Un exemple de stimulation de l’offre par les prix: le nombre de forages pétroliers aux USA

                         La progression des prix du baril de pétrole, au-delà de toute espérance de n’importe quel prospecteur d’or noir, incite les américains à investir lourdement dans la réhabilitation de gisements anciens, à l’aide des techniques modernes de production. Le nombre de forages pétroliers en activité multiplié par 2,5 en trois ans, croît de façon pratiquement ininterrompue (FIG. courbe rouge)pour atteindre 381 unités au mois de Mai 2008. Ces nouveaux forages sont réalisés essentiellement dans le Texas, le Nord Dakota, l’Oklahoma, le Colorado, la Californie. En comparaison le nombre de forages gaziers, quatre fois plus nombreux que les forages pétroliers, semble se stabiliser aux environs de 1500 unités (courbe verte).Forage1

                        Les productions de pétroles et condensats des Etats-Unis sont passées par un minimum historique en Septembre 2007 avec 6,7 millions de barils par jour. Depuis les données mensuelles du mois de Février et les données hebdomadaires, peu fiables, semblent montrer que cette production est remontée à 7 millions de barils. Cette progression lente devrait être maintenue par la mise en production des nombreux nouveaux forages en cours et par la mise en production par Chevron, du forage offshore de Blind Faith dans le Golfe du Mexique. Cet accroissement des productions locales US couplées à la montée en production d’éthanol (0,52 millions de barils/jour en Février) et à la stabilisation des consommations en produits pétroliers devrait entraîner une réduction des volumes importés aux USA et donc des tensions mondiales sur le marché mondial du pétrole.Usprod

Le 18 Mai 2008

Commentaires

7 réponses à “Un exemple de stimulation de l’offre par les prix: le nombre de forages pétroliers aux USA”

  1. Avatar de laurent
    laurent

    Cantarell s’épuise à coup de centaines de milliers de barils/an. Tous les investissements faits aux US ne permettraient au mieux que de combler cette dépletion. Malheureusement, la mer du nord est en dépletion. La russie est en légère dépletion. il reste du pétrole, beaucoup de pétrole mais comme le soulignait un membre de l’IFP, la vétusté des infrastructures existantes, lé dépletion des réservoirs existants peuvent aboutir à un pic de production ou plutôt un plateau. L’idée de « peak » doit être entendue comme un maximum atteint qui prendra la forme d’un plateau issu d’un réequilibrage entre le fruit des investissements actuels et la dépletion des vieux réservoirs.
    De l’autre coté, la demande est forte. Un petit extrait du dernier rapport Carmignac:
    « Quant à l’appétit de consommation et au potentiel qu’il offre,
    tant pour l’énergie que pour les métaux industriels, rappelons
    les chiffres du secteur automobile : en moyenne globale on
    compte 120 véhicules pour 1 000 habitants, 750 pour les États-
    Unis, 44 pour la Chine. Je ne sais pas combien de temps cela
    prendra exactement, mais pour la Chine, arriver à la moyenne
    globale implique la circulation de 156 millions d’automobiles, soit
    trois fois le nombre de véhicules actuellement en circulation, avec
    ce que cela implique de développement en infrastructures. Et ne
    négligeons pas l’Inde avec ses 7 véhicules pour 1 000 habitants.
    L’Inde vient en effet de lancer un programme de modernisation
    et de développement autoroutier portant sur 50 000 km. Dans le
    même temps, Tata Motors s’apprête à lancer son modèle automobile
    Nano à 2 500 dollars, avec l’ambition d’en construire plus
    de 600 000 unités par an. »
    600 000 voitures à 2500$, je ne sais pas quelle est leur consommation moyenne mais cela va soutenir certainement la demande.
    L’inélasticité de la demande / à l’offre dans les pays occidentaux est aussi un frein puissante à une baisse de la consommation, les consommateurs préférant ponctionner dans d’autres postes de dépenses.
    Le nigéria, dans un rapport très récent, prévoit une chute de plus de 30% de sa production d’ici 2015 si les investissements ne sont pas faits. Le climat actuel ne s’y prête pas, le nigéria risque fort de voir sa production encore chuter dans les années à venir.
    Les investissements même colossaux pourront au mieux maintenir la production à ce niveau alors que de l’autre coté, la demande risque de croître. C’est donc bien de fortes tensions sur le rapport offre/demande qui justifient l’envolée des prix. La courbe ne sera pas linéaire, il y a et aura des excès mais le trend est haussier, selon moi.

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Merci beaucoup pour toutes ces pécisions. C’est vrai des champs sont en phase d’épuisement mais d’autres sont mis en exploitation ce qui fait que globalement les productions de pétrole progressent dans le monde. Après la Chine, l’Inde va se mettre à consommer des carburants par le biais des véhicules économiques, l’arrêt des ventes des stupides 4X4 dans les pays de l’OCDE devrait globalement compenser cela. Quand à l’opinion de Carmignac Gestion sur l’ensemble des problèmes énergétiques permettez-moi de ne pas le prendre comme une référence. Les financiers rêvent d’engouements subits, ils ont vendu de l’Internet bidon,puis des prêts titrisés pourris, maintenant ils vendent la pénurie de pétrole, demain ils vendront du vent, du CO2, de la lumière. Je pense donc qu’il faut être beaucoup plus mesuré sur le diagnostic pessimiste que vous portez. Regardez bien les chiffres et oubliez les passions, même si elles sont à la mode.

  3. Avatar de Laurent
    Laurent

    Je comprends votre méfiance vis à vis des avis émanant de financiers mais je survole les avis de Carmignac gestion depuis plusieurs années, ils se sont révélés souvent objectifs.
    La question du pétrole me passionne depuis plusieurs années, je l’ai beaucoup étudiée et j’ai eu l’occasion de rencontrer des professionnels, des membres de l’ASPO, des membres de l’institut français du pétrole notamment M.Mathieu.
    Le voici dans une vidéo récente qui est très complète, objective selon moi car c’est l’avis d’un ingénieur dont l’expérience n’est plus à démontrer. C’est l’avis officiel de l’institut français du pétrole…on est loin des délires de certains membres de l’ASPO.
    La vidéo est longue mais il faut la voir dans son intégralité. Il y a un passage fondamental notamment lorsque M.Mathieu nous explique que depuis quelques mois l’Arabie saoudite a prévenu ses partenaires qu’elle ne dépasserait pas les 12 M. de barils/jour. Or, depuis cette annonce, les prix ont doublé, ce que beaucoup dénoncent comme de la spéculation semblable à celle de la bulle internet. Je crois que c’est une erreur. La bourse, c’est anticiper. Cette spéculation n’est que l’anticipation d’un maximum de production atteint par l’AS d’ici quelques années sachant qu’on ne voit ni l’iran, ni l’irak, ni le mexique, ni la russie augmenter sensiblement sa production. Ainsi, le seul pays sensé ajuster l’offre à la demande fixe une échéance. Produisant déjà 10M. de barils/jour. La demande augmentant d’un million de barils/jour par an, il est possible d’assister à des tensions énormes d’ici 2/3 ans. Les pays producteurs durcissent l’accès à leurs réserves mais on sait très bien que cela implique une chute des investissements. La logique qui voudrait que l’investissement explose dans ces pays ne se concrétise pas. Les grandes majors subissent pratiquement toutes des stagnations de production ou des baisses car elles font face à la déplétion de leurs réservoirs, à une explosion des coûts et à un accès plus difficile.
    Quand on met bout à bout tous ces facteurs, à la lumière des informations mentionnées dans cette vidéo, je ne vois pas comment d’ici 2/3 ans on ne pourrait pas anticiper une situation de crise. La spéculation actuelle est pour moi une simple anticipation spéculative depuis l’annonce de l’Arabie saoudite de l’atteinte d’un plateau de production en 2010/2011. Replacée dans le contexte actuel, elle paraît totalement irrationnelle mais replacée dans une approche moyen-terme, elle s’inscrit selon moi dans un mouvement structurel de hausse de l’énergie qui pourrait atteindre son apogée entre 2010 et 2015. L’explosion réelle des prix provoquant des récessions profondes et l’obligation de modifier les comportements énergivores des pays consommateurs ainsi que le développement d’alternatives.
    La vidéo en question:
    http://www.webstyle.fr/ifp/Conf-Reserves_Y-Mathieu/IFP_Mathieu.html

  4. Avatar de Emile
    Emile

    Peak (de peak oil) signifie sommet, lequel n’est pas nécessairement pointu comme dans les Alpes ou les Pyrénées mais peut aussi être arrondi comme dans le Massif central. La courbe théorique du maximum de production du pétrole est d’ailleurs une courbe de Gauss, en forme de cloche.
    La courbe de production du pétrole n’aura évidemment pas toute cette beauté mathématique, mais sera plutôt bosselée en raison des aléas économiques (croissance plus faible ou récession) plus que toutes autres causes. Car si des réserves de capacité existaient réellement au niveau de la production, elles permettraient de compenser les défaillances momentanées de tel ou tel pays.
    Cela dit, il ne faut pas confondre les forages en activité avec les puits de production en activité, qui augmentent eux aussi de façon très importante pour arriver à maintenir le niveau actuel de production (diminution de la production moyenne des puits actifs).
    L’augmentation du nombre de forages en activité révèle aussi une chose, c’est que les forages durent de plus en plus longtemps avant d’arriver à leur fin, souvent négative. Si un forage dure six mois au lieu de trois, pour aller à une profondeur plus grande, un plus grand nombre de forages se trouveront actifs au même moment.
    La seule information importante serait celle indiquant, pour chaque année, le nombre de forages commencés, mais surtout le nombre de forages terminés et avec quel taux de réussite (petite ou grande) et quel potentiel d’extraction.
    Il ne suffit pas de participer (forer), il faut gagner (trouver et produire).

  5. Avatar de Raymond
    Raymond

    Tous ces raisonnements prédisant la pénurie subite souffrent d’un formidable biais: ils supposent implicitement que les consommations vont continuer de croître au rythme passé c’est à dire de l’ordre d’un peu plus d’un million de barils par jour annuellement. Or l’OCDE qui pèse près de 60% de la consommation mondiale est déjà en phase descendante depuis deux ans, après un maximum à 49,7 millions de barils par jour en 2005 elle a fini 2007 à 49 millions de barils par jour. Cet effet de baisse qui va se poursuivre va limiter la croissance globale de la demande mondiale. De plus, la vérité inéluctable des prix de l’énergie et des limitations d’émissions de CO2 en Chine et ailleurs sera un formidable frein à l’emballement de la demande de ces pays où la majeure partie de la population est et restera pauvre.
    Les américains eux mêmes n’ont pas intellectuellement intégré que leur consommation allait décroître. Et pourtant la consommation US de Janvier 2008 est à 444 mille barils par jour de moins que celle de à Janvier 2007.La pression constante des prix fera baisser les gaspillages qui sont énormes dans ce grand pays.

  6. Avatar de Raymond
    Raymond

    Emile, si vous connaissez un Américain qui va balancer 400 mille dollars pour forer pour des prunes c’est qu’il n’a plus tout ses esprits. S’ils forent les Yankees c’est que ça leur rapporte et plus ils forent et plus les dollars tombent dans la caisse.

  7. Avatar de
    Anonyme

    Nous sommes d’accord sur le fait que la régulation se fera par une contraction de la demande à terme.
    C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je considère que les « peakistes » ont eu raison sur le fond. Ils avaient prévu ce plafonnement de l’offre à venir en raison de différents facteurs, peu importe que ce soit géologique ou lié à un manque d’investissement. Le débat opposait essentiellement Peakistes et économistes. Ces derniers partaient du postulat selon lequel la hausse des prix entrainent une hausse des investissements mais aussi l’entrée de nlles réserves exploitables et donc une croissance de l’offre. Malheureusement, dans leur modèle, ils ont oublié l’explosion des coûts de production, l’explosion des délais dans le domaine des services pétroliers et des mises en production. Les plus gros gisements ont vu leur mise en production décalée de 5 ans au moins. Le dernier facteur oublié par les économistes, le repli sur soi des états producteurs et des nations les plus riches en pétrole. Ces états se réservent l’exploitation des gisements les plus aisés tout en n’ayant pas les moyens humains, technologiques de le faire. Ils renégocient les contrats de partage de production, alourdissent la fiscalité, nationalisent pour certains la production, etc etc.
    Les économistes ont perdu de ce coté. Le discours de l’ASPO était clair, la régulation se fera par une destruction de la demande et c’est ce qu’on évoque désormais.
    Les américains ont encore beaucoup de chemin à parcourir avant de venir calquer le modèle de consommation énergétique européen. Les membres de l’OPEP notamment les Saoudiens subventionnent leur pétrole, je ne crois pas qu’ils y mettront fin, ils ont trop peur que le peuple se soulève. Ils préfèrent encore balancer de l’argent par les fenêtres que de mécontenter la population.
    On évoque l’amélioration de l’isolation des habitations, le recours massif aux voitures hybrides, etc. Je crois qu’il est bon de demander autour de soi si, aux prix actuels de l’essence et du fioul, nos amis et parents envisagent d’investir 5000 à 6000 euros de plus pour avoir une Prius ou une PAC. La réponse est souvent: non. Ils préfèrent entamer d’autres budgets qui ont explosé avec l’émergence de notre société de consommation que de réduire leur consommation énergétique. C’est la différence entre un besoin primaire et secondaire. La crise du crédit, la perte du pouvoir d’achat n’incitent pas à investir. Les professionnels du batiment l’évoquent depuis quelques mois déjà.
    Donc, en résumé, je crois à une régulation par la demande, seule voie possible pour faire face à ce plafonnement à venir de l’offre, mais elle se fera dans la douleur. Je crois que les prix ne sont pas encore assez élevés pour inciter massivement les consommateurs à changer leurs habitudes.

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