijo, rentabilité des installations renouvelables pour les particuliers :
    La faillite de Prokon récemment a mis à jour que ces investissements ne sont pas forcément très rentable. En dehors des erreurs spécifiques à Prokon, on a commencé à entendre qu’il y a des régions entières d’Allemagne où la production des éoliennes est inférieure au seuil qui permettrait de les rentabiliser. Avec un taux de charge moyen national dans les 16-18% depuis plusieurs années, cela n’a rien de surprenant.
    Pour le solaire, aussi les tarifs sont vraiment très bas, il est probable que la rentabilité dépend pour pas mal de monde de l’autoconsommation.

  10. Avatar de papijo
    papijo

    Rentable ne veut pas dire à rendement illimité. Prokon « vendait » des placements en garantissant une rentabilité supérieure à 6% et s’est écroulé. S’ils s’étaient contentés, comme les autres, de 4% (qui est déjà un intérêt très satisfaisant pour un placement ayant peu de risques techniques et commerciaux), ils seraient certainement encore là. Lien.

  11. Avatar de I.lucas
    I.lucas

    Les réseaux électriques sont actuellement dimensionnés pour faire face aux variations de la demande.
    Injecter sur ces réseaux des productions intermittentes comme l’éolien revient à ajouter deux aléas.
    Si ces deux aléas sont indépendants, ce qui est à peu près vérifié pour l’éolien, l’aléa résultant se détermine en utilisant le très ancien théorème de Pythagore : les variations ont pour taille la racine de la somme des carrés des variations de la demande et des carrés des variations de productions éoliennes.

    Donc au début, tout va bien : l’aléa résultant a presque la même taille que l’aléa de la demande ; tout se passe comme si les pics de demande étaient simplement décalés dans le temps.

    Les problèmes arrivent pour de fortes puissances éoliennes installées : ils varient alors comme le carré de cette puissance éolienne : racine (1+x^2)=1 +1/2 x^2 + etc

    c’est cette situation que les allemands vont bientôt affronter.

  12. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Lucas, une remarque, la demande n’est pas que la demande allemande (535 TWh par an), c’est la demande de tout l’ouest européen (3300 TWh par an). C’est pour cela qu’il y a encore de la place pour les énergies intermittentes, en Allemagne ou ailleurs. Mais je vous rejoins sur le fait, qu’à technologies constantes, il existe une limite physique.
    L’autre contrainte est économique: jusqu’à quand les consommateurs européens seront-ils disposés à payer bien cher ces bêtises aléatoires ou les dispositifs onéreux de secours qui les rendraient acceptables?
    En attendant les industries électro intensives ont quitté nos régions et la France importe pour 1,2 milliard d’euros d’aluminium par an.

  13. Avatar de I.lucas
    I.lucas

    A propos de :
    « En attendant les industries électro intensives ont quitté nos régions et la France importe pour 1,2 milliard d’euros d’aluminium par an. »

    La baisse de la consommation industrielle est réelle ; elle date d’à peu près 2000-2002 ; donc on peu l’expliquer :
    par l’impact de la dérégulation du secteur :
    – la CRE a voulu favoriser la possibilité de concurrencer EDF et a mis fin à des tarifs de réseau (c’est une composante importante des coûts) qui baissaient les prix si la consommation pouvait baisser en hiver (ce qui permet d’éviter de sur-dimensionner à la fois le réseau et le parc de production)

    – la politique climatique a conduit à donner un prix au CO2, prix qui s’est retrouvé dans les coûts, même si la production française est peu carbonée.

    Le premier problème est franco français, le second européen.
    Bon, Ok, l’industriel ne cherche pas les causes, il part si les prix sont trop élevés!
    Mais cela veut dire que les remèdes peuvent être différents, car les pathologies sont différentes!

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