Une fable: la consommation des ménages soutiendrait l’économie française

 Il suffit d’écouter les discours sans appel de bien de nos économistes parmi les plus prestigieux pour apprendre que la politique budgétaire laxiste des derniers gouvernements de la France est certes critiquable mais qu’elle a tout de même permis de maintenir un bon niveau de consommation des ménages, seul moteur valide de l’économie française. Dans ce domaine des choses évidentes, admises par tous, il est toujours nécessaire d’adopter un comportement prudent et de se référer si possible aux données chiffrées. Dans le cas de la consommation des ménages, l’INSEE nous apprend qu’à l’arrivée du Gouvernement Fillon, elle était en  Avril 2007 de 21,85 milliards d’euros et que trois ans plus tard elle a atteint les 22 milliards d’euros ce qui représente une progression non significative. Dans les faits, depuis trois ans, la consommation des ménages de la France a stoppé sa progression et stagne autour des 22 milliards (FIG., courbe bleue) avec une variabilité (écart type/moyenne) de 1.3%.

Dépenses-conso-2002-2010-04

Un examen de cette consommation dépouillée des achats de voitures dont les fluctuations varient en fonction des annonces sur les primes à la casse, instrument privilégié des mesures de support à l’économie, montre un profil de consommation encore plus stable (courbe rouge) qui sur trois ans a affiché une moyenne de 19,2 milliards d’euros avec une variabilité inférieure à 0,8% .

Enfin si l’on ne regarde que le commerce de détail il apparaît que durant cette période de trois ans, cette composante de l’indice global (courbe noire) a oscillé autour de 15,9 milliards d’euros avec une variabilité de moins de 1%.

Les chiffres étant têtus, il est possible de dire que la politique budgétaire hétérodoxe de ceux qui nous gouvernent depuis trois ans a tout au plus permis de maintenir à flot la consommation des ménages. Elle n’a pas dissuadé  les Français, malgré les incitations à moderniser leur automobile, à privilégier une politique d’épargne de précaution par ces temps agités. Certains médisants prétendent même que c’est ce laxisme gouvernemental ambiant qui incite nos concitoyens à épargner plus et donc à limiter leur consommation. Allez-donc savoir!

Remarque: Le taux d’épargne des ménages est passé de 14,9% à 16,2% entre 2005 et 2009 nous dit l’INSEE. Mais ce processus s’est accompagné en 2009 d’une baisse des investissements immobiliers et d’une hausse brutale de deux points de l’épargne financière (FIG.II). La perception de l’avenir des Français s’est profondément modifiée avec la crise.

Taux d'épargne ménages 2000-2009

Le 13 Juin et 14 Juin 2010

Commentaires

3 réponses à “Une fable: la consommation des ménages soutiendrait l’économie française”

  1. Avatar de anonymous56
    anonymous56

    @Raymond
    1) Je constate qu’à partir de mi 2007, les courbes se sont arrêtées de monter.
    2) Tu dis :
    « Certains médisants prétendent même que c’est ce laxisme gouvernemental ambiant qui incite nos concitoyens à épargner plus et donc à limiter leur consommation. »
    Ce ne serait pas les achats immobiliers à des prix déraisonnables qui contraignent les ménages à mettre plus dans le logement et
    moins dans la consommation.
    En 2007 ou 2008, il y avait 14 % du PIB qui a été mis dans des tas de cailloux alors que la moyenne longue est de 7%.
    Bref beaucoup d’argent dépensé en investissement non productif.

  2. Avatar de Ray
    Ray

    a56, il est évident que le taux d’investissement dans le logement intervient dans ce processus de consommation des ménages. Mais 2009 marque une forte inversion du processus avec une décroissance des investissements dans le logement et surtout, une forte croissance du taux d’épargne financière des ménages. Voir la FIG.II ajoutée dans le texte.

  3. Avatar de I.Lucas
    I.Lucas

    La crise de 2008 a été précédée d’une bulle immobilière qui se voit dans les données de l’INSEE sur l’épargne mais aussi dans les études de Frigitt
    http://www.adef.org/statistiques/index.htm
    les prix ont atteint 1,8 fois le niveau de la tendance longue qui veut que les prix immobiliers suivent les revenus salariaux.
    On est revenu à 1,6 fois … donc la correction n’est pas achevée probablement parce que les taux d’interêts sont encore à un niveau historiquement bas, ce qui permet aux ménages d’emprunter des sommes plus importantes sur une durée plus longue.
    Que signifie l’augmentation du taux d’épargne financière?
    – Elle est le miroir des déficits publics
    -la différence avec le déficit public est égale au déficit commercial (pour faire simple)
    Il y trop d’épargne par rapport aux investissements qui sont réalisés ; l’Etat emprunte cet argent… et le recycle en consommation. Combien de temps cela peut durer?
    On a donc un problème externe : le déficit commercial
    – un déséquilibre interne entre épargne (trop forte) et investissements (trop faibles)

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