Je suis las de ces faux débats, menés, sans répit, par certains journalistes accusateurs et incompétents , pour nous faire regretter que les investissements dans le photovoltaïque français aient été sournoisement stoppés, sous les coups des intrigues du lobby nucléaire français, électronucléaire qui aurait dû être submergé par cette nouvelle industrie, rendue si peu onéreuse grâce aux choix commerciaux agressifs chinois. Affirmations qui oublient que l’Espagne pourtant, un temps, à la pointe du photovoltaïque européen a fait de même, devant la facture insupportable de son économie énergétique sponsorisée et que l’Allemagne, malgré ses choix pompeux, fait toujours marcher, avec succès, certaines de ses centrales électronucléaires qui lui fournissent avec la combustion du lignite local, son électricité de base.
Ces comparaisons de l’une et de l’autre des deux technologies n’ont aucun sens économique puisqu’elles ne conduisent pas à la même forme d’énergie. L’une de ces ressources est aléatoire, intermittente, saisonnière même, dans le Nord de l’Europe comme en Allemagne et en France, l’autre produit une ressource électrique de base nécessaire à la stabilité d’un réseau électrique comme celui de l’Ouest Européen interconnecté.
Je voudrais ici aborder, pour oublier un peu l’exemple schématiquement ridicule et peu ensoleillé allemand, parler des générations photovoltaïques françaises dont Enedis publie une courbe représentant la puissance moyenne journalière (l’énergie moyenne quotidienne divisée par 24 heures) du photovoltaïque fournie au réseau (FIG.).
Cette courbe montre la saisonnalité des générations, fortes durant la belle saison et faibles en hiver.
Le photovoltaïque en France, tout comme en Allemagne est une ressource énergétique saisonnière. Cela veut dire que pour transformer cette ressource en un élément d’une ressource électrique de base il faut soit comme en Allemagne disposer de larges ressources d’appoint, constituées de centrales à flamme sous-employées non rentables, qui brûlent du lignite local, du charbon importé ou local, du gaz naturel russe ou diverses ressources de biomasse ajoutées à ces combustibles de base. Le système est techniquement viable parce que ces centrales à flammes fournissent en moyenne 60% de l’énergie électrique produite en Allemagne contre 7% pour le solaire et 14% pour l’éolien. Un excédent de capacités de production de ce pays, loin d’un optimum économique, permet de s’accommoder de l’intermittence aléatoire volontairement introduite dans le système.
J’ai, à main levée, tracé sur ce graphique publié par Enedis, une droite proche de celle de corrélation de cette courbe qui permet de visualiser les excès d’énergie produits durant l’été et qu’il faudrait reporter durant l’hiver pour assurer une croissance régulière des productions avec un mode de stockage d’énergie électrique d’excellent rendement. On peut estimer aujourd’hui qu’un stockage de l’ordre de 960 GWh (200 MW pendant 4800 heures) permettrait au photovoltaïque français de délivrer 24h/24 une puissance moyenne journalière de 400 MW… seulement.
Pour comparer avec pertinence, la carotte photovoltaïque avec le navet nucléaire il faut, d’entrée de jeu, parler des moyens, du rendement et du prix du stockage saisonnier de l’électricité. Dans le bilan économique, le prix, si bas, avancé en étendard, des modules photovoltaïques chinois passera alors au second plan.


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