Les condensats de gaz de schistes américains se portent bien. Merci!

En désaccord avec les intuitions de certains de nos « spécialistes » nationaux de l’énergie qui, après l’expression de leurs certitudes mathématiques annonçant la fin imminente du pétrole,  les ont conduit à prédire  la fin inexorable et imminente des extractions de gaz de schistes américains, les publications de l’excellente EIA  montrent que ces extractions sont conduites  avec dynamisme (FIG.) et atteignent, pour la part des condensats liquides,  les 4,3 millions de barils par jour. L’immensité du territoire américain, la possession du sous-sol par les paysans locaux, le savoir-faire des opérateurs et leurs connaissances fines, acquises de longue date, des structures géologiques de leur Comté, les prix rémunérateurs des condensats, sont à coup sûr les causes de cette performance. Et pourtant, l’acheminement pénible et onéreux des gaz et des liquides, extraits parfois sur des sites très éloignés des ports américains où se trouvent les raffineries et  les industries de la pétrochimie, complexifient l’équation économique. Le brûlage stupide d’une part des gaz extraits (qui atteint les 38%) dans le Nord Dakota, les accidents spectaculaires lors d’acheminement par train des condensats volatils, illustrent les difficultés logistiques d’acheminement de ces ressources continentales américaines.

(cliquez sur l’image pour en obtenir une version lisible)

 Demain, après 2020, ce sont les conversions de gaz, de charbon et de biomasse en liquides de plus en plus sophistiqués qui viendront prendre progressivement  le relais, toujours épaulés par les biocarburants, pour assurer la fourniture de substituts aux produits raffinés du pétrole. Dans ces domaines une large part de l’avenir des énergies du futur va se jouer.

Remarque:  afin de pondérer ces informations, il est utile de rappeler que les raffineries américaines sont alimentées tous les jours par 15 millions de barils de pétrole et par d’autres additifs. Malgré leurs productions de pétrole, de condensats de gaz  et leurs exportations de produits raffinés, les États-Unis ont été en 2012, importateurs nets de  40% en volumes de pétrole et produits raffinés qui assurent le flux au sein de leurs raffineries. (LIRE)

Remarque 2: L’équivalent de trois cents unités, réparties dans le monde, de conversion en liquides soit de gaz naturel, soit de de CO2, soit de charbon, soit de biomasse, chacune d’une capacité nominale de 300 mille barils par jour, suffirait à remplacer toutes les installations d’extractions de pétroles existantes à ce jour dans le monde. Cette substitution, composante possible du processus de substitution compétitive des sources d’énergie, se fera, bien-sûr en biseau, sur plusieurs décennies,  au gré des prix du pétrole et de la demande mondiale. S’il y avait, en ce moment,  réelle pénurie de ressources liquides (ce que prétendent certains) ce genre d’unité se construirait partout dès à présent. Le monde n’est pas en pénurie de ressources énergétiques fossiles diverses et les technologies rentables de synthèse des ersatz de produits pétroliers sont maitrisées. Pourquoi l’industrie pétrolière n’en construit-elle toujours pas (ou peu)? En économie, se tromper de timing peut être dévastateur. Faudra-t-il au moins attendre que la Chine, enfin équipée et aisée, se mette à consommer des litres de carburants liquides à tout-va?

Le pétrole dans la consommation de commodities par les nations en développement est toujours en retard par rapport au ciment, au fer ou à l’aluminium.

Le 25 Mars 2014

Remarque à propos de champs mineurs américains non pris en compte dans ce papier:

Les divers pick oilers professionnels et autres exégètes « delamarchiens » du déclin américain font les choux gras de révisions récentes à la baisse de l’EIA au sujet des réserves du champ californien de Monterey. Je voudrais ici tout simplement illustrer la pondération de ce champ au sein des productions américaines présentes et à venir. Le moyen le plus efficace est de reprendre les courbes de l’EIA de production de la seule fraction  pétrolière issue des condensats de gaz de schistes ou de grès:

 Ce gisement californien de Monterey dont tout un panel fait les gorges chaudes pour mettre en doute l’avenir énergétique américain est représenté par le trait vert tout à fait en bas de la courbe des productions observées. Il est facile de constater, en toute objectivité, que de passer par zéro ces productions mineures  n’altèrera pas de façon significative le bilan global du continent nord-américain. Par contre l’explosion des productions du gisement d’Eagle Ford au Texas (courbe en bleu) qui dépassent maintenant celles de Bakken (courbe en jaune) dans le Nord-Dakota  est tout à fait spectaculaire.

Le 26 Mai 2014

Commentaires

26 réponses à “Les condensats de gaz de schistes américains se portent bien. Merci!”

  1. Avatar de wawa

    4 Mb/jour soit 5% de la prod mondiale! ben mes chiffres dataient un peu, j’était resté à 2.

    ceci dit on racle, on racle mais pour l’instant on tiens (pour combien de temps?) notre prod mondiale

  2. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Wawa, les extractions mondiales de pétroles et de condensats exprimées en barils se situent autour des 75 millions de barils par jour. En sortie de raffineries, enrichis de biocarburants et transformés en produits plus légers (gaz comprimés liquéfiés, essence,gazole, naphta et kérosène) ces produits représentent autour des 90 millions de barils par jour. Il y a là toute l’ambiguïté américaine du comptage en volumes de produits dont la densité varie tout au long du processus de raffinage. Il n’y a pas à ce jour de pénurie parce que les ressources d’hydrocarbures, largement réparties, sont abondantes et variées. Elles vont du charbon au pétrole, aux condensats de gaz et aux gaz eux-mêmes sans oublier la biomasse et les biocarburants. Demain, les carburants liquides que vous achèterez à la pompe proviendront de la transformation de gaz, de charbon, de CO2 ou de sucres grâce à la mise en œuvre de procédés chimiques ou biochimiques pertinents. Les vieux derricks poussifs, dopés par des injections de CO2, ne produiront guère mais il existera toujours des combustibles liquides à condition qu’ils soient toujours à la base de l’essentiel des ressources énergétiques dans les transports.
    Je vous conseille donc de calmer vos angoisses et de ne plus trop croire les disciples « peakoilers » des théories du club de Rome dont le job rémunérateur est de prévoir la fin des haricots, par le biais de simplifications mathématiques abusives du problème réel mais complexe. L’équation doit être étendue à l’ensemble des ressources énergétiques disponibles.
    De toutes façons, s’il y a un jour pénurie, les prix s’emballeront et la demande mondiale de liquides s’estompera. Le processus de substitution compétitive des sources d’énergie aura alors modifié la demande de liquides en quantité et en qualité.

  3. Avatar de yoananda

    Je pense bien connaître la question du pic pétrolier, et j’apprécie de vous lire car peu sont à même de lui apporter une vraie contradiction comme vous le faites, même si vous ne connaissez pas les arguments que vous caricaturez, au moins vous avez du répondant.

    J’ai une question si vous permettez pour éprouver votre position.

    Vous partez du principe qu’il y a une alternative (et que le marché est efficient mais c’est une autre question), et que si le pétrole venait à manquer, il serait remplacé par autre chose, non ?
    C’est un axiome non démontré.
    Si jamais il n’y avait pas de substitut … dans ce cas, il se passerait quoi selon vous et votre logique ?

  4. Avatar de BMD
    BMD

    Pour faire une tonne de carburant il faut environ 3 tonnes de charbon de bonne qualité (0,7 tep/tonne). Supposons que la Chine veuille atteindre ainsi le niveau de consommation de carburant des Etats-Unis, soit environ 1,3 tep /habitant, elle consommera alors 5,4 milliards de tonnes de charbon supplémentaires par an, ce qui représente une multiplication par 2,2 de sa consommation actuelle. A votre avis une telle augmentation est-elle possible?
    Que pensez-vous également de l’augmentation de pollution atmosphérique produite par cette activité?

  5. Avatar de papijo
    papijo

    Le niveau de pollution (pour moi, le CO2 n’est pas un polluant) du charbon sera ce que l’on veut qu’il soit. La technologie permet aujourd’hui de sortir des gaz de combustion aussi propres qu’on le souhaite (lavage des gaz, filtration, catalyseurs, adsorption sur charbon actif, etc.), comme on le fait couramment par exemple dans les usines d’incinération de déchets, pour un coût raisonnable, sous réserve que l’on soit sur des débits de gaz suffisants (quelques dizaines de milliers de Nm3/h)

  6. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Yoananda, on ne dialogue pas de façon constructive en prenant son interlocuteur pour un âne incompétent. Vous, qui pensez avoir tout compris, devez d’abord apprendre cela.
    J’affirme simplement que de ne considérer que le seul pétrole pour imaginer le futur énergétique de la planète est un énorme contresens simplificateur dans lequel vous êtes tombé la tête la première. Ne vous en déplaise.

  7. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    BMD trois tonnes de bon charbon pour synthétiser une tonne de produits raffinés c’est une sacrée perte de masse. Vous devriez peut-être revoir vos calculs et votre bilan thermique.
    Imaginer tous les chinois au standing gaspilleur américain, c’est ne pas y aller avec le dos de la cuillère dans vos hypothèses! Vous eussiez pris un pays plus sobre en énergie aurait été plus réaliste.
    Rien ne changera d’un coup de baguette; il faut imaginer une transition progressive, sur plusieurs décennies, avec aussi certains gaz de schistes dont la Chine pourrait être pourvue et avec des biocarburants qu’elle apprendra à produire.
    Imaginez un futur énergétique de la planète beaucoup plus complexe que celui d’aujourd’hui qui s’est pourtant en 10 ans fortement complexifié. En 2004 il n’y avait pas de gaz de schistes, les biocarburants étaient dans les laboratoires, les sables bitumineux une curiosité canadienne pour randonneurs. Enfin, les voitures hybrides sortaient à peine des bureaux d’études de Toyota.
    Enfin il faut imaginer des cours du pétrole à plus d’un dollar le litre ou plus de 159 dollars d’aujourd’hui le baril qui limiteront les gaspillages partout dans le monde.
    Affirmer que le PNB d’une nation est directement lié à son gaspillage en pétrole est un concept américain toujours en vogue bien que datant des années 50 du siècle précédent.
    Le futur énergétique sera complexe et même certains champs de pétrole ou de gaz produiront encore. Les hydrates de méthane seront probablement exploités et l’Afrique et ses paysans seront de gros producteurs de biocarburants.
    C’est cela que je voudrais faire partager, et qui me semble beaucoup plus important que quelques ridicules éoliennes offshore électrolysant de l’eau pour produire de l’hydrogène à 50$ le MMBTU et dont nos dirigeants, largement dépassés par la complexité du monde, se gargarisent.

  8. Avatar de BMD
    BMD

    Mon calcul est fait sur la base des rendements des procédés, Fischer-Tropsch ou Bergius, qui sont couramment utilisés pour le Coal-to-Liquid (CTL). Ils sont optimistes, en cela qu’ils sont fait sur la base de la composition des charbons les plus riches en hydrogène, ordinairement utilisés pour faire le coke métallurgique. Ces charbons ne représentent que de l’ordre de 20 % de la production mondiale. La moyenne des charbons produits dans le monde ne fait que 0,5 tep/tonne, comme vous pouvez le vérifier sur les données de la BP statistical review. Le gaspillage vient après.
    Vous pouvez retrouver cette valeur approximativement d’une manière simple: le rapport H/C du charbon bitumineux, en atomes, est d’environ 0,7, tandis que celui du diesel est de 2. Pour faire du diesel avec l’hydrogène contenu dans le charbon (sans ajout extérieur d’hydrogène), il faut donc environ 3 fois plus d’atomes de carbone que n’en contient le diesel.

  9. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    BMD, tout cela me paraît assez moyenâgeux. L’apport d’un surplus d’hydrogène peut provenir d’un réforming de gaz naturel. Équilibrer vos réactions sur l’hydrogène ne me semble pas optimal. Surtout si on couple au CTL un apport bienvenu de biomasse récoltée dans la région.
    Une unité moderne optimisée jouerait sur tous ces paramètres pour consommer le moins de charbon possible.

  10. Avatar de BMD
    BMD

    Cher Monsieur, suis-je bête, comment n’y avais-je pas pensé? Mais bien sûr, utiliser une autre source d’énergie, le gaz naturel, la biomasse, de l’hydrogène produit par électrolyse (électricité renouvelable ou nucléaire) de l’eau pour équilibrer les réactions!
    Vous consommerez certes ainsi moins de charbon, mais vous consommerez plus d’autre chose, avec un bilan énergétique global plus faible puisque vous aurez compliqué le système.
    A propos des limites à la croissance: la consommation énergétique de la Chine croit actuellement à aison d’environ 6 % pa
    Une remarque en passant: pourquoi traitez-vous ainsi de haut les personnes qui ne sont pas d’accord avec votre philosophie. De bons arguments scientifiques et techniques vaudraient mieux pour les convaincre que des arguments d’autorité et renforceraient l’intérêt de votre site.

  11. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Mais non BMD, vous ne l’êtes pas. En effet, vous me décrivez les mécanismes de substitutions compétitives des ressources énergétiques, en vigueur depuis des siècles et qui vont se poursuivre dans toute leur complexité. Parler du seul pétrole, du seul charbon, du seul gaz naturel, de la seule biomasse n’est que bien peu pertinent. C’est le mix énergétique qui doit être considéré et optimisé au travers de multiples procédés de transformation ou de mise en œuvre.
    Quant-à l’électrolyse de l’eau, conduisant à un hydrogène hors de prix, je vous prie de la laisser à nos parlementaires et de ne pas polluer nos échanges fructueux par ces bêtises germaniques subventionnées à la mode. L’Allemagne en corner avec ses énergies intermittentes, cherche à tout prix à sortir du clystère et pour cela tous les moyens sont bons.
    Si vous avez le sentiment d’avoir été snobé par mes propos, c’est que je me suis tout simplement mal exprimé et je m’en excuse.

  12. Avatar de yoananda

    Cher Raymond,
    en France, il y a une tradition qu’on apprends à l’école : la thèse, l’anti-thèse, la synthèse. Il y a une autre tradition du débat ouvert aussi.

    Dans le cas présent, ça signifie jouer le jeu minimum : on essaye de prendre au sérieux la théorie du pic pétrolier (qui n’est qu’un terme valise, en réalité on parle d’énergie totale, mais on a gardé le terme historique qui est plus parlant pour le grand public), et on regarde après ce qu’on peut en tirer ou pas.

    Vous ne savez même pas de quoi elle parle en réalité, puisque ces questions de sources d’énergie alternatives sont traitées et retraités !!!
    Si elles ne l’étaient pas, ce serait vraiment idiot. Imaginez la honte du picquiste en conférence a qui on poserait la question ?

    C’est d’ailleurs la 2ème chose que je fais quand je parle du pic, je parle des autres sources d’énergie, le thorium, ITER, les algues bleues, le renouvelable, etc… (et même la Z Machine ! c’est dire)

    En l’occurrence, il faut regarder derrière la case « EROEI », et faire un peu de thermo, et de systémique pour comprendre le « pic pétrolier ».

    Ici c’est vous qui railliez les « picquistes ». Je ne fais que montrer quelques failles de raisonnement, et donner quelques rappels chiffrés. Mais comme je l’ai dit, vos arguments font mouche et sont très intéressant. Je viens pour les confronter, car si vous êtes nul en « pic pétrolier », vous êtes très bon sur les questions d’énergie.

    J’ai parfaitement conscience des autres sources d’énergie, celles du passé, et même celles de demain.
    Pétrole, gaz, charbon, nucléaire et renouvelabe pour les plus gros volumes. Demain on utilisera les nanotechno aussi probablement (un domaine fascinant dont les révolutions vont arriver dans notre vie dans les 10 / 20 prochaines années mais c’est un autre sujet).

  13. Avatar de yoananda

    Rappelons tout de même pour revenir au sujet initial que même l’AIE (ou l’IEA je sais plus) prédit que les gaz de schistes atteindront leur pic en 2017.

    Il ne faut pas oublier que le taux de déplétion d’un puit est de 80/90% environ la première année. Il faut fracker de manière exponentielle, juste pour produire un poil plus que l’année d’avant. Et l’opposition environnementaliste se renforce de jours en jours la bas.
    Il ne faut pas oublier non plus que le gaz de schistes est difficilement exportable :
    * d’abord parce que le gaz ne se transporte bien que par pipeline … traverser les mers c’est faisable mais coûteux
    * ensuite, les USA est un continent vide, ou le sous-sol appartient aux propriétaires. Rien de tel en europe pour reproduire leur techno ici.

    Nombreux sont ceux qui n’y voient qu’une bulle (renforcée parce que c’était un argument électoral d’Obama)… il me semble Goldman Sachs, mais j’ai un doute.

  14. Avatar de BMD
    BMD

    Cher Monsieur, je ne vous ai pas attendu pour me préoccuper des mix énergétiques et des substitutions possibles entre énergies, et pour comprendre que le modèle Allemand à base d’éolien et de solaire était pour l’essentiel un outil de propagande politicienne.
    Pour compléter ma phrase tronquée sur les limites de la croissance de la consommation d’énergie chinoise, une croissance de 6% par an qui est à peu près la croissance actuelle fait en intérêts composés une multiplication par 2,5 de la consommation d’énergie d’ici 2030 et par 150 d’ici la fin du siècle ! Je doute qu’aussi miraculeux que soit dans l’avenir le mix énergétique chinois les quantités d’énergie récupérables en Chine puissent suffire à moins que d’ici là elle soit couverte de réacteurs à fusion.
    Un commentaire au sujet de la remarque de Papijo selon laquelle on peut faire les effluents des centrales à charbon aussi propre qu’on veut.Toute installation de filtrage consomme de l’énergie et réduit d’autant l’énergie disponible pour le consommateur. Cette consommation, et donc le coût, croit de manière exponentielle avec la réduction de pollution que l’on veut obtenir. Il n’existe pas à ma connaissance d’installation industrielle capable d’arrêter certains polluants comme le mercure ou le radon.
    A l’heure actuelle, les centrales les plus propres expédient annuellement des tonnes de poussières, de microparticules et de métaux lourds à l’atmosphère, ainsi que des NOx et des SOx, même si c’est beaucoup moins que pour les centrales anciennes. On trouve des valeurs par exemple p.30 de l’ouvrage de Lecomte et al.  » le captage du CO2″ Editions Technip, IFP publications 2010″

  15. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    BMD, pour le Mercure et pour rafraichir ta large science, tu peux toujours te reporter au MATS américain:
    http://www.epa.gov/mats/

  16. Avatar de papijo
    papijo

    @BMD: Le mercure se capte très bien soit par lavage des gaz en milieu acide, soit par adsorption sur charbon actif sur filtre à manches. Pour le radon, c’est bien sûr plus compliqué, mais a-t-on vraiment une raison de le capter ?
    Concernant la consommation d’énergie de ces procédés, elle est relativement faible, au maximum de l’ordre de 1% de la puissance électrique (rien à voir avec ce que coûte la captation du CO2)

  17. Avatar de BMD
    BMD

    @papijo,
    J’ai parlé d’installations industrielles, c’est-à-dire de la situation actuelle, pas des installations hypothétiques du futur. Si on prend grand soin d’éliminer autant que possible les traces de mercure du gaz naturel, pour des raisons de sécurité des installations, on n’en est pas là pour les centrales à charbon, qui représentent si j’en crois la littérature environ un tiers des émissions mondiales, 50 % aux Etats-Unis. Pour la Chine, c’est sans doute plus!
    Si vous avez des valeurs précises pour le bilan énergétique (hors CO2), cela m’intéresse. Mais il faut additionner les consommations pour chaque polluant capté.
    D’autre part, le rendement de l’élimination des polluants, même des installations les plus modernes, ne peut être de 100%. Si vous avez des données là-dessus, ainsi que sur les quantités correspondantes de polluants qui se retrouvent malgré tout dans l’atmosphère, par MWh produit, je suis également preneur.
    Tout cela a un coût, et le perfectionnisme augmentera ce coût de manière plus que proportionnelle au gain d’efficacité. Celui d’une centrale à charbon moderne est déjà bien supérieur à celui des centrales anciennes, que l’on hésitera donc à remplacer. Or la durée de vie d’une centrale à charbon est me semble-t-il de l’ordre de 60 ans !

  18. Avatar de papijo
    papijo

    @BMD: Les technologies d’épuration des fumées les plus efficaces ont été mises au point pour l’incinération des déchets ménagers (normal, comme le contribuable a beaucoup d’argent, beaucoup d’élus ont fait le choix plus ou moins heureux d’innover en allant très au-delà des normes alors applicables), et sont d’usage courant depuis plus de 20 ans. De là, ces technologies se sont répandues au fur et à mesure que les normes se durcissaient à d’autres secteurs industriels dont les centrales thermiques. Pour avoir un aperçu des techniques il faut aller sur les sites des principaux constructeurs, en France Lab (Cliquer ici), ou en Europe, INOVA, LURGI, HAMON, etc.

    « Empiler » les procédés ne conduit pas toujours à une augmentation notable des consommations électriques, par exemple une injection d’ammoniaque ou urée pour réduire les NOx, ou une injection de charbon actif pour capter le mercure, les HAP, dioxines en amont d’un filtre existant … ont une consommation négligeable. La mise en place de filtres ou de laveurs entraine par contre une consommation beaucoup plus importante.

  19. Avatar de papijo
    papijo

    J’ai oublié de répondre sur les performances. Les données règlementaires se trouvent dans l’annexe I de l’arrêté du 20-09-2002 (Cliquer ici). Vous pourrez en profiter pour jeter un oeil à l’annexe II qui concerne la règlementation beaucoup plus souple applicable à d’autres technologies, même quand elles « coincinèrent » des déchets.

    La consommation électrique associée à ces traitements (par exemple filière réacteur lait de chaux + filtre à manches + catalyseur + annexes) sont de l’ordre de 60 kW pour 10 000 Nm3/h. Ce volume de gaz correspond à environ 1200 kg de charbon = 36000 MJ = 10 MWhth = 3,3 MWhél. La consommation correspondante serait donc de 18 kW pour 1000 MW (électriques) produits (desquels il faudrait déduire la filtration déjà existante).

  20. Avatar de BMD
    BMD

    @ Papijo, merci pour ces renseignements. Auriez-vous également une idée du surcoût au MWh produit pour une centrale à charbon équipée des meilleurs procédés, et des quantités de polluants qui ne seraient cependant pas éliminées

  21. Avatar de papijo
    papijo

    @BMD: Vous auriez dû me poser ces questions avant que je prenne ma retraite ! Désolé …

  22. Avatar de MEss

    Merci pour votre article, intéressant 🙂

  23. Avatar de Tonton
    Tonton

    Autrefois assez pessimiste (mais pas apocalyptique) Pierre-René Bauquis revoit ses estimations : le pic est repoussé, et la pente qui s’en suit s’adoucit… jusqu’à la prochaine révision sans doute.

    http://petrole.blog.lemonde.fr/files/2014/03/peak-oil-bauquis.png

    Ce qui est fascinant c’est que rien est écrit. Le progrès dans l’exploration, les Américains qui poursuivent vraiment leurs objectifs de voitures moins consommatrices, les Chinois soutenus par une croissance plus faible, etc. on risque de ne jamais connaître ce fameux pic, restant à l’horizon, éternellement.

  24. Avatar de Ray
    Ray

    Merci Tonton:
    Ce monsieur, que je ne connais pas, oublie bien sûr de prendre en compte la transformation de gaz naturel et de charbon en liquides, cela lui permettra dans une décennie de réactualiser ses courbes. Quand aux biocarburants, ils comptent aussi pour des prunes dans son analyse…Normal!
    Mais c’est tout de même bien, il ne considère plus que le seul pétrole conventionnel, comme cela était jusque là d’usage pour ce genre d’exercice, il prend aussi en compte les condensats de gaz et les huiles lourdes pour on ne sait quelle part.
    Rappelons que l’USGS américain estime les réserves d’huiles lourdes récupérables du seul bassin de l’Orénoque à quelque chose autour des 500 milliards de barils, ce qui fait dans les 50000 jours d’exploitation à hauteur de 10 millions de barils par jour de brut ou quelque chose autour des 13 millions de barils par jour de produits raffinés.
    Toutes ces courbes de peak-oil ne valent pas grand-chose. Mais, ce mode de communication est une tradition chez les blogueurs du Monde qui s’adressent à une clientèle écolo-sensible, plutôt aisée, à la recherche d’émotions fortes et de motivation.
    D’accord avec vous Tonton sur l’impact des prix et des progrès techniques à attendre sur le potentiel de réduction du gâchis actuel des ressources énergétiques. Le monde vivra très bien dans quelques décennies avec 50 ou 60 millions de barils par jour de pétrole brut et non pas les 90 à 100 imaginés par les auteurs américains. Les biocarburants compétitifs et rémunérateurs pour le monde paysan, apporteront alors toute leur part au bilan global.

  25. Avatar de Ray
    Ray

    Il fallait lire ci-dessus:

    Le monde vivra très bien dans quelques décennies avec 50 à 60 millions de barils par jour de pétrole brut et non pas avec les 90 à 100 imaginés par les auteurs américains qui assimilent gâchis et croissance.
    La sobriété énergétique des économies deviendra un facteur de compétitivité et donc de croissance.
    Les pays de l’OCDE voient dès à présent leur consommation de produits pétroliers décroître, après-demain ce seront les pays asiatiques qui suivront cette voie.
    Le lien entre gâchis énergétique et progrès économique sera alors de plus en plus ténu. C’est alors, enfin, que décroîtront les émissions mondiales de CO2, comme c’est le cas aujourd’hui pour l’ensemble des pays non asiatiques.
    http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/geopolitique-de-l-energie-thematique_89429/un-defi-pour-l-asie-stabiliser-les-emissions-anthropiques-mondiales-de-co2-article_89980/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *