En chemin vers un lent équilibrage mondial de l’offre et de la demande de pétrole

Le marché mondial du pétrole, après une chute rapide et inhabituelle des prix du baril, sponsorisée par l’Arabie Saoudite, est entré en fanfare dans sa phase de consolidation entre l’offre qui doit décroitre et la demande mondiale, elle en croissance régulière, en raison de la progression économique et démographique du monde. Lors du dernier cycle trentenaire du pétrole qui s’est déroulé entre 1980 et 2010, cette phase de purge lente des surcapacités de production avait duré une décennie. Cette viscosité dans les évolutions de capacités d’extraction mondiales, provient essentiellement de la longueur, d’une ou deux décennies, de la durée des projets d’investissements dans l’exploration et la production pétrolière. Alors que les cours du brut sont, à ce jour, en-train de s’effondrer on voit de grands Groupes pétroliers qui avaient investi, au plus fort des cours passés du pétrole, dans l’offshore profond, battre aujourd’hui des records de productions. Le pétrolier Total, investi en Afrique, illustre très bien ce cas de figure. De même aux États-Unis il est possible de noter que les extractions offshore du Golfe du Mexique sont toujours en progression alors que celles des condensats de gaz, beaucoup plus réactives aux cours locaux du pétrole, sont déjà en régression. Assez paradoxalement, en raison de leur inertie dans le temps, ce sont les productions offshore du Golfe du Mexique qui maintiennent en ce moment les extractions américaines de pétrole et condensats autour des 9,5 millions de barils par jour (FIG.I). Par contre, les extractions américaines, mesurées  hors golfe du Mexique, sont en nette décroissance depuis le mois d’Avril 2015.

La résilience des extractions de condensats de gaz de schistes est fortement entamée par la baisse dramatique des cours. Les Banquiers ne suivent plus les besoins de financement des opérateurs et les investisseurs institutionnels ou privés se sont enfuis. Il semble raisonnable de pronostiquer dans ce domaine des gaz de schistes de nombreuses faillites ou de cessions au rabais, à venir, en raison des pénuries annoncées de cash.

Mais la baisse nette des productions américaines de pétrole n’apparaitra au grand-jour que lorsque les extractions offshore du Golfe du Mexique seront en déplétion. L’arrêt probable des investissements très onéreux et risqués par les grands groupes pétroliers dans ce secteur devrait conduire à une baisse des productions américaines de pétrole dans les années à venir.

Il faudra alors pronostiquer un retour au réalisme commercial de la part de  l’Arabie Saoudite.

CONSULTER les données de production américaines de l’EIA

Le 9 Décembre 2015

Remarque: les dernières projections de l’EIA sur les productions américaines de pétrole dans le Golfe du Mexique, prévoient qu’un maximum d’extraction soit atteint vers 2017 (FIG.).

Ces projections illustrent la viscosité des étapes de mise en production de découvertes réalisées cinq à dix ans auparavant. Elles expliquent pourquoi les phases de surproductions avec des prix délabrés peuvent durer autour d’une décennie, au sein de cycles trentenaires. Les économistes qui projettent un retour à meilleure fortune des prix mondiaux du pétrole en 2017 ont de bonnes chances de se tromper.

ACCEDER aux projections de l’EIA

 

Le 19 Février 2016

Commentaires

7 réponses à “En chemin vers un lent équilibrage mondial de l’offre et de la demande de pétrole”

  1. Avatar de Olivier
    Olivier

    Avec le décollage des ventes des voitures électriques ou hybrides rechargeables , on peut s’attendre à une stabilisation ou à une baisse de ventes du pétrole. Les prix resteront alors durablement bas et le cycle de prix sera cassé.

  2. Avatar de raymond bonnaterre
    raymond bonnaterre

    Olivier, vous allez trop vite dans la substitution des ressources énergétiques qui est effectivement un phénomène réel qui présente une forte hystérésis, et beaucoup plus lent que ce que vous racontent de doux rêveurs qui vous parlent du monde tel qu’il devrait être.

    http://www.leblogenergie.com/2015/07/04/250-ans-de-ressources-energetiques-americaines/

    Le monde brûle encore du bois, première ressource énergétique commune utilisée par l’homme depuis la maîtrise du feu. Lisez les « Comtes Préhistoriques » des Frères Rosny qui est, à mon avis, le plus bel ouvrage de littérature française du XIX ème siècle.
    Pour l’instant les consommations de carburants issus de la distillation du pétrole sont en belle croissance et ce sont elles qui font progresser le flux annuel de consommation mondiale de pétrole de plus d’un million de barils par jour. Ce phénomène n’est pas près de s’essouffler et on en parlera encore à la COP 121 ou 221 allez savoir?

  3. Avatar de raymond bonnaterre
    raymond bonnaterre

    Les productions et les ventes de voitures en Chine progressent fortement, avec l’arrivée en nombre de la « middle class ».
    Still, there were signs of more demand from China, the world’s second-biggest oil user. Vehicle sales were up 20 percent in November from a year earlier to 2.5 million vehicles, the China Association of Automobile Manufacturers said.
    http://www.tradearabia.com news/OGN_296528.html

  4. Avatar de BMD
    BMD

    RB, serait-ce déjà le pic pétrolier aux Etats-Unis?

  5. Avatar de raymond bonnaterre
    raymond bonnaterre

    à 27$ le baril départ Nord-Dakota, c’est une possiblité pour les années à venir.
    à 77$ le baril il reste encore des milliards de barils à extraire.
    Une banalité: les réserves prouvées et donc exploitables sont fonction des prix du moment.
    Les volumes de carburants de synthèse délivrés aussi.
    C’est la raison pour laquelle le concept de pic aujourd’hui n’a que bien peu de sens. Ce que montrent les larges fluctuations des prix mondiaux de Marché.

  6. Avatar de Raymond Bonnaterre
    Raymond Bonnaterre

    Merci pour ce lien Tonton.

    Ce n’est pas tant l’épuisement des ressources qui sont surabondantes (on l’observe aujourd’hui) qui fera repartir les prix du brut que le manque d’investissements actuels et à venir, durant quelques années, dans l’exploration production.
    Dix ans pour que la demande croissante rattrape les capacités de productions actuelles me semble être le délai observé lors du dernier cycle trentenaire. Compte tenu de l’accélération du processus de baisse des prix et de la vitesse de déplétion de certaines ressources, je parierai plutôt sur un délai de 6 à 8 ans pour que l’amorce d’une vive remontée des cours soit observée. Mais ce n’est qu’un pari.
    Quand au niveau de prix à atteindre (100,200,300,380$ le baril), on est là dans les élucubrations habituelles d’économistes devins.
    Une certitude: à 100$ pour un baril aujourd’hui, tous les pétroliers se remettent à explorer.
    Une autre possibilité: que les Russes et les Iraniens se liguent pour intimider les dirigeants saoudiens et les obligent à tempérer leur politique peu commerciale.

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