Disparités des mix énergétiques de l’électricité des pays européens

Le_commissaire                      Le commissaire européen à l’Energie, Andris Piebalgs, est convaincu que la hausse des prix de l’électricité en Europe est due à l’absence de concurrence. Ainsi, déclare-t-il : « les bénéfices de certains groupes d’électricité et de gaz ont doublé ou triplé pendant que les factures des citoyens grimpaient ». Cette analyse est semble-t-il un peu juste. Il faudrait aller plus à fond dans l’analyse, pour savoir quels sont ces groupes et quantifier l’impact de ces profits sur les prix de vente et juger s’ils sont à la dimension des augmentations de prix constatées. Pour mémoire, d’après Eurostat,  les prix industriels de l’électricité pour un MWh en Janvier 2006 et leurs augmentations en un an étaient les suivants: Allemagne (99,4 euros, +10%), Royaume-Uni (82 euros, +36%), France (57,8 euros, +0%).On le voit les disparités de prix et d’augmentations de ces prix sont considérables.

                      A titre d’exemple, le chiffre d’affaire 2006 d’EDF représentait 93 euros par MWh commercialisé (58932 Meuros/633 GWh) et son résultat net 9 euros par MWh (5777/633). Une concurrence effrainée pourrait donc théoriquement faire baisser les prix de quelques euros dans un premier temps. Cette baisse ne serait durable qu’à condition que les investissements de modernisation et d’économies puissent être réalisés malgré une profitabilité réduite. Ce n’est donc pas l’absence de concurrence qui est le paramètre de premier ordre dans l’explication de la hausse des prix, sinon l’Angleterre, où le marché est très ouvert,serait un exemple à suivre.

                     L’autre paramètre que n’examine pas le Commissaire, c’est la structure des coûts de production. Les coûts les plus stables sont ceux de l’électricité hydraulique et de l’électricité nucléaire, peu sensible aux variations de cours  de l’Uranium. Les coûts du solaire et de l’éolien sont également stables mais très élevés, les prix subventionnés sont supérieurs au prix du marché; tout accroissement de production se traduit  donc, par une montée moyenne du prix de vente du mix énergétique. Les coûts de l’électricité thermique par contre, subissent de plein fouet l’accroissement des cours du charbon, du gaz et autres dérivés du pétrole. Les variations de prix par pays vont dépendre du mix énergétique.Elect Le TABLEAU issu des statistiques de la commission à l’Energie montre la disparité des mix énergétiques utilisés par les trois pays européens. L’Allemagne, fortement dépendante du charbon et des énergies renouvelables subventionnées subit de plein fouet l’accroissement des cours du charbon et de son acheminement en Europe ainsi que de la montée en puissance des énergies renouvelables. La France à plus de 88% alimentée par le nucléaire et l’hydraulique est la mieux armée pour supporter les changements de prix des ressources primaires énergétiques, c’est l’explication du zéro pourcent d’augmentation des prix industriels en 2005. Le Royaume-Uni a une partie de son mix partagée entre gaz de la Mer du Nord et charbon, entre Charybde et Scylla diraient les Grecs, c’est lui qui a la part de nucléaire la plus faible. Il est donc fortement exposé aux variations de prix du gaz et du charbon. C’est lui qui a appliqué les plus fortes augmentations de prix en 2005, alors que c’est là que la concurrence était la plus vive.

                       On le comprend, les prix de l’électricité en Europe ne pourront pas se stabiliser sans l’existence de gros opérateurs compétitifs pouvant investir massivement dans l’énergie électronucléaire. La décision est pratiquement prise en UK, le Belge Electrabel veut participer aux projets de troisième génération, la Chancelière allemande attend les élections 2009 pour y aller et Siemens le sait bien. L’existence de soi-disant petits compétiteurs, vivant aux crochets des gros, n’ajoute que confusion au débat et n’a aucune influence réelle sur les prix.

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