Que signifie: « Réduire de 40 à 45% les émissions de GHG par Yuan de PIB entre 2005 et 2020 »?

La compréhension du Mandarin ne doit pas être chose facile. Celle des engagements des dirigeants chinois sur les futures émissions de CO2 et autres GHG de leur vaste pays est du même niveau de complexité. « China will reduce the greenhouse gas intensity per Yuan of its GDP by 40% to 45% in 2020 compared to 2005. » Cela veut-il dire que les émissions de CO2 de la Chine vont baisser? Seuls les naïfs peuvent le croire.

Les émissions de CO2 en 2005 étaient voisines de 6 milliards de tonnes et nous allons supposer le PIB=100 à cette date. En prenant une croissance moyenne du PIB chinois de 7% par an jusqu’en 2020 nous arrivons à une valeur de ce dernier de 276 (base 100 en 2005). Le ratio émissions/PIB qui était de 6/100 en 2005 devra être ramené en 2020 à 55% de cette valeur, dans l’hypothèse d’une réduction de 45%, soit 3,3/100. En multipliant ce ratio par la valeur du PIB en 2020 nous arrivons à un niveau d’émissions de CO2 de 9 milliards de tonnes (FIG.).

Chine-Copenhague-2009

Il est clair que si le PIB de la Chine évolue en moyenne de 7% par an, la population mondiale médusée n’observera au mieux qu’une timide réduction des émissions de CO2 chinoises vers 2015, après qu’elles aient atteint sinon dépassé les 10 milliards de tonnes de rejets. Ce scénario est malheureusement assez réaliste sinon très contraignant par rapport à ce qui se passe aujourd’hui, période où le charbon chinois brûle à tous vents.

En d’autres termes réduire l’intensité d’émission des GHG de 45% en 15 ans cela revient à la faire baisser en moyenne de 4% par an (racine quinzième de 0.55 = 0.961). Il faudrait donc que le PIB chinois ne progresse que de 4% par an pour que l’engagement permette de retrouver les 6 milliards de tonnes de 2005.

Alors Monsieur Borloo, ces Chinois vous font prendre des vessies pour des lanternes…chinoises!

Le 30 Novembre 2009
 

Commentaires

12 réponses à “Que signifie: « Réduire de 40 à 45% les émissions de GHG par Yuan de PIB entre 2005 et 2020 »?”

  1. Avatar de rené Grau

    Bjr,
    votre étude sur la chine renforce mon sentiment : la réduction des GHG restera au moins pour qq années encore de l’ordre du blabla. Seul un prix de l’énergie très élevé fera changer pour de bon les comportements.
    Ce que je ne perçois pas très bien, c’est en quoi un réchauffement sur le siècle de 2°c moyens serait acceptable, et pas 2.5 ou 3°c??
    En quoi ne pourrions nous pas nous adapter ??
    Si mes souvenirs sont bons, le gradient thermique est de 1 ° / 150 km environ: un réchauffement de 2.7° nous ferait vivre climatiquement dans les 400 km plus au sud, la belle affaire !?
    Les lyonnais vivrait au climat de Marseille tandis que les marseillais vivrait au climat de Rome, et alors ??
    RG.

  2. Avatar de Dr. Goulu

    la Chine dégage actuellement environ 0.65 kg de CO2 par $ de PIB (http://www.nationmaster.com/graph/env_co2_emi_kg_per_2000_ppp_of_gdp-kg-per-2000-ppp-gdp ), soit autant que l’Australie ou le Canada. En réduisant ce chiffre de 45%, on arrive à 0.29 kg/$, le chiffre actuel de la Norvège ou du Sénégal.
    Pour comparaison, les USA sont à 0.56 kg/$, la France à 0.23 kg/$ et la Suisse 0.18 kg/$, le meilleur score de l’OCDE

  3. Avatar de ray
    ray

    Ah! Docteur, les Banques Suisses émettent peu de CO2. Vous en avez de la chance.

  4. Avatar de JP
    JP

    Euh,
    Le droit à profiter des possibilités, qui sont limitées, de rejeter du CO2, devrait être également réparti.
    Je suppose que tout le monde est d’accord, non?
    Ne confondons pas les droits des individus avec les droits de l’argent. Un dollar de PNB ne possède en soi aucun droit à émettre du CO2. Un individu chinois, si. Pas plus qu’un américain, mais pas moins.
    Le graphique ci-dessus est intéressant, mais il ne permet donc pas de juger. Il faudrait le reprendre, en CO2 « par tête de pipe », et en y posant aussi les coubes des US et autres.
    On verra peut-être alors que la proposition chinoise est plus qu’honnête, car un chinois continuerait à moins polluer qu’un occidental.
    Le calcul qu’ils proposent « par dollar de PNB » n’est qu’un outil, qui permet sans limiter leur croissance de malgré tout transiter vers une économie moins carbonnée.

  5. Avatar de ray
    ray

    JP, vos bons sentiments vous honorent mais l’économie chinoise moins carbonée n’est pas pour demain, c’est tout l’objet du présent papier. JP, et si la Chine, avec ses excédents commerciaux colossaux, achetait un peu plus de gaz au Qatar et exploitait moins son charbon en décidant de stopper la construction des centrales au charbon et de les remplacer par des centrales au gaz à cycle combiné?
    Les Chinois sont statistiquement pauvres, mais la Chine est riche. C’est ça la force du Capitalisme Communiste.

  6. Avatar de JP
    JP

    Le PNB chinois est le quart de l’américain, alors que la population frole le quintuple. Si les chiffres cités précédemment par Dr Goulu (tout fier du mérite d’avoir des montagnes qui permettent de jolis barrages, mais c’est pas le sujet) sont exacts, un chinois ne polluera au max même pas le dixième d’un américain.
    Et surtout, dans le désastre d’aujourd’hui, ce chinois aura eu au total le centième de la responsabilité d’un américain. Dans ces conditions, si vous pensez qu’il y a une nécessité urgente pour des centrales au gaz (ou mieux) en chine maintenant, OK. Mais à qui revient-il de les payer? Certainement pas aux chinois.
    Je radote, mais tant pis: il faut les chiffres par tête de pipe pour juger. D’ici là, la proposition chinoise me parait à vue de nez très correcte, et ce serait une erreur grave de la mépriser. C’est du bon sens, pas forcément du bon sentiment de ma part.

  7. Avatar de Dr. Goulu

    les chiffres par tête sont là : http://www.nationmaster.com/graph/env_co2_emi_percap-environment-co2-emissions-per-capita
    L’efficacité énergétique de l’économie est un facteur de l’équation de Kaya. Si l’on admet l’idée que réduire les inégalités de revenu se fera en augmentant les faibles revenus plutôt qu’en diminuant celui des riches (nous…), alors il est vital de développer une économie peu gourmande en énergie, ce qui se fait en développant des services (banques) et des industries à forte valeur ajoutée (montres et chocolat) plutôt que de l’industrie lourde. Je pense que le calcul chinois table là dessus + le fait que leurs infrastructures une fois construites, ils auront moins besoin d’acier et de béton.
    @JP les barrages ça aide un peu, mais les centrales nucléaires ça aide beaucoup. Et la Chine a aussi de l’Uranium.

  8. Avatar de JP
    JP

    Merci Docteur,
    Or donc:
    #5 United States: 19.4839 per 1,000 people
    #46 France: 5.99255 per 1,000 people
    #80 China: 2.65908 per 1,000 people
    En résumé un chinois pèse le septième ou le huitième d’un américain. Supposons qu’au max de la courbe dessinée par ray, un chinois pèserait un cinquième d’un américain. C’est à dire autant qu’un américain qui aurait suivi un programme de réduction de 80%.
    Ils me semblent être dans les clous, quand même.
    Cela dit, je me demande si les calculs sont construits sur la base du PNB brut, ou du PNB corrigé en « parité de pouvoir d’achat ». C’est important dans le cas de la Chine, le PNB variant alors d’un facteur deux, même s’il est vrai qu’à terme cette différence va logiquement disparaitre.

  9. Avatar de Pascal
    Pascal

    Je rejoins tout à fait JP: on ne peut aujourd’hui demander à la Chine de faire de grands efforts, surtout si on regarde le peu d’efforts faits par la plupart des pays occidentaux.
    J’irai même plus loin que JP: non seulement les émissions de CO2 par habitant sont bien plus faibles en Chine qu’en occident (il me semble que c’est 6 tonnes/habitant contre 20 aux Etats-Unis) mais en plus ces émissions servent en grande partie à produire les biens de consommation de l’occident !
    Si on regardait les émissions de CO2 selon la destination des produits/services qu’ils servent à produire, les émissions des pays occidentaux grimperaient encore plus !
    Ray a cependant raison en disant qu’il serait bon que la Chine utilise des sources moins polluantes que le charbon. Mais comme JP je pense que c’est à la communauté internationale de prendre une partie des frais à sa charge.
    Nos politiques, en diabolisant la Chine, oublient de dire à leurs électeurs que les produits chinois, ce sont ces mêmes électeurs qui les consomment…

  10. Avatar de ray
    ray

    Pascal, il y a belle lurette que les dirigeants chinois répètent à tout va « Nos émissions de CO2 sont votre problème » lorsqu’ils rencontrent des responsables occidentaux. Il est clair que sans aide technologique ils ne feront pas grand-chose spontanément pour essayer de résoudre la problème.
    De plus je pense que le problème n’est pas de nature morale ou juridique accordant à chaque Chinois d’émettre son quota de CO2, en rattrapage, ou de le facturer à l’occident. C’est un problème physique et climatique. La Chine devra réduire ses émissions de CO2, quel que soit le nombre d’habitants qui la compose et quelles que soient les tâches accomplies. Il est donc indispensable de poser le problème de l’efficacité énergétique des équipements de ce pays et des quantités d’énergies fossiles qu’il consomme. C’est 25% du problème mondial. Chaque pays devra faire son ménage et se faire aider par les voisins si les forces lui manquent. La Chine dispose des moyens financiers et intellectuels nécessaires pour avancer rapidement dans la bonne direction… le jour où elle le décidera.

  11. Avatar de JP
    JP

    « De plus je pense que le problème n’est pas de nature morale ou juridique accordant à chaque Chinois d’émettre son quota de CO2, en rattrapage, ou de le facturer à l’occident. C’est un problème physique et climatique. »
    Supposons cette grille de lecture du problème. Bon, mais pour la solution, vous la construisez selon quelle logique? Celle du rapport de force? Ou bien celle qui permet un accord que chaque partie voudra respecter parcequ’elle le jugera équitable?

  12. Avatar de ray
    ray

    Obama et les dirigeants chinois au G2 ont déjà tranché cette question. Il y aura forcément une aide technologique américaine qui favorisera le business entre les deux Nations. Les Européens compteront pour du beurre. C’est pour ça que Sarko est allé en Amazonie, pour travailler sur le LUC (Land Use Change).

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