Devant un excès d’offre et un repli de la demande, le monde regorge de gaz naturel dont les cours s’effondrent

                        Jean-Marie Dauger de GDF-Suez, en charge de la ligne « Global gas & GNL », nous apprend que la demande de gaz naturel en 2009 de la part des industries en Italie, en Allemagne ou en Belgique enregistrera des baisses en volumes pouvant atteindre entre 20 à 25%. En France la baisse serait moins marquée, quoique non négligeable: elle devrait avoisiner les 10% des volumes industriels de 2008.

                       Aux Etats-Unis les consommations de gaz naturel par l’industrie qui représentent traditionnellement 29% des consommations totales, comparées à celles du même mois de l’année précédente, sont en nette baisse depuis quelques mois: Novembre (-4%), Décembre (-10%), Janvier (-12%).

Cours-gaz-USA-2006-2009-04 

                        Au Japon en 2008, les consommations de gaz naturel ont connu une forte croissance (+20%)  en raison de l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires. Si le Japon arrive à redémarrer ces réacteurs, mécaniquement les consommations de gaz naturel seront en fort repli.

                        Il apparaît donc que la consommation de gaz dans le monde pour les besoins de l’industrie sont conjoncturellement en baisse sous l’effet de la crise, ce qui crée un climat de défiance de la part de la spéculation sur ce produit, bien que les conditions climatiques, en particulier aux Etats-Unis et  en Europe aient maintenu jusque là sa consommation à un niveau sensiblement constant. La conséquence est une formidable baisses des prix (FIG.I) avec des cours sur le NYMEX au plus bas depuis Septembre 2002 à 3.53 $/millions de BTU (un MMBTU=1055 MJoules). De même sur le National Balance Point britannique de cotation du gaz naturel de la Mer du Nord les prix sont en forts replis depuis l’été 2008 (FIG.II, source: BP). Rem.: il faut ajouter à cette chute des cours britanniques la dévaluation de plus de 25% de la Livre par rapport au dollar.

Cours-gaz-BP-NationalBalancePoint-2009-T1

                    En face de cette demande potentiellement en retrait, l’offre a du mal à s’adapter. De nombreux puits de forage ont été fermés avec une quasi division par deux de leur nombre aux Etats-Unis (FIG.III) mais avec semble-t-il un effet très limité sur les volumes de production. En parallèle le Qatar vient d’inaugurer en fanfare le lancement en production de l’unité de liquéfaction de gaz Qatargas II, comportant deux trains de liquéfaction capables de traiter annuellement  7,8 millions de tonnes de gaz chacun (ou une semaine de production russe environ).

Forages-gaz-USA-2009-04

                         Les navires  chargés de gaz liquéfié partant des côte d’Afrique de l’Ouest ou du Qatar qui n’arrivent pas à livrer leurs chargements en Grande-Bretagne par manque de demande finissent leur voyage aux Etats-Unis où ils livrent leur cargaison à prix cassés. Marché de la dernière chance.

                        Ces conditions de négoce du gaz naturel font apparaître qu’il existe des alternatives d’approvisionnement pour l’Europe au gaz russe qui devrait se tourner de plus en plus vers l’Asie. Le Qatar va devenir peu à peu un acteur majeur sur ce marché, à la hauteur des réserves qu’il possède,  l’Australie deviendra également un fournisseur important pour toute l’Asie, l’Afrique de l’Ouest est une ressource idéale pour des livraisons à l’Europe ou aux Etas-Unis. Par la suite une partie des productions russes du gisement de Shtokman viendront s’ajouter à cette offre de GNL et enfin il ne faut pas oublier l’Iran qui partage les mêmes ressources que le Qatar avec l’immense gisement de South Pars et qui, les tensions politiques aplanies, aura toutes les chances de devenir lui aussi un très grand du gaz naturel, en proportion avec ses ressources.

                      L’abondance du GNL et autres gaz de schistes ou de houille dans le monde et l’instauration de taxes carbones renchérissant effectivement le prix du charbon devraient militer pour voir s’accroître la part d’utilisation du gaz dans les ressources énergétiques mondiales, en particulier pour la génération d’électricité.

Le 11 Avril 2009

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