Si vous voulez savoir ce que la très parisienne Agence Internationale de l’Energie (IEA) prévoit d’ici en 2040 sur les consommations mondiales de Charbon et de Produits Pétroliers, il peut être utile de rejoindre le site japaonais de l’IEEJ qui publie les prévisions de Fatih Birol et de ses équipes en avant-première.
Bien-sûr ces projections de l’IEA sont tributaires de nombreuses décisions politiques et de nombreuses contraintes en matière d’énergie. Citons par exemple les choix en matière d’électrification des véhicules passagers dans les différentes régions du monde. Autant pour un véhicule urbain une charge normale, en quelques heures, durant la nuit par exemple sera acceptable, autant pour un véhicule de long trajet, la contrainte de la charge ultra-rapide, souhaitable sinon impérative, en 10 ou 15 minutes, se heurtera à la contrainte des très fortes puissances électriques des chargeurs à installer le long des réseaux routiers et autres autoroutes. Une telle contrainte, si le réseau électrique le peut, avec ses files d’attente et son coût, dissuadera, à coup-sûr, bien des conducteurs qui reporteront leurs achats sur des types de véhicules bien plus flexibles, tels que les véhicules hybrides rechargeables, pour lesquels il sera possible de faire le plein en carburant. L’électrification tous azimuts des véhicules routiers me semble, à ce jour, très hypothétique, en particulier dans les régions du monde sous-électrifiées ou mal électrifiées. Un exemple: que penser du Politique allemand qui imposera par la loi, à tout prix, l’électrification des véhicules alors qu’une large part de la ressource électrique locale proviendra de la combustion de lignite ou de charbon, en particulier durant les six mois de pénombre hivernale germanique. Il y a là, certaines contradictions qui se transformeront, le moment venu, en contraintes fondamentales qui, au mieux, ralentiront les projets, sinon les arrêteront.
Il faut donc prendre ces projections de l’IEA avec beaucoup de philosophie.
Deux graphiques, de cette présentation, me semblent utiles à examiner:
1- celui des consommations de charbon d’ici à 2040 (FIG.I) qui décroissent en Chine (à partir de 2030?), aux États-Unis riches en gaz naturel et en Europe qui devra, elle, trouver une ou plusieurs ressources de substitution telle que l’importation de gaz naturel, mais consommations de charbon qui croissent, plus encore, en Inde et dans le Sud-Est Asiatique:
2- celui des consommations de produits pétroliers par secteurs (FIG.II) qui prévoit la fin des productions électriques par combustion du pétrole et la disparition des modes de chauffage au mazout et autre kérosène, mais qui fait croitre les usages des produits pétroliers dans les transports maritimes, aéronautiques et autres frets ferroviaires et routiers, mais aussi et surtout dans la pétrochimie, malgré la concurrence du gaz naturel.
Bien sûr comme motivations de base figurent les phénomènes de raréfaction des flux de la ressource pétrolière et la hantise de l’enfer climatique. Autant la première, avec les sous-investissements actuels des compagnies pétrolières me semble probable durant les années 2020, autant la seconde, incertaine et approximative, tendra, je pense, à perdre de son pouvoir de conviction sur l’opinion publique majoritaire et donc sur les Politiques. Ce phénomène de lassitude devrait se concrétiser lorsque les teneurs atmosphériques de CO2 tendront à se stabiliser. En effet la « neutralité climatique » apparaitra évidente vers des émissions globales de CO2 autour des 30 milliards de tonnes par an pour laquelle les flux d’émissions anthropiques tendront à équilibrer les flux croissants nets naturels de disparition de CO2. La « neutralité climatique » n’est pas zéro émission de CO2 comme l’affirme improprement l’IEA et qui projette cet évènement vers la fin du siècle, on ne sait pourquoi, puisqu’en contradiction avec ses prévisions énergétiques durant la première partie de ce siècle?
C’est pour cela que ces projections de l’IEA doivent avoir un statut d’estimation « provisoire » et approximative à actualiser durant les longues années à venir d’ici à 2040, mais la progression globale des consommations des ressources énergétiques et des rejets anthropiques de CO2 associés me semblent inéluctables dans un monde en croissance économique.
CONSULTER cette présentation de l’IEA.
ou consulter les présentations sur le site de l’IEA
Le 17 Décembre 2016



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