Une plus grande dissolution du CO2 dans des parties plus fraîches des océans est-elle un paramètre important pour le climat?

Il a été mentionné ici (LIRE) combien certains phénomènes récents pouvaient poser question dans le cadre de l’évolution du climat de notre planète. Deux paramètres apparaissent en particulier: la chute de la fraction atmosphérique du CO2 d’origine fossile (la vitesse d’apparition de CO2 dans l’atmosphère est plus lente que celle de sa formation par les activités humaines mesurables) et  le changement de pente de la courbe du niveau moyen des océans en fonction du temps. Il apparaît intéressant de faire figurer les deux phénomènes sur un même graphique pour illustrer la simultanéité des phénomènes (FIG.I)

FIG.I : la quasi simultanéité du changement de pente de la croissance du niveau des océans et la variation brusque de la fraction atmosphérique du CO2  posent question.

Sea-level-aFOSS-relation 

Entre 1993 et 2002 la fraction atmosphérique (aFOSS) du CO2 émis par les activités humaines mesurables (combustion des énergies fossiles et production de ciment) était de l’ordre de 55 à 56%. A partir de 2003 cette   proportion s’est mise à décroître pour atteindre 49% du CO2 émis en 2008 (FIG.I, gros points noirs). Sept points de variation de ce ratio, pour 33 milliards de tonnes de CO2 émises annuellement, cela représente annuellement dans les deux milliards de tonnes de CO2 absorbés en plus ou relargués en moins par les terres ou les mers.

Remarque: ce résultat n’est pas pur sucre, il peut être entaché par une modulation des émissions de CO2 liées aux variations d’utilisation des sols (LUC) par l’homme (destruction des forêts tropicales, reboisement, assèchement volontaire de zones humides, extension des zones cultivées, etc.). D’autre part, les climatologues distingués prennent généralement une valeur forfaitaire annuelle de 5,5 milliards de tonnes de CO2 pour quantifier ce paramètre, ce qui a pour effet de faire baisser le fraction atmosphérique qu’ils nomment alors aE. Mais cela ne change pas la nature du problème et aux 2 milliards de tonnes de CO2 perdus. (VOIR la comparaison des deux courbes).

Durant la première phase du phénomène précédent le niveau moyen des océans s’est élevé selon une loi sensiblement quadratique (courbe verte, R2 =0.88 et moyenne mobile sur 6 mois en noir), puis, à partir de 2003 un changement de pente est perceptible. Pour bien comprendre ce phénomène il ne faut pas oublier que ce niveau des mers est une moyenne mondiale avec des parties des océans qui s’échauffent, comme l’Océan Indien par exemple, et de larges zones dans l’Océan Atlantique et dans l’Océan Pacifique qui se refroidissent.

Par exemple on a vu en 2008 et surtout cette année la mousson revenir parfois brutalement sur le Sahel, en raison du refroidissement des eaux du Golfe de Guinée, condition nécessaire pour que s’établisse la mousson (FIG. II). En 2007 année calamiteuse de grande sècheresse dans la région, certains avaient déjà enterré la mousson à jamais, au nom du réchauffement climatique. Des précurseurs!

FIG.II : le retour d’eaux plus fraîches dans le Golfe de Guinée relance la mousson dans le Sahel

Mousson-golfe-guinée-2005-2009

Remarque: pour comprendre ce phénomène de mousson africaine on pourra consulter la présentation de Jean-Luc Redelsperger au Collège de France (VOIR)

On ne peut donc que s’interroger sur la coïncidence des deux phénomènes décrits par la Figure I, en sachant que le rafraîchissement de certaines zones de surface océaniques peuvent accroître l’absorption de CO2 ou inversement dans les zones chaudes faire décroître le relargage du CO2 dissous dans les courants remontant en surface. La disparition de la banquise durant les mois d’été, la plus grande fréquence des pluies sont également des paramètres qui favorisent l’absorption de dioxyde de carbone.

Ces feedbacks puissants sur le cycle du carbone méritent d’être approfondis à partir de mesures systématiques des teneurs en CO2 dans les eaux de surface. L’absence du satellite OCO de la NASA, qui devait mesurer les teneurs en CO2 sur la surface du Globe et dont le lancement a échoué au début de cette année se fait durement sentir. Le suivi de ces deux pramètres dans les années à venir va permettre d’évaluer si une période de relative stabilité climatique est en train de se former. L’inertie thermique des masses océanes explique la lenteur et le décalage éventuels du phénomène.

Le 15 novembre 2009.


 

Commentaires

4 réponses à “Une plus grande dissolution du CO2 dans des parties plus fraîches des océans est-elle un paramètre important pour le climat?”

  1. Avatar de miniTAX
    miniTAX

    « Durant la première phase du phénomène précédent le niveau moyen des océans s’est élevé selon une loi sensiblement quadratique (courbe verte, R2 =0.88 et moyenne mobile sur 6 mois en noir), puis, à partir de 2003 un changement de pente est perceptible. »
    ————————–
    @ray,
    Pour ce qui est de la fraction atmosphérique, je vous rappelle que les climatologues n’ont toujours pas résolu le problème du « missing-sink » (rebaptisé par le charabia « residual land sink » dans l’AR4 du GIEC 200) qui compte quand même pour le tiers (autour de 3 GtC/an!) des émissions fossiles alors bon, les corrélations sur des pseudo-données, bof bof…
    Et pour ce qui est du niveau océanique, le changement de pente à partir de 2003
    a des chances d’être lié au passage au satellite Jason, donc à votre place, je ne ferais pas une tonne de conjectures sur des données qui ont été là aussi torturées mille fois qui ont plus à voir avec de la réalité virtuelle que des observations scientifiques. Ces triturages infâmes des données satellitaires ont été amplement démontrées et documentées par Holgate.
    Car il faut savoir que quand les mesures par satellites ont été utilisées, à partir du milieu des années 90, pour donner le niveau océanique officiel, elles n’avaient montré aucune hausse et ont été « corrigées » pour avoir une pente positive. Les données par les marégraphes au sol, elles, n’ont montrée aucune accélération par rapport à la vitesse moyenne sur le 20e siècle (hausse autour de 2mm/an), au contraire il y a plutôt une tendance à la baisse sur ces dernières décennies selon de nombreuses études récentes cf par ex. Unnikrishnan et al 2007, Kolker et al 2007, Berge-Nguyen et al 2008.
    L’ironie dans l’histoire, c’est de voir d’un côté le GIEC continuer d’utiliser la température de surface basée sur un réseau de stations au sol en désuétude (le nombre de stations servant à compiler la température mondiale est passé de plus de 6000 à 2000 ces 30 dernières années) alors qu’il dispose pourtant de mesures par satellites performantes faites par deux centres indépendants (RSS et UAH). Et de l’autre, le GIEC préfère se fier aux données satellites alors qu’elles sont affectées par de multiples ajustements et de changement d’instrument au lieu d’utiliser les séries marégraphiques continues et homogènes sur plus d’un siècle.
    A chaque fois, le fraternité réchauffiste ne retient que les données qui l’arrangent, toujours dans le sens de l’alarmisme. Mais hé, c’est la « science » climatique.

  2. Avatar de ray
    ray

    Mon cher MT pour calculer la fraction atmosphérique je ne fais que diviser la vitesse annuelle lissée d’apparition du CO2 analysé dans l’atmosphère à partir de la parabole de corrélation (R2=0,9977) par la vitesse annuelle de formation de ce même CO2 par la combustion des carburants fossiles et la production de ciment ramenée aux 3000 milliards de tonnes de CO2 déjà présents dans l’azur. Je ne vois pas très bien où pourrait se cacher une magouille de qui que ce soit. Quand au niveau des océans j’utilise les chiffres corrigés des pressions et des variations saisonnières, de l’Université du Colorado à Boulder.
    Les diverses querelles de chapelles de climatologues auxquelles vous semblez attacher beaucoup d’importance, ne m’intéressent pas particulièrement. Mais je peux vous assurer que le CO2 absorbe dans l’infrarouge et j’ai lu que le rayonnement solaire était sujet à fluctuations. J’en déduis simplement qu’il faudra bien, un jour, que les deux paramètres soient pris en compte de façon équitable et objective dans l’établissement des outils de prévisions climatiques.

  3. Avatar de mic

    Certains chercheurs pensent qu’il serait d’ailleur possible d’emprisonner du co2 dans la mer ou les océans sans faire augmenter la température du climat.il y a plus d’info la bas http://germantmichael.wordpress.com/

  4. Avatar de miniTAX
    miniTAX

    « Mon cher MT pour calculer la fraction atmosphérique je ne fais que diviser la vitesse annuelle lissée d’apparition du CO2 analysé dans l’atmosphère à partir de la parabole de corrélation (R2=0,9977) par la vitesse annuelle de formation de ce même CO2 par la combustion des carburants fossiles et la production de ciment ramenée aux 3000 milliards de tonnes de CO2 déjà présents dans l’azur. Je ne vois pas très bien où pourrait se cacher une magouille de qui que ce soit. »
    ————————-
    Non, vous ne me comprenez pas.
    Vous calculez votre « fraction atmosphérique » en supposant que la hausse de la concentration du CO2 atmo est due aux émissions humaines (dont une fraction est absorbée) et à rien d’autre.
    Mais cette présentation simpliste est fausse car on n’est absolument pas du tout sûr pouvoir faire un lien émission humaine – hausse de la concentration, une partie de cette dernière pouvant très bien être causée par un déplacement d’équilibre des flux de CO2 biosphères-atmosphère qui je le rappelle est de l’ordre de 200 Gt/an (30x plus que les émissions humaines). En effet, on n’a aucun moyen de déterminer la contribution humaine dans la hausse atmosphérique, contribution pouvant être de 100% (selon votre présentation) tout comme 30% ou 70%. Le seul moyen pour estimer ce %, c’est les mesures isotopiques mais elles sont trop imprécise pour trancher. Pour l’instant, ce % est inconnu car si on faisait le calcul des puits et sources dans le flux de 200 Gt/an évoqué, on se retrouve avec environ 3GtC/an (soit presque la moitié des émissions anthropiques annuelles) en trop dans les bilans d’où le fameux « missing sink », le graal que les spécialistes du cycle carbone cherche depuis 30 ans sans trouver.
    Bref, c’est une histoire affreusement complexe avec bien plus d’incertitudes que vous ne laissez entendre. Incertitudes non seulement au niveau des mesures (pour la concentration OK mais pour les émissions humaines, les incertitudes sont majeures non seulement parce qu’on se fie à des comptabilités nationales en consommation de fossiles pas toujours fiables mais surtout parce qu’on doit prendre en compte le changement d’usage des sols) mais aussi au niveau du bilan des flux principaux (cf missing sink).
    Ce n’est pas évident d’expliquer la question simplement en qq paragraphe, donc je vous invite à vous renseigner plus sur la question, notamment sur le « missing sink » avant de conjecturer sur d’éventuels liens avec d’autres variables. Tant que chacun y va de ses chiffres et de sa théorie (cf par ex. ici : http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/climatologie-1/d/les-puits-de-carbone-remis-en-cause_12215/ ) tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il faut des données plus précises.

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