Carlos Ghosn, le charismatique patron du consortium Renault-Nissan, veut que ses entreprises soient en tête dans le segment de marché du véhicule à 100% électrique, celui du véhicule hybride étant dominé par Toyota. Les opportunités sont importantes avec le projet Better Place pour lequel Renault livrera des véhicules électriques en Israël puis au Danemark, mais aussi avec le marché californien et le Denki Cube de Nissan pour le segment américain des véhicules électriques de « voisinage ». Pour assurer une telle politique de rupture et de leadership, la disponibilité d’un système batterie produit industriellement est, entre autres contraintes, indispensable. Pour cela Nissan et NEC Corporation ont formé un Joint Venture 50/50 appelé Automotive Energy Supply Corp. (AESC) qui sera en charge de produire les systèmes batteries pour l’ensemble dès 2009.
AESC va donc installer au printemps 2009 une ligne de production de batteries dans l’usine Nissan de Kanagawa au Japon. Cette première unité pourra produire jusqu’à 10000 batteries par an. Par la suite une nouvelle usine pourrait être construite pour porter la capacité de production à 60000 batteries par an. Carlos Ghosn envisage de porter alors sa part à 51% dans le JV, à l’occasion d’une augmentation de capital.
Le planning prévisionnel de Renault-Nissan pour ses gammes de véhicules électriques peut donc s’articuler de la façon suivante:
- 2009 qualification de la production industrielle des systèmes batterie pour les divers types de véhicules
- 2010 et 2011 productions des premières séries de véhicules et lancements marketing
- 2012 productions de série.
Dans une telle aventure Renault-Nissan dispose de certains atouts que sont:
- les aides des Etats (Israël, le Danemark, la Californie) qui fiscalement vont inciter le Marché à aller dans cette direction,
- la technologie japonaise et l’accès aux matériaux sophistiqués nécessaires à la construction des batteries,
- une approche marketing en rupture, semble-t-il bien ciblée pour un Marché californien en pleine mutation,
- les faibles coûts de l’énergie consommée au km parcouru aux USA, où l’électricité n’est pas chère.
Il lui faudra cependant un jour, implanter ses productions de batteries hors du Japon (en Asie, aux USA ou/et en Europe) dans le cadre de nouvelles productions locales, d’alliances avec d’autres constructeurs de véhicules et dans le cadre d’actions de réduction de coûts. Il est évident que l’administration américaine fera tout pour que cet élément essentiel dans la chaîne de réalisation de véhicules électriques qu’est la batterie, soit produit aux USA. Les pseudos constructeurs de batteries américains actuels sont plutôt des chasseurs de primes que de véritables industriels, à l’exception de Johnson Controls qui a créé un JV avec SAFT, pour accéder à la technologie.
Le 10 Mai 2008
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