Marasme à Las Vegas, embellie sur le NYMEX

                     Les médias nous apprennent que rien ne va plus à Las Vegas, la fréquentation recule, les chambres des hôtels prestigieux sont soldées au tiers de leur prix habituel, les cours des actions des Casinos s’effondrent. L’explication la plus plausible réside dans le fait que les Américains ont découvert un nouveau jeu infiniment plus lucratif et tout aussi addictif: le NYMEX. Le New York Mercantile Exchange est le premier marché mondial de transactions à terme (futures et options) sur les matières premières et l’énergie (commodities). Le nombre des transactions quotidiennes moyennes au mois d’avril a atteint 1,712 millions en croissance de 22% par rapport à Avril 2007. Les banques ne vendent  plus de dettes titrisées, elles se sont recyclées dans les matières premières et l’énergie. Les déclarations de Goldman Sachs attirant le chaland, en annonçant le baril de pétrole à 141$ (notez la précision stupide) pour la deuxième partie de l’année, font partie des opérations de lancement marketing de cette nouvelle mode. Soyons sûrs qu’elle finira elle aussi, en « jus de boudin » pour les gogos qui se feront bercer les derniers par ces promesses de nouvel Eldorado.Nymex1

                  Le débat sur le prix du baril de pétrole portant sur spéculation ou mouvement de fond à long terme n’a que peu de sens. L’ensemble des acteurs économiques (banques, fonds alternatifs ou non, particuliers,…) pense aujourd’hui que le marché de l’énergie est haussier (bullish), conviction étayée par les hausses répétitives qu’il entretient, les ennuis dans le Delta du Niger, les rodomontades de Chavez, le silence de l’Arabie Saoudite qui va tout de même faire un geste de 300 mille barils par jour supplémentaires, et les multiples incidents dans les raffineries américaines « hors d’âge ». Viendra le jour où le Marché abandonnera ces convictions et deviendra baissier.

                  L’équilibre entre offre et demande de pétrole est à ce jour assuré, avec des niveaux de stocks normaux, il le sera dans un futur proche par des productions accrues et une adaptation d’une demande globalement stable ou en légère baisse dans les pays de l’OCDE, aux produits les moins chers (pétroles lourds). Dans un futur plus lointain les baisses de consommations dans les pays de l’OCDE, dont bien sûr les Etats-Unis, devont compenser les hausses des pays asiatiques et d’Amérique du Sud, pour assurer un niveau global de demande stable autour de 90 millions de barils par jour qui semble être un niveau de consommation de pétrole raisonnable, pour les décennies à venir.

Le 17 Mai 2008

Commentaires

4 réponses à “Marasme à Las Vegas, embellie sur le NYMEX”

  1. Avatar de lolo
    lolo

    Pkoi pas..spéculation il y a, elle est partout que ce soit dans le sens bullish sur le pétrole ou bearish dans l’immobilier et les subprimes. Lé spéculation est de l’essence même des marchés financiers.
    Il y a plusieurs proverbes boursiers:
    -Le marché a toujours raison
    -Il vaut mieux avoir tort mais suivre le marché que d’avoir raison et aller à son encontre ( ce n’est pas exactement cela mais c’est ce que j’ai compris).
    Au delà des adages, le rapport offre/demande est tendu, je crois que personne ne peut dire le contraire. Les marges de protection en millions de barils/jour offertes par l’arabie saoudite ne sont plus ce qu’elles étaient.
    L’offre est déclinante, et vous l’avez souligné, dans les pays hors OPEP. De gros doutes subsistent sur les capacités d’augmentation de l’offre au sein de l’OPEP.
    La demande croît dans les pays émergents, stagnent ou se tassent un peu dans les pays « riches ». La récession US ne semble pas être très marquée ou profonde, pas de perspective d’effondrement de la demande à terme surtout vu l’inélasticité de la demande par rapport au prix.
    Tout cela, vous l’avez souligné. Vous soufflez le chaud et le froid dans ce domaine. Je crois qu’un discours mesuré aurait tendance à conseiller la prudence à court terme en raison de la sortie de route spéculative sur le pétrole mais à long terme, le secteur est bullish, il le restera. Pourquoi pas envisager un retour sur les 75$, peut être, mais il retournera à 100$. Les solutions alternatives sont difficilement généralisables. La demande émergente explose et le gap qui sépare les niveaux de consommation des pays émergents de ceux des pays occidentaux est énorme.
    Le pétrole est bull, il le restera même si un creux d’un an ou deux peut intervenir. Ce sera le moment de profiter de l’aubaine.

  2. Avatar de Raymond
    Raymond

    Si demain de vendre des options sur les frittes ou le Coca-cola est plus rémunérateur pour les financiers de tous poils, ils laisseront tomber le pétrole après avoir pris leur marge. Le climat de pénurie potentielle entretenu par les peakoilers et repris par les pétroliers qui rachètent leurs actions au lieu d’investir, pour l’instant les arrange bien. C’est pour cela que j’essaie de tenir un discours raisonnable. Mais il est des moments où la raison n’a pas lieu d’être et doit laisser la place aux passions et à l’obscurantisme.

  3. Avatar de
    Anonyme

    Je suis d’accord sur l’aspect spéculation mais je reste persuadé qu’il y a des tensions sur l’offre.
    « The US government said today it has sold 16.1 million barrels of oil produced on federal land to four energy companies at a price tag of about $1.9 billion.
    The motive of the sale was not clear, but lawmakers have been calling for nations and companies to release more supply into the market to combat skyrocketing oil prices.
    The four companies are units of Chevron, ExxonMobil, Sempra Energy Trading and Royal Dutch Shell.
    Prices were based on a rate of about $127 per barrel, Reuters said.
    The oil will be delivered to the companies over six months beginning on 1 July.
    Reports stressed that the oil being sold is not from the Strategic Petroleum Reserve, but is oil produced on land owned by the US government. »
    Bonne continuation

  4. Avatar de Raymond
    Raymond

    Le gouvernement US avait décidé de se faire payer les impôts en nature pour faire gonfler la réserve stratégique (SPR). Mais il vient de suspendre cette pratique pour relaxer légèrement le marché. Il se fait donc payer les impôts en cash en libérant les volumes hypothéqués. Je crois que ce n’est que ça.

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