Auteur/autrice : Raymond Bonnaterre

  • Irrationnelle chute des cours des Sociétés pétrolières

    Irrationnelle chute des cours des Sociétés pétrolières

    Amexoil                       L’indice américain des cours de Sociétés pétrolières cotées à Wall Street, l’Amex Oil Index a perdu près de 10% en trois jours. Cette chute est à comparer à la baisse de l’indice Dow Jones de 4.3%. Les raisons de ce repli des pétrolières sont diverses, mais elles traduisent sur le fond l’aversion du Marché envers le modèle économique de certaines de ces Sociétés.

               Quelles sont les raisons de cette défiance?

    • La baisse des cours du brut venant d’un plus haut historique et donc attendue, soutenue par la visite de G. Bush en Arabie Saoudite, par la prochaine réunion du Comité des quotas de l’OPEP et par le constat que de nombreux nouveaux champs pétroliers vont être lancés en production.
    • La conviction d’un ralentissement de l’économie aux USA qui limiterait la demande en produits pétroliers
    • La dégradation des marges de raffinage aux USA, qui s’étend même à la Côte Ouest traditionnellement plus rémunératrice.
    • La dégradation du secteur pétrolier par les Banques comme Crédit Suisse.

    Certains de ces arguments sont pertinents, d’autres le sont moins. La baisse des cours du brut est plutôt une bonne chose. Des cours entre 80$ et 90$ le baril assurent des revenus importants à toute la filière de production de pétrole brut, mais ils permettent aussi aux purs raffineurs de survivre. En effet la flambée du brut a complètement annihilé les marges des raffineurs US. Valero par exemple à 52$ a perdu 25% de sa valeur depuis Décembre où il cotait 70$. Le ralentissement marginal de l’économie US ne fera pas baisser la consommation des foyers qui continuent à se déplacer, à s’éclairer et se chauffer. L’industrie lourde énergie intensive américaine n’existe plus, elle a été délocalisée.

    Dans le dédale des Sociétés pétrolières productrices il est donc nécessaire de distinguer divers business modèles:

    • les gros généralistes, amassant du cash et l’utilisant de façons plus ou moins pertinentes (investissements, croissance externe, diversification, rachats d’actions, distribution de dividendes) un critère de bonne santé est la croissance des volumes produits qui indique la pertinence et l’efficacité des investissements;
    • les purs raffineurs (Valero, Tesoro, Sunoco, etc.) qui ont une rentabilité très cyclique. Ils perdent de l’argent en ce moment où les cours du brut sont leaders, mais ils peuvent en gagner beaucoup quand les produits raffinés tirent les cours. Ces Sociétés sont très menacées par les nouveaux concurrents, pétrolières d’Etat qui investissent dans le raffinage et qui  importent aux USA les produits raffinés, mettant ainsi  fin au risque de pénurie. L’arrivée des biocarburants participe également à cette détente des marchés;
    • les petites et moyennes pétrolières qui sont appelées à se faire manger par les grosses. La qualité de leurs réserves, de leurs droits d’exploration et de leurs découvertes est alors déterminante pour leur valorisation.

                        Les résultats attendus du quatrième trimestre 2007 vont permettre au Marché de sélectionner les Sociétés en croissance dont les cours vont rebondir de celles en déclin dont l’avenir est beaucoup plus sombre. Nos préférences vont aux pétrolières européennes comme BG Group ou Total. Restez à l’écart des purs raffineurs, sauf si vous avez le goût du risque.

  • Projections sur les futures productions de pétrole

    Projections sur les futures productions de pétrole

    Prod31                               Neil King dans le Wall Street Journal donne quelques informations à propos d’une étude du CERA portant sur les productions passées de 811 champs pétroliers en activité et qui montrerait que la vitesse de déplétion annuelle serait en moyenne de 4.5%. Ceci veut dire que pour maintenir une production de pétrole autour des 90 millions de barils par jour il faut annuellement lancer en production des nouveaux champs capables de produire au moins 4 millions bl/j. D’après le CERA moins de la moitié des champs examinés seraient en déclin. La discussion autour de ce genre d’étude porte sur la fiabilité des sources, en particulier pour les données concernant les productions du Moyen-Orient ou de Russie qui forment une grande part des ressources.

                      

                               L’étude de Staniford qui a recensé toutes les futures ouvertures de champs dans les années à venir montre que la barre des 4 millions bl/j de nouvelles productions est dépassée ou assurée pour au moins cinq ans jusqu’en 2012. D’ici-là de nouvelles prospections et de nouvelles productions seront programmées. Il est donc possible d’avancer que les volumes de production de pétrole, pour un contexte politique pas plus dégradé qu’il ne l’est actuellement, devraient continuer à croître pour atteindre au moins 90 millions de barils par jour dans trois ou quatre ans. Ce scénario est en phase pour l’instant avec les projections hautes de Robelius qui ont été établies, elles aussi, par une méthode analytique. Vouloir se projeter au delà de cinq ans dans un problème aussi complexe relève trop de la croyance ou de l’intime conviction pour avoir une quelconque valeur scientifique.

  • La balance commerciale de la Zone Euro excédentaire à fin Octobre

    La balance commerciale de la Zone Euro excédentaire à fin Octobre

    Echang1                    Eurostat publie les résultats du commerce extérieur des pays de la zone euro. De Janvier à Octobre 2007 la balance commerciale de la zone ressort excédentaire de 29 milliards d’euros, elle était déficitaire de 20 milliards d’euros en 2006 durant la même période. Ces résultats s’expliquent par un déficit de -206 mds euros du poste matières premières ( dont énergie -183 mds euros) et un excédent de +235 mds euros du poste produits manufacturés et divers (dont +156 mds pour les machines et véhicules; 74 mds pour les produits chimiques). L’Allemagne participe pour 165 mds, l’Espagne pour -76 mds, la France pour -35 mds à ce solde commercial.

                         Les économies sur le poste "énergie" de 24 mds d’euros entre 2006 et 2007 sur la période Janvier-Octobre expliquent  la moitié de la progression de 49 mds du solde commercial. Il y a dans les actions d’économies une ressource importante d’amélioration du solde de la Zone Euro.

  • L’énergie électronucléaire chinoise est encore marginale

    L’énergie électronucléaire chinoise est encore marginale

    Chinanuc                         La production d’électricité électronucléaire chinoise en 2007, avec  62,6 TWh, a représenté 2,3% de l’énergie électrique globale produite dans ce pays. Ceci représente un septième de l’énergie électronucléaire produite en France par EDF en 2006. L’objectif des dirigeants chinois est de porter cette part électronucléaire à 16% en 2030.

                             Pour atteindre cet objectif la Chine devrait produire en 2030 vers les 2500 TWh d’électricité d’origine électronucléaire soit environ six fois plus que la production française en 2006. Ceci implique la construction de 300 à 350GW de puissance électronucléaire, soit 200 à 230 tranches de 1500 MW d’ici à 2030. Vaste et ambitieux programme.

  • Impact des prix de l’énergie sur les inflations US et Zone Euro

    Impact des prix de l’énergie sur les inflations US et Zone Euro

    Inflat1_3                           La comparaison des inflations annuelles sur les quatre derniers mois connus aux USA et en Zone Euro montre que l’inflation US a été supérieure d’un point environ à son homologue européenne. Inflation européenne de 3.1% en Décembre et de 4.08% aux USA. Ces inflations hors alimentation et énergie qui sont deux postes importants en ces périodes, se rapprochent: 1.9% en Europe contre 2.4% aux USA en Décembre.

    Inflat2                 Il est donc intéressant de comparer les postes énergie dans les deux zones. Les résultats sont clairs: le poste énergie aux USA est deux fois plus élevé que celui de la Zone Euro. Pour le mois de Novembre 21.4% aux USA contre 9.7% en Europe; pour le mois de Décembre en léger repli 17.4% aux US contre 9.2% en Europe.

                        Ces données permettent de mesurer l’amortissement de l’impact du poste énergie sur l’inflation européenne. Amortissement du à l’appréciation de l’euro par rapport au dollar et à l’existence de taxes indirectes sur les carburants plus élevées en Europe qu’aux USA.

                         La stabilisation à la baisse des cours du pétrole raisonnablement prévisible en ce début d’année 2008 devrait faire baisser le poste énergie et ramener les inflations vers leur niveau hors énergie actuel.

                         Ces données passées tendraient à justifier une politique monétaire plus restrictive aux USA qu’en Europe, mais il est bien connu que c’est l’inverse. Les craintes obsessionnelles de notre Banquier Central apparaissent encore plus anachroniques à la vue de cette comparaison

  • Les stocks de produits pétroliers US se reconstituent

    Les stocks de produits pétroliers US se reconstituent

    Icebr_north_month_11                     La montée des importations US à plus de 13.5 millions de barils par jour de pétrole brut et de produits pétroliers en augmentation de 0.6 millions bl/j par rapport à la semaine précédente, une consommation en retrait de 0.8 mbl/j à 20.5 millions bl/j expliquent une montée des stocks américains hebdomadaires. Les stocks de brut ont repris 4,3 millions de barils, ceux d’essence 2,2 et ceux de fuel 1,2. Seuls les stocks de propane continuent de baisser, ce qui est normal en cette saison. Au global les stocks commerciaux se sont accrus de 3.6 millions de barils et la réserve stratégique a crû de 1.5 millions de barils, l’administration américaine se faisant payer certaines taxes pétrolières en nature.

                                        Sur la nouvelle, le Brent a perdu un dollar par baril,

    et le WTI en a fait autant.

    Icewt_wti_month_11

  • La fourniture de pétrole mondiale aurait atteint son plus haut en Décembre

    La fourniture de pétrole mondiale aurait atteint son plus haut en Décembre

    Bluebbl1                              D’après l’Agence Internationale de l’Energie la fourniture de pétrole mondiale aurait atteint 87 millions de barils par jour en Décembre dernier, en croissance de 870 mille barils par jour par rapport à Novembre. Ce résultat provient de productions accrues de l’OPEP (dont l’ Equateur,les  Etats Arabes Unis et l’Iran), de l’Amérique du Nord, des pays de l’ex-URSS, du Brésil, de la Chine. La moyenne des fournitures de quatrième trimestre 2007 est supérieur d’un million de bl/jour par rapport à celles du T4 2006. La demande moyenne pour 2007 est revue à la hausse à 85.8 millions bl/jour en raison de consommations plus fortes que prévues en Asie et au Moyen-Orient.

    La prévision de l’AIE de consommation moyen pour 2008 est inchangée à 87.8 millions bl/jour, niveau irréaliste "de combat" à 2 millions bl/jour de plus que celui de 2007.

  • Voyage officiel énergétique du Président Poutine en Bulgarie

    Voyage officiel énergétique du Président Poutine en Bulgarie

    Blackseamap1                     Le président Poutine est en visite officielle  pour deux jours en Bulgarie, état riverain de la Mer Noire. L’essentiel des discussions vont porter sur les problèmes énergétiques. Sofia devrait tout d’abord acter un accord avec la filiale nucléaire de Gazprom, Atomstroyexport, pour la construction d’une centrale nucléaire de 4 milliards d’euros, située à Belene, au Nord est de Sofia et composée de deux tranches de 1000 MW chacune qui devraient entrer en production en 2014. Areva et Siemens sont impliqués en sous-traitants dans ce projet. Un electricien européen sera sélectionné par la suite pour exploiter cette centrale nucléaire. Electrabel, E-On, RWE sont cités parmi les possibles partenaires.

                             L’autre sujet est le passage par la Bulgarie du gazoduc reliant la Russie à l’Europe dit "South Stream" projet commun de Gazprom et de l’italien ENI. Le gouvernement bulgare ne semble pas hostile à ce projet pourvu qu’il soit majoritairement détenteur des installations sur son territoire et que ça lui rapporte. Il doit également laisser passer le gazoduc concurrent Nabucco sur son territoire, chemin incontournable pour relier les ressources énergétiques de la Mer Morte  et de la Mer Caspienne à l’Europe.

    Sce: Reuters, DBN

  • Droits d’émissions de CO2, le patronat européen alerte la commission

    Droits d’émissions de CO2, le patronat européen alerte la commission

    Business_europe                      Dans une lettre datée du 15 Janvier, Philippe de Buck, Secrétaire général de Business Europe,  écrit à José Manuel Barroso pour attirer son attention sur les dangers économiques de la mise en place d’une vente aux enchères des droits d’émissions de CO2 prématurée. Cet organisme de lobbying patronal européen, anciennement UNICE, est présidée par le baron Seillière que les français connaissent bien. Dans cette lettre Business Europe attire l’attention du président de la Commission Européenne sur un certains nombre de risques.

    1. En l’absence d’un accord international, la vente aux enchères des droits d’émissions de CO2 aux Sociétés européennes fera du tort à leur compétitivité, en particulier aux industries energie-intensives et à celles ouvertes à la compétition internationale. L’accroissement des prix de l’électricité exacerbera les impacts indirects sur les industries. La lettre demande que les allocations de droits d’émissions restent gratuites en attendant un accord international, alors que la Commission voudrait en attribuer une partie aux enchères. Cette partie croissante dans le temps atteindrait la totalité en 2020.
    2. La Commission ne peut pas prendre seule la décision, il faut une co-décision du Conseil et du Parlement.
    3. Il faut repousser ces décisions à 2011 pour analyser les "fuites de carbone" (carbon leakages) par le départ ou l’arrêt des industries energie-intensives européennes.
    4. L’effort de réduction des émissions doit être partagé par tous les acteurs de la société et non pas par la seule industrie. Les petites installations, jusqu’à 25000 tonnes de CO2 par an, devraient être dispensées .

    On le voit, après les objections portant sur les  projets de règles touchant la  consommation des véhicules vendus en Europe, c’est maintenant la levée de bouclier contre la vente des droits à polluer. On est très loin du "Grenelle de l’Environnement" ou tout le monde s’embrassait.

    La Commission doit présenter un projet de législation européenne sur les droits d’émissions le 23 Janvier, avec pour objectif d’améliorer le Schéma d’Echange des Emissions (ETS pour emission trading scheme). Ce projet prévoirait que 60% des droits seraient vendus en 2013 et 100% en 2020. Mais il y aurait des dérogations à ces règles pour les Etats les plus pauvres. Mais les négociations ne font que commencer. Une partie de la politique de l’énergie européenne va commencer par des discussions de marchands de tapis. As usual.

  • La Chine importe de plus en plus de charbon

    La Chine importe de plus en plus de charbon

    Richards_bay_southafrica_2                                La Chine en 2007, d’après le China Daily, aurait importé 51 millions de tonnes de charbon, en croissance de 33% par rapport à 2006. Mais elle en aurait exporté 53 millions de tonnes ce qui veut dire qu’elle serait devenue juste autosuffisante en production de charbon. Pour 2008, d’après Donovan Huang spécialiste des marchés du charbon chez Nomura Securities à Shangai, elle deviendrait importatrice nette de charbon à hauteur de 15 millions de tonnes. Ce déséquilibre faible pour la Chine, qu’il faut comparer à une consommation globale vers les 2700 millions de tonnes, participera à tendre un peu plus le marché international du charbon, limité dans les ports australiens et sud-africains par les moyens physiques de manutention.

                                 Ce déséquilibre de la Chine sur sa ressource énergétique de base, illustre les difficultés de planification rencontrées par une administration centrale qui voudrait à la fois, réduire le nombre d’opérateurs chinois, fermer les mines petites et dangereuses, limiter la croissance de l’utilisation du charbon et administrer les prix. Vaste programme.