Les États-Unis connaissent une reprise économique sans création d’emplois nous disent les économistes perplexes. Un phénomène bien connu en France et improprement baptisé, par généralisation hâtive, « modèle européen ». Dans les données très provisoires du PIB du mois de Juin, le Bureau of Economic Analysis américain nous indique que ce PIB ne s’est accru au deuxième trimestre que de 2,4% en données annualisées. Hors effet de la balance commerciale le PIB américain affiche un score honorable de reprise de 5,2%, mais il est fortement dégradé par l’effet du retrait du commerce extérieur qui impacte le PIB de -2,8 points.
Ce très mauvais résultat est confirmé par la publication des chiffres détaillés du commerce extérieur américain au mois de Juin qui voit la balance commerciale CVS se dégrader de 8 milliards de dollars en un mois, pour atteindre les 50 milliards de dollars. Ce phénomène avait été déjà observé au mois de Mai avec une dégradation moindre de 1,6 milliards. Un examen du commerce extérieur américain hors services et hors pétrole afin d’éviter de prendre en compte les fluctuations de cours, montre clairement que la reprise américaine profite pour l’instant à ses fournisseurs (FIG.).
Depuis les plus bas de 2009, les exportations hors services et pétrole se sont accrues de 20 milliards de dollars (courbe bleue), alors que les importations ont bondi de près de 40 milliards de dollars (courbe rouge) avec un très fort changement de pente pour les deux derniers mois de Mai et Juin.
Les fournisseurs traditionnels des États-Unis comme la Chine, le Japon, le Canada, le Mexique et l’Europe profitent tous de cette embellie. Citons par exemple les importations d’automobiles et autres accessoires qui sont passées de 19,5 milliards au mois de Mai à 20,8 milliards au mois de Juin en données CVS, alors que les exportations sur ce poste ne progressaient que de 0,2 milliard de dollars. De même les importations de biens de consommations courantes ont progressé de 3,1 milliards sur le mois, avec une étonnante croissance de 575 millions de dollars pour les pierres précieuses et autres diamants.
Tout se passe comme si une large partie des milliards de dollars consacrés à la relance de l’économie américaine était détournée vers une relance des importations. C’est le triste sort des économies larguées sur le plan industriel. La France et les USA se ressemblent parfois beaucoup.
Accéder aux données détaillées du BEA
Le 12 Août 2010


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