L’énergie électrique à la demande, une autre façon de poser l’équation des besoins en énergie pour notre pays

Electricite                 La France, imprégnée de colbertisme centralisateur, a toujours posé ses problèmes de besoins en énergie électrique de façon centralisée et globale. Cette démarche a permis à notre pays de s’équiper d’un parc de centrales nucléaires qui assure aujourd’hui plus de 81% de la génération électrique de notre pays, selon RTE. D’autre part, une partie non négligeable de l’énergie électrique, à hauteur de 12%, provient des centrales hydroélectriques de montagne ou au fil de l’eau, les 7% restants sont essentiellement assurés par des centrales à flamme au charbon héritées des anciens Charbonnages de France ou du vieux parc rénové d’EDF. L’ensemble manque de flexibilité et de réactivité ce qui oblige notre pays, globalement exportateur d’énergie électrique, d’importer en moyenne, aux environs de 1700 MW de puissance électrique fortement carbonée en provenance d’Allemagne, pour assurer les appels de pointes de courant ou les baisses inopinées de production nationale. Il est donc indispensable que le réseau français, trop rigide, gagne en souplesse dans sa génération de puissance électrique et par la même occasion, qu’il mette au rancard ses vieilles centrales au charbon. Cet appoint de réactivité peut être obtenu par des centrales au gaz naturel à cycle combiné couplées à quelques ressources renouvelables éoliennes ou photovoltaïques en nombre limité. Les réalisations en cours de centrales au gaz naturel à cycle combiné par EDF ou par Powéo sont donc une excellente chose pour notre pays.

                 Mais il est une autre façon de poser le problème de ce vaste réseau qu’est le maillage de génération, de distribution et de consommation d’électricité. C’est un ensemble qui n’est pas du tout centralisé et dans lequel chaque cellule de consommation élémentaire, la maison ou l’appartement, peut jouer un rôle important sur la consommation et l’appel de puissance. Notre pays dénombre 27 millions de foyers et 31 millions de logements environ, la différence représentant les résidences secondaires ou inhabitées. De nombreuses équipes de réflexion dans le monde, qui préparent l’avenir considèrent qu’un foyer peut être doté, grâce aux technologies modernes en pleine révolution, de capacités de stockage et de production d’énergie électrique. La maison ou l’appartement pourra alors optimiser sa ressource énergétique: c’est le concept du réseau d’énergie à la demande (on-demand energy network).

             Je vous propose, pour illustrer ce concept, de faire un petit exercice chiffré concernant la France métropolitaine.

            Notre pays consomme quotidiennement (hors grande industrie) entre 750 GWh au mois d’Août et 1400 GWh l’hiver d’énergie electrique nous informe RTE. Cela représente donc en moyenne entre 28 et 52 kWh par foyer. Nous allons supposer qu’un certain nombre de foyers vont s’équiper d’un moyen de stockage d’électricité (batterie) pour pouvoir assurer 10% d’autonomie de leur consommation hivernale, soit 5 kWh en moyenne. En d’autres termes ces maisons ou appartements pourront en moyenne se déconnecter totalement du réseau durant une ou deux heures par jour l’hiver et près de deux à quatre heures l’été. Si l’on suppose 20% environ des foyers français disposant de ce stockage (dans les 5,4 millions) cela représente une capacité de stockage quotidienne de 27 GWh mobilisable aux heures de pointe. Il faut comparer cette valeur à celle de l’énergie pompée en heures creuses dans les barrages de montagne qui est de 19 GWh par jour en moyenne.

             Cet exemple simple et bien sûr trop approximatif, montre qu’une capacité de stockage d’énergie électrique raisonnable dans un nombre limité de foyers peut conduire à un accroissement important de la flexibilité de la demande du réseau. Ce report de pointes de puissance se concrétise par une moindre sollicitation du réseau et une moindre utilisation de moyens d’appoint de production hautement polluants.

             Bien entendu il faut associer à cette capacité de stockage un système de génération photovoltaïque et à la présence éventuelle d’un véhicule électrique qui comportera une batterie d’au moins 16 kWh.

             La maison ou l’appartement ou l’immeuble se comporte alors, à la fois comme un consommateur, un générateur et un stockeur d’énergie électrique. Il peut élaborer, en dialogue avec le réseau, sa propre stratégie de génération de courant en fonction de la météo, de stockage de complément en heure creuse, d’effacement en heure de pointe en fonction de la saison, de consommation du véhicule électrique et prendre en compte l’absence des habitants durant une plus ou moins longue période, etc., c’est l’énergie à la demande.

          La mise en place d’un tel système complexe hautement décentralisé doit être élaborée au niveau national, par la publication de normes et de règlements, la mise en place d’une politique tarifaire incitative et le lancement d’un grand projet industriel et commercial associant les acteurs du marché de l’énergie électrique (distributeurs, industries de l’électrotechnique et des batteries). La France dispose de toutes les compétences intellectuelles et industrielles pour mener à bien un tel projet sur plusieurs décennies.

Les enjeux sont simples, ils peuvent se résumer ainsi:

  • rendre les plus constants possible les appels de courant à l’échelle de la journée,
  • s’affranchir des importations de courant en provenance d’Allemagne,
  • participer au démantèlement des centrales au charbon en Europe,
  • devenir un gros exportateur d’énergie électrique décarbonée en Europe,
  • assurer les besoins d’énergies pour les futurs véhicules électriques (15 GWh/jour par million de véhicules)
  • réduire la facture énergétique et les taxes carbone de chaque citoyen.

Le 16 Juillet 2009

Commentaires

20 réponses à “L’énergie électrique à la demande, une autre façon de poser l’équation des besoins en énergie pour notre pays”

  1. Avatar de Marvin
    Marvin

    Je suis d’accord, c’est l’avenir.
    Mais quand on voit que l’on ne sait même pas qui va payer les compteurs intelligents, ça me semble encore plus problématique pour des batteries.
    Enfin, et d’une manière générale quant au contenu de ce blog, j’aimerais rappeler que le kWh le moins cher, et qui ne pollue pas, c’est celui qui n’est pas consommé.

  2. Avatar de Loran
    Loran

    Cet article est extremement pertinent.
    On peut meme aller un peu plus loin que les pics connus aujourd’hui et imaginer que cela permette de compenser des diminutions de vent ou l’apparition de nuage dans le cadre d’un développement massif des énergies renouvelables.

  3. Avatar de ray
    ray

    Pas de bol Marvin, je ne fais pas partie des nostalgiques qui ont oublié les conditions de vie pas très réjouissantes d’il y a un demi-siècle, surtout si l’on était pauvre et malade.
    Le gaspillage est une formidable ressource, je dois être parmi les premiers à avoir pronostiqué la stabilisation des conso de pétroles dans le monde devant le spectacle du gâchis d’énergie américain et canadien. Ce concept n’est pas encore admis par tous et l’on voit toujours des courbes ascendantes de consommation, comme si de rien n’était.
    Mais je préfère parler de faits et de chiffres plutôt que de bercer le gogo d’illusions.
    Navré Marvin, mais je sais qu’il y a de nombreux blogs sur lesquels on vous expliquera que consommer de l’énergie ne sert à rien. Alors mon vieux, allez-y! Et faites des économies de kWh.

  4. Avatar de Marvin
    Marvin

    Pourquoi stigmatiser, ironiser à chaque fois que quelqu’un émet un commentaire n’allant pas dans votre sens?
    C’est vraiment fatiguant, et ça enlève selon moi de la valeur aux très pertinentes idées et visions qui sont développées ici. Malheureusement le débat n’est pas permis, puisqu’en face du moindre avis n’allant pas dans le sens de l’auteur on ne récolte que railleries au lieu d’arguments.
    J’ai pourtant relu mon message une bonne dizaine de fois, je ne vois pas de nostalgie par rapport aux conditions de vie du milieu du XX.
    Je ne crois pas non plus avoir dit que consommer de l’énergie ne sert à rien.
    Non.
    Incidemment ma question était: Vaut-il mieux à l’heure actuelle investir dans les réseaux ou dans les usages?
    1€ est-il mieux placé dans des dipositifs de stockage / délestage ou dans des appareils électroménagers / de chauffage économes?
    Voilà ma question, à laquelle on peut répondre avec des faits et des chiffres, sans bercer le gogo d’illusion.

  5. Avatar de Christian
    Christian

    Cher Marvin,
    vous n’êtes pas seul.
    Cher Ray,
    je vais tenter d’apporter un peu d’eau au moulin de la réflexion, et je vais vous heurter de front, par pur jeu, quitte également à paraître un peu naïf.
    L’ensemble des idées que vous proposez ici sont dans l’air depuis quelques années, mais n’ont acquis de force que ces dernier mois.
    Vous semblez dans votre dernier paragraphe préconiser une stratégie nationale… En complète contradiction avec vos remarques anti-colbertistes du début de votre réflexion.
    Apprenons de la dernière révolution industrielle qui ait eu lieu : celle de l’informatique libre et du web.
    Les premiers acteurs industriels sérieux qui se positionnnent n’ont pas attendu, n’attendront pas d’hypothétiques normes franco-françaises ou européennes, qui n’ont guère plus de chance de survie qu’une loi HADOPI écrite par des ignorants technologiques, hélas.
    En l’occurence, Google ou IBM (qui fait actuellement une campagne de publicité mondiale sur le « smart grid ») sont des rouleaux compresseurs déjà en marche aux US, et vont vite rentabiliser les centaines de millions injectées en R&D grâce à leur marché intérieur.
    Pour survivre une seule solution, à enclencher à l’échelle européenne : autoriser « la bricole », favoriser des plateformes ouvertes, pour lesquelles la norme est de fait et non a priori.
    Alors certes, ce n’est pas que du software, mais du hardware, et l’installer en ligne n’est pas anodin. Mais quoi ! La moindre clé USB a aujourd’hui plus d’intelligence qu’un PC d’il y a 5 ans, et coûte quelques centimes. La batterie est une question délicate. Mais une architecture modulaire devrait permettre de les interchanger.
    Réponse pour Marvin à la question « qui va payer ? » : chacun dès lors qu’il y gagnera de l’argent.
    Les gens qui vivent à la campagne ou en grande banlieue ne connaissent pas leur chance de pouvoir tenter ces expérimentations dans leur garage, et peut-être de devenir un jour les Linus Thorvald de l’électricité décentralisée.
    Moi, pauvre urbain, technologiquement dégourdi, fer à souder en main, quelle n’est pas ma frustration de ne pouvoir participer, comme citoyen, sans attendre que la solution vienne d’en haut… Car enfin, voilà bien un chantier démocratique.
    Aux fers à souder citoyens !

  6. Avatar de ray
    ray

    Christian, croyez-vous sincèrement que l’on puisse attendre quelque chose de l’Europe dans le domaine d’une quelconque politique énergétique? Pour ma part je suis intimement persuadé que l’Europe de l’énergie est en panne pour de longues décennies, le temps que notre voisine germanique remette en cause ses choix internes antinucléaires et de façon antinomique, son désir d’alliance avec la Russie pour développer un pôle nucléaire intégré sur le modèle d’AREVA. C’est une des raisons pour laquelle je préconise une démarche nationale. L’autre étant l’implication obligatoire d’EDF et de RTE dans un tel processus.
    Que beaucoup parlent de Smart Grid depuis bien des années, j’en suis d’accord avec vous. Mais chacun met un peu n’importe quoi derrière ce concept parfois brumeux. Pour ma part il ne prend toute sa consistance qu’avec la mise en commun de modules photovoltaïques sur le toit, d’une batterie en tampon et d’une voiture électrique dans le garage. Certains ajouteront éventuellement une pile à combustible que je disqualifie en raison de son piètre rendement électrique et de ses émissions de CO2.
    Je pense que les premiers dans le monde qui mettront réellement en place un tel réseau seront les japonais en raison de leur volonté de réussir ensemble.
    Je ne vois pas comment avancer dans un projet de ce type sans réelle volonté nationale. Pour moi, c’est une évidence.

  7. Avatar de ray
    ray

    Marvin, j’avais trouvé votre phrase péremptoire: « Enfin, et d’une manière générale quant au contenu de ce blog, j’aimerais rappeler que le kWh le moins cher, et qui ne pollue pas, c’est celui qui n’est pas consommé. » complètement stupide sur la forme, reprenant la propagande en vogue sur des mesures largement insuffisantes par rapport au problème posé. On ne coupera en deux ou en trois les émissions de CO2 dans le monde qu’en démantelant les centrales au charbon. On peut, bien sûr isoler et promouvoir des constructions innovantes, mais ce sera trop lent et insuffisant parce que le gaspillage et la pollution ont lieu en amont, lors de la génération d’électricité. L’exemple le plus schématique est celui de l’Allemagne qui amuse la galerie avec ses éoliennes et ses villes écologiques pilotes, mais continue à brûler des millions de tonnes de lignite et de charbon. Elle devra un jour, bâtir un plan d’urgence de démantèlement, relancer le nucléaire, lancer des centrales à gaz à cycle combiné. En attendant nous l’aidons, en important son électricité, à maintenir en activité ses centrales polluantes.

  8. Avatar de Christian
    Christian

    Cher Raymond,
    Vous avez perdu toute confiance dans l’Europe pour réagir sur ces questions, et peut-être avez-vous raison. Permettez-moi de faire preuve du même pessimisme à l’échelle nationale…
    Comment un Etat, sans ressources financières, dont l’ensemble des plus hauts responsables sont non-scientifiques de formation peuvent-ils appréhender ces questions et un mode moderne d’y répondre ? Ajoutons de surcroît l’absence d’acteur industriel prédominant.
    Où sont passés les X ? (en dehors de NKM ?)
    Science-Po a bien ouvert une filière de formation commune avec l’Université Pierre et Marie Curie, mais bon…
    En attendant, c’est à nous citoyens éclairés et techniquement équipés de prendre l’initiative… Pour ceux qui habitent en pavillon, hélas.

  9. Avatar de PG
    PG

    Une approche encore plus simple du délestage existe depuis longtemps, sous la forme des tarifs EJP, puis TEMPO d’EDF (pour les particuliers), qui modulent le coût de l’electricité en fonction de la demande. En période de pic, le tarif est dissuasif, et incite à réduire drastiquement sa consommation (notamment : se chauffer avec autre chose : du bois pour moi en l’occurence). C’est très efficace, et la généralisation de ce type d’abonnement résoudrait simplement les problèmes de pics. Malheureusement, EDF ne souhaite plus reconduire ces abonnements « pas assez rentables » pour elle …
    Il faudra bien choisir un jour entre la finance et la planète …

  10. Avatar de ray
    ray

    Oui effectivement j’ai discuté avec certains ouvriers qui avaient choisi un mode de tarification électrique très avantageux et ne pouvaient pas chauffer leur maison les jours de grand froid.
    Mais je vous rejoins, PG, sur la nécessité de moduler les tarifs électriques en fonction de la puissance appelée, mais à condition de proposer une solution de type batterie tampon qui prendrait le relai pendant une heure ou deux.

  11. Avatar de ray
    ray

    Mon cher Christian, je partage malheureusement votre pessimisme sur la pertinence des choix de notre administration et de nos politiques issus des mêmes filières d’un autre temps. Mais je suis en total désaccord avec vous sur la partie industrielle: des acteurs comme SAFT et Schneider, entre autres, seraient tout à fait capables de proposer des systèmes module photovoltaïque-batteries-onduleur-intelligence-compteur qui auraient une durée de vie de 15 ans (entre 5000 et 6000 cycles). Quand à la partie financière, un prix objectif en grande série de 1200 euros par kWh installé, 6000 euros pour 5 kWh, avec une aide fiscale de l’Etat de 2000 euros conduirait le propriétaire du système à réaliser, pour amortir sa mise sur 8 ans par exemple, une réduction de sa facture électrique de 500 euros par an. 250 mille unités par an installées durant 20 ans coûteraient au contribuable 500 millions par an. J’ai connu pire!
    Remarque: je vous rappelle que les constructeurs automobiles japonais travaillent sur un objectif de prix de batterie de 500$ le kWh, avec de grandes contraintes de sécurité, de volumes et de masses.

  12. Avatar de Dr. Goulu

    Le colbertisme n’a rien à voir dans le fait que la France, comme beaucoup d’autres pays, a une production fortement centralisée. Il y avait d’une part des contraintes techniques qui faisaient que la synchronisation de petites génératrices et l’équilibrage du réseau entrainaient des pertes élevées. D’autre part, la production d’énergie est très sensible au facteur d’échelle.
    Une unité de production de 1 GW quelle que soit sa nature coute beaucoup moins cher que 1000 unités de 1MW de même nature, et produit donc de l’énergie meilleur marché. On le voit avec les éolinnes, qui deviennent de plus en plus grandes, avec les centrales solaires (thermiques) qui produisent de l’électricité à moitié prix du solaire photovoltaïque etc.
    Produire de l’électricité pour les pointes de demande exige en effet de pouvoir moduler la production, mais un système de stockage décentralisé tel que proposé dans l’article combine deux inconvénients : il renchérit (d’environ 20 cts/kWh) le cout de production d’une petite installation déjà désavantagée par sa taille.
    Un petit calcul montre que 10 litres d’eau dans un lac de montagne situé 1000m au dessus d’une turbine contient autant d’énergie potentielle (280Wh) qu’un litre de batteries au lithium bien chargées.
    Stocker 27GWh comme proposé dans l’article demande donc soit près de 100’000 m3 de batteries, soit une fraction non négligeable des réserves mondiales de lithium, soit 1’000’000 de m3 d’eau dans un tout petit barrage alpin.
    En Suisse, nous avons choisi. Nous construisions juste à la frontière, au fond de la vallée de Chamonix l’installation du http://www.nant-de-drance.ch, dédié au pompage turbinage. Nous vous achetons de l’électricité nucléaire à 40 Euros le MWh la nuit et vous en revendons une partie autour de 400 Euros le MWh le jour. Merci pour les MWh de différence que nous gardons, et merci pour le cash!

  13. Avatar de Christian
    Christian

    Cher Raymond,
    J’avoue, j’ai oublié Schneider… Mais quelle est leur réactivité et leurs chances vis à vis d’un Google ou d’IBM ?
    Discutons des chiffres…
    Je vous trouve un peu optimiste sur la durée de vie des batteries : 15 ans. Celle de ma dernière voiture a lâché au bout de 6 ans, et celles des onduleurs que je gère (pour l’informatique) lâchent au bout de 5-6 ans également.
    Je suis d’accord pour dire que les batteries plomb ont de l’avenir et une certaine marge de progression…
    Comment avez-vous estimé le prix de l’installation ? Personnellement, je vois deux façons de l’estimer :
    – une batterie de voiture, 0,6 kWh, environ 50 euros, soit pour 5 kWh ~350 Euros + l’électronique, disons 1000 Euros, total 1350 Eur.
    – un onduleur informatique haut de gamme, Symmetra LX chez APC (Schneider quoi) 15 000 Euros pour 5 kW pendant une heure…
    Dernière question : comment évaluez-vous l’économie réalisée ?

  14. Avatar de ray
    ray

    Cher Docteur, je vois que les Helvètes n’ont pas perdu le sens des affaires, et cela me réjouit. En dehors des contrées montagneuses largement arrosées par les pluies, stocker de l’énergie électrique n’est cependant pas chose aisée, je vous l’avoue.
    Je voudrais également vous préciser qu’il existe de nombreux couples électrochimiques, autres que ceux au Lithium, qui peuvent être de bons candidats pour les batteries fixes. Oublions les batteries au plomb de notre ami Christian qui souffrent d’une durée de vie en cyclage trop limitée. Un très bon candidat par exemple est le couple Sodium-Soufre qui utilise du sulfure de sodium et de l’alumine comme séparateur entre les deux polarités. LIRE absolument: http://www.leblogenergie.com/2008/12/les-batteries-s.html
    Le grand spécialiste mondial est le japonais NGK Insulators qui propose de grosses installations, mais rien ne s’oppose à un design de quelques kWh dans un emballage thermostaté à définir. Une centaine d’accumulateurs de 50Ah de 2V chacun conduirait à une batterie de 10 kWh tout à fait acceptable, réalisant aujourd’hui 4500 cycles à 85% de profondeur de décharge.
    Quand à la pénurie en Lithium Docteur, laissez ce genre de menace aux aux millénaristes de tous poils qui prévoient la fin de tout. L’allemand Chemetal et le chilien SQM estiment à ce jour les réserves exploitables de Lithium entre 14 et 17 millions de tonnes et c’est un produit aisément recyclable sous forme de carbonate. De quoi à soigner de nombreux cyclothymiques.

  15. Avatar de ray
    ray

    Christian, oubliez les batteries au plomb dont le prix de revient est celui de leur poids en plomb (très en deçà de vos 50 euros) et qui pour cela sont imbattables en batteries de démarrage. Mais leur aptitude au cyclage est faible et donc inadaptée à ce genre d’application pour laquelle il ne faut pas de maintenance pendant 15 ans.
    IBM et Google sont incapables de faire des batteries et des onduleurs. Ils sont totalement disqualifiés pour ce genre d’équpements.
    NGK Insulators affirme qu’il pourrait faire baisser le prix de ses batteries Sodium-Soufre à 140 dollars par kWh pour de grosses batteries. Pour une batterie plus petite on peut donc espérer un prix plancher de 200$/kWh à comparer aux 500$ des batteries au Lithium. Quel que soit le choix de batterie qui pourrait dépendre de l’environnement de l’installation, il reste encore de la monnaie pour se payer les modules photovoltaïques (1000$ pour 800 watts) et un peu d’électronique de puissance à T-70 ou T-75 par rapport à vos tarifs catalogues.
    Bien sûr tout cela n’est pas évident, mais un projet de masse à 1,5 milliards d’euros de CA par an pendant 20 ans en vaudrait la chandelle.

  16. Avatar de Dr. Goulu

    J’ai mentionné les batteries au lithium pour illustrer mon propos car elles offrent la densité d’énergie la plus élevée actuellement, mais ça vaut aussi pour le plomb, le sodium/soufre et tout ce que vous voulez : l’eau est meilleur marché.
    Selon cet article (http://www.actu-environnement.com/ae/news/hydroelectricite_legislation_developpement_2191.php4) le potentiel hydroélectrique exploitable en France est de l’ordre de 13 TWh/an soit 35 GWh/jour, plus que les 27 GWh que vous proposez de stocker. La difficulté est en réalité de disposer de réservoirs d’eau en plaine pouvant être pompé pendant la nuit.
    Etes-vous surs de n’avoir aucun endroit en France qui conviendrait, alors que nous avons plusieurs projets en Suisse ? Si vraiment vous n’en avez pas, je vous causerai du stockage par air comprimé …

  17. Avatar de xav
    xav

    la decentralisation est une usine à gaz.
    quand on voit comment la gestion des reseaux est complexe aujourd’hui avec 40 millions de consommateurs et un millier? de site de production, j’ai du mal à imaginer un systeme operationnel avec autant de producteur que de consommateur
    La gestion des stop/go , les priorites.
    Je ne vois pas de systemes experts decentralisés capables de realiser ces prouesses de façon stable et robuste
    autant mettre les 500 millions d’euro dans le thermonucleaire ou le nucleaire 4G
    de toute facons, avec le developpement à venir des voitures electriques le probleme de l’energie electrique en surplus pendant les periodes creuses disparaitra de lui meme !

  18. Avatar de Christian
    Christian

    Cher Dr. Goulu,
    Effectivement les sites hydroélectriques susceptibles de permettre du STEP à coût réaliste sont tous équipés en France, et si ce n’est pas le cas, la marge est infime…
    J’ai toujours pensé que pour aller plus dans ce sens, il nous faudrait vous annexer… (je blague)
    😉
    Quand au stockage d’air comprimé, il me semble que Raymond en a déjà traité ailleurs…

  19. Avatar de JP
    JP

    « En dehors des contrées montagneuses largement arrosées par les pluies, stocker de l’énergie électrique n’est cependant pas chose aisée, »
    J’ai souvenir d’avoir déjà expliqué ici qu’il n’y avait nul besoin que les sommets soient arrosés. Avoir de l’eau dans la partie aval du système est largement suffisant.
    Parfois, Ray n’a pas envie de savoir. Ne lui jettons pas la pierre. Ray aime les batteries (mais pourquoi? :)). Et Ray est constant en amour.

  20. Avatar de ray
    ray

    JP, pour avoir de l’eau en aval, il faut tout de même qu’il en tombe un peu sur les montagnes, ne serait-ce que pour compenser l’évaporation et permettre au gardien de la turbine de boire un Ricard de temps en temps.
    Pourquoi j’aime les batteries? C’est bien simple, c’est parce que le stockage de l’électricité est un problème fondamental et pour l’instant mal résolu. Le pompage hydraulique nécessite un paysage montagneux et escarpé, les volants à inertie ne possèdent pas suffisamment d’énergie et sont encombrants, le stockage par compression d’air doit être adiabatique pour valoir le coup et ne dispose pas qui veut d’une grotte de sel désaffectée et des turbines qui tiendront le coup à des températures très élevées. Les stockages thermiques seront limités en énergie et en rendement. Il reste donc le stockage chimique, mais avec quel rendement global ou électrochimique.
    Je crois donc en l’avenir des batteries fixes de type sodium-soufre pour le stockage de l’énergie électrique parce que l’alumine, le sodium et le soufre ne sont pas chers (sulfures de sodium) et sont abondants. Un développement et une industrialisation sérieux de ce couple électrochimique devraient conduire à des produits économiquement très attractifs. Seuls les Japonais travaillent à ce jour sérieusement sur le sujet.
    Quand à la traction électrique assurée par des batteries au Lithium, elle va au cours de ce siècle tout simplement constituer un nouvel exemple de substituabilité des sources d’énergies en remplaçant l’essence ou le gasoil par de l’électricité d’origines diverses et variées. C’est tout de même un gros truc qui justifie mon enthousiasme.

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