Le procédé de bioéthanol cellulosique de Poet présente un remarquable bilan carbone

  Fueling_revolution2[1] Poet, premier producteur d’alcool de maïs américain conduit depuis 22 ans une politique industrielle remarquable, basée sur l’existence de 26 usines agricoles s’approvisionnant en maïs récolté localement. Après avoir réduit ses consommations d’eau de 80% et d’énergie d’un tiers, la Société développe un procédé de production d’éthanol cellulosique, intégré dans le process existant et destiné à valoriser les rafles de maïs et autres résidus lignocellulosiques issus de la récolte. Jeff Broin, le patron de Poet vient de présenter un premier bilan (life cycle analysis) des émissions de CO2 par ce procédé à partir des essais réalisés sur pilote dans le cadre de son projet LIBERTY.

 Le procédé cellulosique qui n’utilise que des sous-produits des récoltes existantes de maïs et qui s’intègre dans le process existant conduit à un bilan carbone positif en raison de la production de biogaz à partir des déchets du procédé. En effet alors que les déchets de la filière maïs conduisent à des sous-produits valorisables et en particulier à de la nourriture pour animaux, les déchets de la filière cellulosique sont ici valorisés par fermentation anaérobie et production de biogaz. Il en résulte un bilan des émissions de CO2 négatif. Concrètement une partie du gaz produit servira à fournir de l’énergie à l’ensemble du procédé, y compris à la boucle traditionnelle à base de maïs.

 Ces informations persuadent le lecteur du bel avenir à prévoir pour le bioéthanol aux Etats-Unis. L’évolution de l’essence au E20 (20% d’éthanol) et la montée en puissance des véhicules Flex-Fuel utilisant le E85 devrait permettre d’atteindre un taux de pénétration du fuel-éthanol tendant vers les 30% en volume par rapport à la consommation totale d’essence. Cette proportion étant aujourd’hui de 8,5 % ce sont des consommations d’éthanol 3 à 4 fois supérieures à celles d’aujourd’hui qui sont à prévoir. Cette évolution sera d’autant plus rapide que les prix de l’essence seront élevés et que l’Administration américaine voudra relaxer la dépendance de son pays au pétrole. Il faut donc imaginer une consommation de fuel-éthanol aux USA qui devrait passer des 0,75 million de barils/jour aujourd’hui vers les 2,5 à 3 millions de barils/jour d’ici à 10 ans.

LIRE

la présentation de Jeff Broin sur le sujet.

CONSULTER le résumé des études réalisées par Air Improvement Ressource sur le bilan carbone du procédé.

Remarque: On notera dans le Tableau II que l’EPA avait imaginé un rendement bien meilleur en raison de la production d’électricité à partir des déchets ligneux. Poet, beaucoup plus pragmatique, a bien sûr préféré produire du biogaz par fermentation ce qui est dans la ligne de ce qu’il sait faire et qu’il utilise dans ses procédés.

Commentaires

2 réponses à “Le procédé de bioéthanol cellulosique de Poet présente un remarquable bilan carbone”

  1. Avatar de V
    V

    Attention, ne pas confondre life cycle analysis et bilan carbone. L’utilisation de matières non renouvelables, l’euthropisation, etc etc sont des composantes beaucoup plus larges et complexes que la vision « marketing » et simplifiée du carbone.
    C’est notamment pour ça que si le bilan de l’ADEME tient dans une feuille Excel, il faut des logiciels plus poussés pour les processus dans des logiciels spécifiques comme SimaPro par exemple

  2. Avatar de Ray
    Ray

    Effectivement certaines élucubrations relèvent parfois de concepts parfaitement abscons. Mais pour l’instant les procédés de conversion des matériaux lignocellulosiques et autres algues en carburants ne sont généralement pas compétitifs. Ceci explique leur non développement industriel et le retard cumulé de la filière par rapport aux objectifs américains. L’approche de Poet, faisant appel à des investissements marginaux limités, à partir d’une filière existante simple et agricole, semble être une des rares solutions économiquement jouables dans les conditions de marché actuelles.

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