Un exercice loufoque: la comparaison des coûts de l’électricité nucléaire et de celle des énergies intermittentes

De savants comptables de Greenpeace  ont l’habitude de se poser et de résoudre un certain nombre de questions stupides telles que, récemment, la comparaison des coûts entre l’électricité d’origine nucléaire  et celle d’origines renouvelables intermittentes comme l’éolien ou le solaire. Bien sûr, les conclusions fondamentales de ces travaux éminents ont immédiatement été reprises par l’AFP, une des caisses de résonance  des divers groupes altermondialistes aujourd’hui en cour et pour lesquels  la question de légitimité n’est jamais posée. Leur légitimité serait-elle  immanente? Postulat de l’idéologie écologique?

Comparer les coûts des deux ressources n’aurait de sens que s’il y avait possibilité d’arbitrage, de mise en concurrence, de substitution de l’une par rapport à l’autre. Dans le cas du nucléaire et des énergies intermittentes ce n’est pas le cas: ces deux ressources sont tout simplement complémentaires.

Les énergies électriques intermittentes ne sont opérationnelles sur le continent ouest européen qu’en raison de l’existence d’une ressource électrique de base abondante générée par les centrales au lignite ou au charbon en Allemagne et les centrales électronucléaires en Allemagne et en France. Enlevez ces ressources de base et les énergies intermittentes deviendraient tout simplement impraticables.

Allonger la durée de vie des centrales nucléaires et accroître leur sécurité coûte cher à EDF, personne n’en disconvient.

Mais pour comparer les prix des électricités potentiellement alternatives et concurrentes au nucléaire je ne vois que deux options possibles, après avoir éliminé, par dépit,  les centrales au gaz naturel à cycle combiné toutes neuves actuellement sous cocon car non compétitives:

1- soit le remplacement programmé, en France, des centrales nucléaires par des centrales au charbon, seules capables de fournir de l’énergie électrique de base à des prix compétitifs et donc éligibles par les teneurs de réseau. C’est le choix allemand du « paradoxe merkélien » (moins de nucléaire et moins de CO2…?) et qui dispose du lignite local.

2- soit d’imaginer un continent ouest-européen recouvert peu à peu d’un parc surdimensionné d’éoliennes, de panneaux solaires, d’onéreuse stations de pompage turbinage ou mieux encore de systèmes de batteries électrochimiques en tampon largement répartis sur le territoire pour suppléer aux manques occasionnels de puissance. Les dirigeants français, visionnaires, affirment vouloir suivre cette audacieuse voie.

Dans ces deux cas de comparaison je suis entièrement convaincu que le choix de modernisation du parc électronucléaire français est un bon choix économique.

Ceci dit, chacun a le droit d’avoir peur de la centrale nucléaire du coin, personnellement elle ne m’empêche pas de dormir.

 

Le 13 Juin 2014

Commentaires

6 réponses à “Un exercice loufoque: la comparaison des coûts de l’électricité nucléaire et de celle des énergies intermittentes”

  1. Avatar de Grunchard
    Grunchard

     » « paradoxe merkélien » (moins de nucléaire et moins de CO2…?) »
    Je suppose que vous vouliez dire : moins de nucléaire et plus de CO2 ?

  2. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Non Grunchard, je confirme la présentation merkélienne , sinon il n’y aurait pas de paradoxe mais simplement une approche objective.

  3. Avatar de I. Lucas
    I. Lucas

    Attention au calcul de la Cour des Comptes sur le coût du nucléaire, calcul repris par Greenpeace :
    elle compte une première fois le « loyer économique » de la construction, il y a 30 ans des centrales ;
    puis elle ajoute le coût des investissements de grand carénage qui prolongent la durée de vie… sans l’amortir!

    Mais l’investissement initial est quasiment amorti : sur les 96 Milliards d’euros qui représentent le coût de construction initiale (en euros constant de 2010) il n’en reste que 15 Milliards d’euros dans les comptes d’EDF, mais la Cour compte tout plein pot!

    autant dire qu’elle a compté deux fois les investissements, alors forcément les coûts augmentent!
    Que diriez vous si on additionnait le « loyer » de toutes les voitures que vous avez acheté,
    – celui de la voiture que vous avez mis à la casse il y a 10 ans
    – et celle de la dernière voiture achetée?
    Comme vous avez la réelle connaissance de ces coûts vous auriez réagis.

    Là les chiffres sont en milliards, donc personne n’a l’habitude de manier de tels chiffres et l’erreur passe inaperçue.

    Ainsi, toute la presse a repris le tableau de la Cour des Comptes montrant une hausse des coûts de 20% en 3 ans sans voir que le tableau additionnait des choux et des carottes.
    Faut il une preuve de plus?
    le calcul de loyer économique, qui a été calculé pour être constant en monnaie constante, ne devrait augmenter que de l’inflation par construction même ;
    dans le tableau de la cour, il augmente plus vite!

    La Cour a t elle voté Geenpeace?

  4. Avatar de I. Lucas
    I. Lucas

    Sur la comparaison des coûts de production du nucléaire et de l’éolien (ou du photovoltaïque)

    L’éolien est une énergie intermittente, mais la demande fluctue elle aussi.

    La demande résiduelle est définie comme la demande défalquée de la production éolienne (ou photovoltaïque)
    elle comporte une part fixe (la base) et une part aléatoire qui est la combinaison de l’aléa de la demande et de l’aléa ENR.
    Si les aléas sont indépendants, ce qui est vérifié pour l’éolien (et ne l’est pas pour le photovoltaïque) la taille de l’aléa résultant est déterminé par le théorème de Pythagore : il est « égal » à la racine de la somme des carrés des aléas de la demande et de l’éolien

    Pour de faibles puissances éoliennes (en France 10 à 20 GW) la taille de l’aléa résultant est quasiment égale à celle de l’aléa de la demande.

    Tout se passe comme si la production éolienne s’était transformée en production de base!
    Quand on complète un parc de production par des éoliennes, le dimensionnement des moyens de production classique : hydraulique, nucléaire, centrale au gaz ou au charbon est identique au dimensionnement classique pour satisfaire la demande résiduelle : même dimensionnement des moyens de demi base (puisque la taille de l’aléa est quasiment identique)
    moindre dimensionnement des moyens de base

    Ainsi pour de faibles puissance l’éolien se substitue à du nucléaire (qui en France et en Allemagne est en base) et laisse inchangé le dimensionnement des moyens de demi base (qui en France et en Allemagne utilisent des énergies fossiles, mais ce n’est pas le cas de la Suisse ou de la Norvège)

    Donc la comparaison est légitime :
    si les puissances en renouvelables restent « faibles »
    et bien sur si les coûts sont bien calculés cf post précédant

    Si les ENR posent tant de problème actuellement c’est que le marché électrique est sur-capacitaire depuis la crise de 2008 et la politique en faveur des ENR augmente cette surcapacité donc augmente la crise dans ce secteur

  5. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Moi je veux bien, mais alors au Texas la demande serait-elle, elle aussi, en déclin. J’en doute. La variabilité de la ressource éolienne (concept qui par l’écart-type contient le carré des variations et qui laisse doucement dormir le géomètre Pythagore) se superpose à celle de la demande, mais je ne vois pas comment quand la puissance éolienne varie en quelques heures de zéro à dix GW (ou l’inverse), ce phénomène pourrait-être neutre vis-à-vis du réseau. La preuve en est dans le fait que les teneurs de réseaux demandent l’installation de batteries en tampon qui, grâce à leur souplesse d’utilisation, facilitent les arrêts et les démarrages d’installations beaucoup plus lourdes à piloter.
    Savoir à peu près faire correspondre offre et demande est bien sûr, faisable, le réseau ouest-européen le démontre tous les jours, mais à quel prix en redémarrages et arrêts poussifs et onéreux d’installations traditionnelles.
    La faisabilité théorique est une chose, la dure mise en œuvre quotidienne de cette régulation en est une autre.
    La conséquence est à coup-sûr une fragilisation certaine du réseau, surtout lorsqu’il disqualifie dans l’ordre des priorités les centrales à gaz à cycle combiné .

  6. Avatar de Ibiscus
    Ibiscus

    Vous croyez qu’il y aura assez de charbon à un prix raisonnable dans le futur ?

    Le maximum de la production mondiale de charbon est attendu pour dans une vingtaine d’années.

    Et encore, celui de meilleure qualité va se raréfier le premier.

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