Le marché des modules photovoltaïques a connu bien des vicissitudes en 2008 avec, à partir de l’automne, un quasi arrêt des aides et des autorisations espagnoles à l’installation de ces équipements. En raison de ce gel du marché espagnol, c’est l’Allemagne qui a repris le leadership en devenant le premier débouché européen des modules solaires en 2009. Ce marché germanique devrait atteindre cette année dans les 1,5 GW de modules installés. Il représente une grosse part du gâteau du marché mondial qui devrait se rapprocher des 4 GW. C’est donc un marché très important pour la profession. C’est par exemple la principale zone commerciale du N° 1 mondial, l’américain First Solar qui s’impose grâce à une politique de prix très agressive et des productions locales dans la technologie Cd-Te. Mais c’est aussi un gros débouché pour les productions chinoises et bien sûr allemandes.
Ucilla Wang de Greentech Media, la journaliste d’origine coréenne qui connaît le mieux le monde du solaire américain, rapporte qu’un analyste de la Deutsche Bank, Alexander Karnick, vient de publier une note attirant l’attention des investisseurs sur les risques politiques inhérents à cette activité en Allemagne. C’est une activité fortement soutenue par les Verts de la coalition au pouvoir, mais de plus en plus d’hommes et de femmes politiques allemands s’insurgent contre les aides tarifaires jugées trop avantageuses qui profitent beaucoup aux entreprises chinoises. Rappelons que les tarifs pratiqués, entre 320 et 430 euros par MW selon la taille de l’installation, sont particulièrement avantageux pour l’opérateur, mais le sont beaucoup moins pour le consommateur d’électricité allemand. Dans le cadre des élections à venir et d’une probable dislocation de la coalition au pouvoir, il existe une possibilité non nulle pour que la politique d’aide à l’industrie photovoltaïque en Allemagne soit challengée et que les aides tarifaires soient réduites. Une telle décision entraînerait, pour les années à venir, de fortes modifications de volumes et de prix pour les industriels du photovoltaïque sur le territoire allemand.
Il apparaît de façon de plus en plus évidente que pour poursuivre sa croissance l’industrie du photovoltaïque va devoir fortement réduire les prix de ses modules, afin que les opérateurs puissent dégager une rentabilité acceptable, malgré des aides tarifaires modérées qui devront tendre vers zéro. Les technologies en couches minces qui permettent de produire, de façon totalement automatisée, des modules de plusieurs m2 de surface, sont appelées à se confronter aux productions de modules chinois, composées essentiellement de cellules issues de wafers de silicium, connectées entre elles. La politique de First Solar qui a réussi à prendre en quelques trimestres la place de N°1 mondial, illustre par sa politique de réduction des coûts et de montée en volumes de production la bonne démarche. Au deuxième trimestre de cette année, l’américain a produit 278 MW de modules contre un peu moins de 220 MW au premier trimestre. Grâce à la montée en puissance des productions de ses usines en Malaisie, le constructeur atteint un coût moyen du Watt produit de 87 cents. Son objectif est d’arriver à 65 cents en 2010 (FIG.).
Le 18 Août 2009
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