L’estimation des ressources ultimes de pétrole, valeur amplement débattue et qui sera exactement égale à la somme des consommations cumulées de cette ressource quand le monde futur sera en rupture de la moindre ressource naturelle. Cette valeur a fait l’objet de bien des estimations et de diverses études analytiques. Cet exercice se poursuit aujourd’hui avec la publication de Rystad Energy qui estime les ressources encore enfouies autour des 2100 milliards de barils. Cette publication est malheureusement exprimée en volumes (et non en masse) de pétrole brut qu’il faut convertir en toute rigueur en produits pétroliers raffinés de plus faibles densités (FIG.) et auxquels sont et seront ajoutés des additifs oxygénés comme l’éthanol et autres biocarburants ou carburants de synthèse. Il faut donc convertir ces ressources brutes enfouies en produits pétroliers consommables en sortie de raffineries (« oil consumption ») autour des 2500 milliards de barils. Compte tenu d’une consommation cumulée à fin 2015, estimée à partir des publications de BP sur un demi-siècle, autour des 1400 milliards de barils, il ressort qu’à partir de cette publication les ressources ultimes, exprimées en produits pétroliers, seraient de l’ordre de 4000 milliards de barils, mesurés à la sortie des raffineries.
Cette valeur, 2 fois plus importante que celle retenue, de 2000 milliards de barils, par les adeptes du prématuré « peak oil » qui fit tant trembler la planète, a déjà été avancée par certains spécialistes raisonnables des explorations et productions pétrolières. A ces ressources ultimes, majorées par l’ajout systématique de quelques pourcents de biocarburants (E10 puis P18), il faudra rajouter les carburants de synthèse issus essentiellement des conversions de gaz en liquides (GTL) qui deviendront, compte tenu des immenses réserves de gaz naturel de la planète, une des sources essentielles de carburants dans le monde. Dès aujourd’hui le gaz naturel se substitue au naphta dans la synthèse d’éthylène et donc dans la synthèse de polymères issus de la pétrochimie.
FIG.I : le nombre de barils de produits pétroliers par tonnes n’est pas constant dans le temps. C’est la conséquence de l’évolution des mix de productions par conversion profonde vers les carburants, produits légers et de l’ajout systématique de biocarburants en sorties des raffineries:
FIG.II: Les consommations de produits pétroliers, cumulées depuis 1965 et exprimées en masses, affichent une progression quadratique. Conséquence de la progression économique et démographique du monde. La redoutable révolution énergétique de pénurie et de restrictions, tant espérée par certains idéologues et autres politiques roublards occidentaux, n’a pas encore eu lieu.
A partir de ces quelques données et études analytiques, il est possible de montrer combien est complexe l’équation d’évaluation des ressources ultimes de produits à base de chaines hydrocarbonées dans le monde. Cette valeur dépendra dans le futur des prix des produits élaborés disponibles en sortie des raffineries, prix qui détermineront les efforts réalisés dans l’exploration-production mais aussi les progrès industriels réalisés dans la synthèse de biocarburants complexes ou de simples carburants de synthèse à partir de gaz naturel.
Aujourd’hui estimer ces ressources autour des 4000 à 5000 milliards de barils de produits raffinés semble être raisonnable, il faudra, à l’avenir, actualiser cette estimation en tenant compte des progrès réalisés dans l’exploration-production ainsi que dans les techniques de la pétrochimie qui feront de plus en plus appel au gaz naturel largement disponible et aux biocarburants de plus en plus complexes.
Une seule certitude: ceci ne se réalisera qu’avec des prix de produits pétroliers et de carburants de plus en plus rémunérateurs en sortie de raffineries, prix qui permettront de rendre rentables les recherches et développements industriels à conduire. Les jours d’un pétrole à 50 dollars le baril sont comptés.
Consulter les résultats des études de Rystad
Le 7 Juillet 2016


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