En désaccord avec les intuitions de certains de nos « spécialistes » nationaux de l’énergie qui, après l’expression de leurs certitudes mathématiques annonçant la fin imminente du pétrole, les ont conduit à prédire la fin inexorable et imminente des extractions de gaz de schistes américains, les publications de l’excellente EIA montrent que ces extractions sont conduites avec dynamisme (FIG.) et atteignent, pour la part des condensats liquides, les 4,3 millions de barils par jour. L’immensité du territoire américain, la possession du sous-sol par les paysans locaux, le savoir-faire des opérateurs et leurs connaissances fines, acquises de longue date, des structures géologiques de leur Comté, les prix rémunérateurs des condensats, sont à coup sûr les causes de cette performance. Et pourtant, l’acheminement pénible et onéreux des gaz et des liquides, extraits parfois sur des sites très éloignés des ports américains où se trouvent les raffineries et les industries de la pétrochimie, complexifient l’équation économique. Le brûlage stupide d’une part des gaz extraits (qui atteint les 38%) dans le Nord Dakota, les accidents spectaculaires lors d’acheminement par train des condensats volatils, illustrent les difficultés logistiques d’acheminement de ces ressources continentales américaines.
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Demain, après 2020, ce sont les conversions de gaz, de charbon et de biomasse en liquides de plus en plus sophistiqués qui viendront prendre progressivement le relais, toujours épaulés par les biocarburants, pour assurer la fourniture de substituts aux produits raffinés du pétrole. Dans ces domaines une large part de l’avenir des énergies du futur va se jouer.
Remarque: afin de pondérer ces informations, il est utile de rappeler que les raffineries américaines sont alimentées tous les jours par 15 millions de barils de pétrole et par d’autres additifs. Malgré leurs productions de pétrole, de condensats de gaz et leurs exportations de produits raffinés, les États-Unis ont été en 2012, importateurs nets de 40% en volumes de pétrole et produits raffinés qui assurent le flux au sein de leurs raffineries. (LIRE)
Remarque 2: L’équivalent de trois cents unités, réparties dans le monde, de conversion en liquides soit de gaz naturel, soit de de CO2, soit de charbon, soit de biomasse, chacune d’une capacité nominale de 300 mille barils par jour, suffirait à remplacer toutes les installations d’extractions de pétroles existantes à ce jour dans le monde. Cette substitution, composante possible du processus de substitution compétitive des sources d’énergie, se fera, bien-sûr en biseau, sur plusieurs décennies, au gré des prix du pétrole et de la demande mondiale. S’il y avait, en ce moment, réelle pénurie de ressources liquides (ce que prétendent certains) ce genre d’unité se construirait partout dès à présent. Le monde n’est pas en pénurie de ressources énergétiques fossiles diverses et les technologies rentables de synthèse des ersatz de produits pétroliers sont maitrisées. Pourquoi l’industrie pétrolière n’en construit-elle toujours pas (ou peu)? En économie, se tromper de timing peut être dévastateur. Faudra-t-il au moins attendre que la Chine, enfin équipée et aisée, se mette à consommer des litres de carburants liquides à tout-va?
Le pétrole dans la consommation de commodities par les nations en développement est toujours en retard par rapport au ciment, au fer ou à l’aluminium.
Le 25 Mars 2014
Remarque à propos de champs mineurs américains non pris en compte dans ce papier:
Les divers pick oilers professionnels et autres exégètes « delamarchiens » du déclin américain font les choux gras de révisions récentes à la baisse de l’EIA au sujet des réserves du champ californien de Monterey. Je voudrais ici tout simplement illustrer la pondération de ce champ au sein des productions américaines présentes et à venir. Le moyen le plus efficace est de reprendre les courbes de l’EIA de production de la seule fraction pétrolière issue des condensats de gaz de schistes ou de grès:
Ce gisement californien de Monterey dont tout un panel fait les gorges chaudes pour mettre en doute l’avenir énergétique américain est représenté par le trait vert tout à fait en bas de la courbe des productions observées. Il est facile de constater, en toute objectivité, que de passer par zéro ces productions mineures n’altèrera pas de façon significative le bilan global du continent nord-américain. Par contre l’explosion des productions du gisement d’Eagle Ford au Texas (courbe en bleu) qui dépassent maintenant celles de Bakken (courbe en jaune) dans le Nord-Dakota est tout à fait spectaculaire.
Le 26 Mai 2014



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