Il ne se passe pas une semaine sans qu’un économiste « distingué » ne nous explique que l’activité économique à la hausse ou à la baisse des USA va faire croître ou décroître la consommation de pétrole dans ce pays. Or les observations contredisent ces assertions: la consommation d’énergie varie peu avec la conjoncture économique. Les économistes parlent de manque d’élasticité. De la même façon, la montée des cours de l’énergie ne se traduit pas par une baisse des consommations immédiates. Ces types de réactions lentes à une sollicitation sont bien connus en physique, c’est le cas du phénomène de thixotropie qui nécessite un effort constant pour observer une variation, comme l’enfoncement d’un corps dans les sables mouvants ou d’un caillou dans le goudron.
Alors, pourquoi la consommation d’énergie est-elle thixotrope?
La variation à la baisse de la consommation énergétique nécessite des changements de comportement des acteurs économiques qui vont devoir investir et modifier leurs habitudes, ce dont ils ont horreur. Un exemple est donné par les variations dans le temps des types d’énergies utilisées dans les foyers américains (FIG.). Ces données publiées par l’Energy Information Administration proviennent de sondages réalisés tous les quatre ans auprès des foyers américains. Il est possible de constater que sur 12 ans le chauffage au fuel ou au kérosène, de plus en plus onéreux, est passé de 11,7% à 7,6%. Ceci correspond en nombres de foyers à une décroissance de 2,8 millions en 12 ans, et il en reste encore 8,4 millions. Il est donc possible de pronostiquer qu’il n’y aura quasiment plus de foyers US alimentés au fuel …. dans 36 ans, si rien ne change radicalement!
La consommation du parc automobile est également un phénomène très lent qui nécessite des décennies pour que tout d’abord le marketing oriente sa politique vers la réduction des consommations des véhicules (Renault présente en ce moment son nouveau 4X4, en pleine envolée des cours des carburants,… déphasage mortel), pour que ces nouveaux modèles soient proposés à la vente et pour que, peu à peu, le parc automobile se transforme à raison de 4% à 5% par an.
En conclusion, le marché de l’énergie a du mal à obéir rapidement aux lois classiques de l’offre et de la demande en raison de la viscosité de ses réactions qui nécessitent des modifications lentes des acteurs économiques. Ce phénomène explique en partie, la longueur du cycle de hausse des prix actuel. Un effort constant est nécessaire pour orienter lentement le marché. La pression fiscale (positive ou négative) est un outil de choix pour accélérer les transitions.
Le 15 Mai 2008
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