Les statistiques européennes sont incapables de nous dire combien de tonnes de fret ont été acheminées par transport routier en 2006 en Europe, l’Italie n’ayant pas encore publié ses données (VOIR). Les statistiques européennes et plus généralement la pertinence des informations et des analyses dont dispose la Commission Européenne sont d’un très faible niveau et d’une fraîcheur douteuse. Nombreux dans l’opposition reprochent à la Commission Européenne de souffrir d’un mode de désignation peu démocratique, je pense que ce point est tout à fait mineur par rapport à son niveau d’incompétence technique et son inaptitude à élaborer des propositions. La Commission Européenne ne pourra s’affirmer que si elle dispose un jour de données statistiques pertinentes et d’équipes de premier plan qui réaliseront des analyses et proposeront des scénarios d’actions aux politiques. La pauvreté des connaissances et des propositions de la Commission dans le domaine de l’énergie et des transports en est un exemple. Ne rappelons pas les objectifs de Lisbonne dans le domaine de la R&D qui devaient faire de l’Europe, par je ne sais quel miracle, le leader mondial dans le domaine. Enorme FLOP, illustrant l’ignorance des politiques et surtout de l’organisme exécutif dans le retard accumulé de l’Europe dans le domaine de la R&D et dans la lente viscosité d’une hypothétique remontée en puissance.
La Commission souffre d’un très grave handicap: l’incompétence. C’est la raison qui explique la versatilité des ses dirigeants qui essaient de louvoyer entre les divers points de vue des Etats Membres. Ils sont incapables de présenter un état des lieux pertinent et d’imaginer les évolutions possibles. Un exemple: quel est le point de vue de la Commission sur le nucléaire? Elle n’en a aucun. Que doivent devenir les centrales au charbon européennes? Question clé pour progresser dans le domaine des émissions de CO2. Doit-on les rénover, les remplacer, en détruire certaines? Quelles seront les ressources énergétiques du futur en Europe? Autant de questions sans réponse. J’arrête, la liste serait longue.
Je voudrais ici poser une question simple dans le domaine des transports terrestres: combien coûtent chaque année les embouteillages de circulation à l’Europe? Dans ce coût bien sûr, doivent figurer les dépenses occasionnées, les heures perdues par les conducteurs et les millions de tonnes de CO2 et autres gaz larguées inutilement dans l’Azur. La réponse de l’Agence Européenne de l’Environnement c’est qu’environ un million de tonnes équivalent CO2 sont émises chaque année par les transports, ce qui représente environ 20% du total des émissions. Une étude de CE Delft précise que 900 MT de CO2 sont émises par les transports terrestres et que 25% de ces émissions (224 MT) sont dues aux poids lourds. On sait par comparaison qu’aux Etats-Unis les émissions de CO2 dues aux transports se sont élevées en 2008 à 1,9 milliards de tonnes, représentant 33% des émissions totales américaines.
La réponse précise à la question posée ci-dessus est j’en ai bien peur: on ne le sait pas. Le coût des embouteillages en Europe est méconnu. Et pourtant combien de millions d’automobilistes et de chauffeurs de poids lourds, aux abords des agglomérations, pestent tous les matins et tous les soirs contre ce fléau.
Les données américaines nous indiquent que les embouteillages aux Etats-Unis coûtent chaque années dans les 78 milliards de dollars dont 4,2 milliards d’heures perdues et 2,8 milliards de gallons de carburant qui représentent 190 mille barils de produits pétroliers brûlés pour rien chaque jour. Les coûts logistiques, en croissance constante, représentaient 10,1% du PNB américain en 2008. C’est donc un poste du premier ordre qui incite l’Administration américaine à se préparer à lancer un grand plan de rénovation du transport terrestre de 500 milliards de dollars sur six ans, dans lequel 50 milliards seront affectés au développement de lignes TGV et 50 milliards à réduire les embouteillages routiers.
Par analogie il est possible d’imaginer que le coût annuel des embouteillages en Europe est du même ordre de grandeur à savoir de l’ordre de 50 milliards d’euros, à plus ou moins 10 milliards près.
Un grand plan de la politique des transports en Europe devrait recenser les nuisances actuelles, les chiffrer et échafauder plusieurs scénarios qui comporteraient des objectifs de réduction des embouteillages, d’efficacité énergétique des transports, de rationalisation des activités portuaires par grandes zones de fret et de réduction des émissions de GHG. La commission pour animer cette politique et l’infléchir devrait pouvoir disposer d’un budget, de ressources et des moyens de suivi des actions. Mais ce tableau n’est-il pas celui d’une Europe compétente et active dont personne ne veut?
LIRE le projet The Surface Transportation Authorization Act of 2009 américain.
Le 22 Juin 2009.
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