Crédit Suisse, dont les spécialistes en Sociétes pétrolières sont très écoutés, recommande de surpondérer les purs raffineurs américains comme Tesoro, Sunoco ou Valero Energy. Les cours de ces pétrolières US sont proches de leur maximum en raison de superbes résultats obtenus au cours du premier semestre de cette année. Les résultats du troisième trimestre qui ont été beaucoup plus décevants, ont fait un peu décliner les cours.
Nous allons montrer que cette reprise des profits du raffinage US n’est pas gagnée en raisons des cours irréalistes actuels du pétrole brut.
Pour comprendre le raffinage il faut intégrer quelques données simples.
Les volumes: les opérations de raffinage conduisent à des produits plus légers et donc plus volumineux. Par exemple Sunoco au T3 a introduit dans ses raffineries 952200 baril par jour et il a produit 988300 bl/j de produits raffinés soit un gain de 3,8%. Mais il a du fournir de l’énergie pour raffiner, ce qui a consommé 45500 bl/j. Le bilan fait donc apparaître une perte en volume de 1%.
La valeur ajoutée: elle dépend de la différence entre les prix des produits à l’entrée de la raffinerie et ceux des productions à la sortie de la raffinerie. Plus l’outil de production sera adaptable et plus la production sera orientée vers les produits chers. En ce moment, à l’entrée de l’hiver c’est du fuel qu’il faut produire aux dépens de l’essence (FIG.)
Cette valeur ajoutée peut être aussi optimisée par des opérations de désulfurations et de conversion profonde qui permettent d’utiliser des pétroles lourds, riches en Soufre ou des « fonds de barils » peu onéreux. Une bonne raffinerie doit donc être grande et sophistiquée. Il est alors possible en orientant les consommations et les productions d’optimiser les marges. Total par exemple disposait de deux raffineries en UK. Il en a vendu une, la plus petite, et il investit dans la plus grosse.
La Fig. qui représente les ratios des prix au baril, sur le NYMEX, essence/brut et fuel-gasoil/brut permet de comprendre pourquoi le deuxième trimestre 2007 fut très rémunérateur pour les raffineurs. Il suffisait de produire de l’essence. La décroissance du ratio des cours essence/brut au troisième trimestre explique la baisse de rentabilité du raffinage américain.
Pour le quatrième trimestre, il est évident qu’il faut produire du fuel-gasoil à 110$/baril. La conversion profonde devient alors très rentable. Cependant, les marges sur l’essence, qui est majoritairement consommée, même en hiver, ne sont toujours pas très rémunératrices. Il est ainsi difficile d’adhérer à l’optimisme de Crédit Suisse, sur un regain des marges de raffinage au T4, du moins pour l’instant.

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