Le Patronat européen, nous l’avons vu, est hostile à une vente aux enchères des droits d’émissions de CO2 européens, argumentant du manque de généralisation de ces méthodes à l’ensemble des industries mondiales et du risque de délocalisation des industries énergie intensives. Mais le patronat n’est pas le seul a être opposé à un mécanisme européen de la gestion des droits d’émissions de carbone dont le projet doit être publié par la Commission le 23 Janvier 2008. Il y a aussi les industriels des énergies renouvelables, en la personne de leur représentant l’EREC (European Renewable Energy Council).
Bizarre me direz-vous? Comment ce peut-il que des bienfaiteurs du climat soient hostiles à la vente de droits d’émissions de CO2 européens?
Et bien, c’est tout simple. Ces nombreuses industries vivent généralement au crochet de subventions d’Etats, déguisées sous formes d’aides tarifaires, qui leur permettent de vendre très cher une énergie bien souvent intermittente et imprévisible. Ces industries vivent donc sur des niches locales et migrent de pays en pays, au gré des aides plus ou moins avantageuses. L’Allemagne qui a été un pays de cocagne semble se tarir, l’Espagne est un eldorado pour le solaire, le Royaume Uni pour l’éolien offshore, la France un grand pays en friches est la future cible de ces industries parasites. Mais voilà que l’Europe veut instaurer un système européen dans lequel les entreprises pourront optimiser leurs réductions de CO2 au niveau consolidé européen. Finies donc les obligations nationales, voilà la recherche d’économies à moindres frais pour un objectif globalisé, que du bon sens.
Alors l’EREC dans une lettre du 14 Janvier adressée à José Manuel Barroso demande à ce que:
- les droits d’émissions de CO2 soient gérés au niveau des Etats,
- qu’un Etat, avant de pouvoir vendre ses droits démissions à l’extérieur, ait obligatoirement atteint ses propres objectifs internes de réduction des émissions,
- et que des pénalités soient établies pour les Etats qui n’atteindraient pas leurs objectifs internes de réduction d’émissions de CO2.
On rêve!
L’EREC est un Conseil qui regroupe une douzaine d’instances de lobbying dont la liste est éclairante:
- AEBIOM (European Biomass Association)
- eBIO (European Bioethanol Fuel Association)
- EGEC (European Geothermal Energy Council)
- EPIA (European Photovoltaic Industry Association)
- EREF (European Renewable Energy Federation)
- ESHA (European Small Hydropower Association)
- ESTELA (European Solar Thermal Electicity Association)
- ESTIF (European Solar Thermal Industry Federation)
- EUBIA (European Biomass Industry Association)
- EU-OEA (European Ocean Energy Association)
- EUREC Agency (European Renewable Energy Research Centres Agency)
- EWEA (European Wind Energy Association)
Nous, pauvres citoyens consommateurs d’énergie européens, devons subvenir aux besoins de tous ces bureaux de lobbying et de leurs membres, solaires, éoliens, bios qui, Etat par Etat, émargent aux subventions, aux aides, aux tarifs règlementés. C’est l’Amérique!

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