Certaines traductions approximatives déforment la réalité énergétique en Europe

Je voudrais élever la voix   pour exprimer mon désaccord avec la traduction de l’AFP d’une part du communiqué du BDEW allemand concernant le bilan 2013 des productions d’électricité allemandes.

Voici le début du communiqué dans sa version en anglais, publiée par BDEW:

« The share of renewable energies in the generation of electricity in Germany rose last year to a record level of 23.4 percent (2012: 22.8 percent). Whilst electricity generated from photovoltaics attained a new high, with an increase of 7.3 percent, the proportion generated by wind decreased by 3.5 percent due to unfavourable weather conditions. Consequently, wind represented 7.9 percent of electricity production (2012: 8.0), biomass 6.8 (6.3), photovoltaics 4.5 (4.2), water 3.4 (3.5) and municipal waste 0.8 (0.8) percent. These figures come from preliminary estimates of the German Association of Energy and Water Industries (BDEW) for the year 2013. »

Même un faible pratiquant occasionnel et peu doué de la langue anglaise, tel que moi, peut vous expliquer qu’il est question ici de « génération d’électricité« .

Voici la version de l’AFP:

« Au premier trimestre 2013, la part des énergies vertes dans la consommation d’électricité avait été de 23%, et sur l’ensemble de l’année 2013 de 23,4%, selon ces chiffres publiés vendredi par la fédération du secteur énergétique BDEW. »

Miraculeusement la « génération » est devenue « consommation » ce qui transforme complètement le message, alors que le BDEW insiste lourdement dans son papier sur les performances à l’exportation en 2013 de l’industrie électrique allemande.

« These effects and the central geographical location of Germany within the EU are the basic reasons for the increase in physical electricity flows abroad in 2013. »

Je souhaiterais faire comprendre, ici, au rédacteur de bonne foi de la dépêche AFP, qu’en raison de larges échanges d’énergies entre pays européens, l’espace pertinent de consommation d’électricité n’est plus la nation, mais c’est l’ensemble de la plaque ouest-européenne représentée par l’ENTSO.  Il est donc possible de parler de productions locales factuelles et incontestables, mais il faut les rapporter à une consommation globale ouest-européenne  qui a été par exemple, en  Janvier 2014, de 309 TWh alors que celle de l’Allemagne n’a été que de 47 TWh. Les 23,4% des productions allemandes  ne sont alors que quelque chose autour des 4% de la consommation de l’ensemble.

C’est parce que l’Allemagne exporte largement ses bouffées de production d’électricité photovoltaïque vers ses voisins qui l’acceptent sans moufter, qu’elle peut poursuivre à investir massivement dans ces dispositifs intermittents subventionnés et prioritaires.

Un petit hic, tout de même: les subventions tarifaires payées par les petits consommateurs allemands suivent la musique. Il faudra bien que la plaisanterie cesse un de ces jours. Payer cher de l’énergie dont une large part est revendue en gros à vil prix à ses voisins…même le plus écolo des Germains trouvera, un jour, cela dur à avaler.

La falsification des Lois du Marché conduit à des comportements économiques inadaptés et malsains. C’est ce à quoi finalement, malgré de bonnes intentions initiales, conduit le « virage énergétique » allemand basé sur des subventions tarifaires et la priorité d’usage des énergies renouvelables.

Le 9 Mai 2014

Commentaires

5 réponses à “Certaines traductions approximatives déforment la réalité énergétique en Europe”

  1. Avatar de BMD
    BMD

    il manque un zéro aux consommations d’électricité, s’il s’agit de consommations annuelles. Pour le reste, tout à fait d’accord avec vous.

  2. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Merci BMD, j’avais pris en fait les dernières valeurs de Janvier 2014 pour calculer le ratio entre les consommations allemandes et celles de la zone ouest-européenne.
    J’ai corrigé le texte en conséquence.

  3. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Merci Tonton pour ce lien qui fait l’apologie du marché en symbiose avec une politique énergétique européenne. C’est très bien dit, style programme électoral, mais on est très loin de cet idéal assez utopique.
    Quand à la disparition ou la restriction des stupides subventions tarifaires, ce n’est qu’une question de temps et de ras-le-bol cumulé des consommateurs. C’est pour demain.

  4. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Un exemple de plus des approximations énergétiques inexcusables de l’AFP. Serait-ce un instrument de propagande ou plus bêtement un suiveur servile de thèses à la mode ?
    http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/technologies-de-l-energie-thematique_89428/les-energies-renouvelables-desormais-en-tete-du-mix-electrique-europeen-article_285413/

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