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  • Les gazettes et autres propos du Café du Commerce surestiment la part du nucléaire dans le monde

    Les gazettes et autres propos du Café du Commerce surestiment la part du nucléaire dans le monde

     En ces moments où tout un chacun a un avis définitif sur les problèmes énergétiques de la planète, il est difficile de supporter sans broncher toutes les âneries qui peuvent être proférées comme de véritables vérités premières révélées. Chacun y va de son couplet annonçant la fin de la suffisance énergétique dans le monde, les inéluctables restrictions à venir, causes d'une croissance trop rapide de la demande et de la condamnation sur le champ de la ressource électronucléaire. Les solutions les plus folkloriques sont proposées…le solaire (pourquoi pas lui?) ayant plutôt bonne presse dans l'arsenal des produits de substitution, bien sûr les questions posées par son caractère éminemment cyclique ne sont même pas esquissées.

     Je pense que ces travers, outre que certains de nos concitoyens "en vue" aiment souvent parler en public de sujets qu'ils maîtrisent mal, provient du prisme déformant français qui affiche une part hypertrophiée de la ressource électronucléaire dans son bilan énergétique.

    Energie-2008

     En partant simplement des données publiées par BP en 2008 (2009 a été trop affecté par la crise) il est possible de constater que la part de l'énergie nucléaire dans le bilan énergétique (hors renouvelables autres que l'hydraulique) ressort à 39% pour la France, à 11% pour l'Allemagne et à 5,5% pour le monde (TAB.). Se retirer du nucléaire serait un vrai challenge pour la France, une adaptation significative pour l'Allemagne mais ne concernerait de façon importante que quelques pays dans le monde.

    Ces données sont établies par BP en transformant des TWh en TOeq en utilisant un rendement énergétique forfaitaire du nucléaire voisin de 35%. Je pense qu'aujourd'hui la meilleure ressource de substitution au nucléaire serait du gaz naturel utilisé en cycle combiné fonctionnant avec un rendement bien meilleur, de 60%. Dans cette hypothèse le poids énergétique de l'électronucléaire dans le monde devient moins important et se réduit à 3,5% du total (TAB., dernière ligne).

    Pour parler sainement de l'impact de l'accident de Fukushima sur la politique énergétique mondiale il faut donc intégrer:

    -que la part de l'électronucléaire dans les ressources énergétiques classiques dans le monde ne représente que 5,5% du total,

    -que cette fraction si elle était remplacée par de la génération au gaz naturel à cycle combiné ne représenterait que 3,5% de la ressource totale et accroitrait la consommation de gaz naturel d'environ 15%

    – que cette transition totale si elle était décidée se déroulerait sur plusieurs décennies,

    -qu'il est peu probable que la Chine en l'absence d'accident sur son territoire suivrait une telle décision. Un point clé réside dans la connaissance de ressources possibles de gaz naturel dans le sous-sol chinois riche en gisements de houille et en schistes.

    Wintershall en Allemagne est en train d'aborder le sujet du remplacement des centrales électronucléaires par des centrales au gaz naturel (Reuters). Dès à présent il semblerait qu'un électricien local à Brême ait déjà pris la décision de lancer une centrale au gaz de 445 MW qui sera opérationnelle en 2013. Les vieux projets enterrés lors de la décision de repousser la date de péremption des centrales allemandes vont ressortir des cartons pour le plus grand plaisir de Siemens.

     Pronostiquer un ralentissement à venir du nucléaire est une évidence. Énoncer gaillardement son enterrement définitif est une autre histoire. Son sort dépendra en partie des ressources mondiales de gaz naturels non conventionnels à découvrir et qui pourraient accorder un demi-siècle ou plus aux technologies du noyau atomique pour se perfectionner dans la génération d'électricité, devenir moins angoissantes et plus économes en matières fissiles. Nul n'est capable aujourd'hui de prévoir les technologies qui prévaudront vers la fin du siècle.

     Douter, dire qu'on ne sait pas, peut être dans certains domaines un signe de compétence. L'essentiel est de laisser la porte ouverte aux progrès possibles dans tous les domaines.

    Le 3 Avril 2011

  • Le danois Vestas annonce une éolienne offshore de 7MW…pour 2015

    Le danois Vestas annonce une éolienne offshore de 7MW…pour 2015

     Dans l'éolien offshore les premières qualités demandées à une éolienne sont sa stabilité bien sûr et surtout sa fiabilité. En effet les dépannages en pleine mer coûtent extrêmement cher dans ce domaine. Ces deux impératifs accompagnent la montée en puissance des produits nécessaire à la réduction des investissements ramenés au Watt installé. Les acteurs européens les plus avancés vers la forte puissance ne sont pas les leaders du Marché, ce sont plutôt les acteurs de second rang qui espèrent gagner des parts de marché en proposant des produits innovants. C'est le cas de l'allemand REpower (Groupe indien Suzlon) qui annonce une évolution de sa turbine de 5MW vers un produit de 6,15MW, c'est le cas de Multibrid, maintenant AREVA qui propose une éolienne de 5MW, c'est aussi ENERCON qui valide un prototype de 7,5 MW ou ENOVA qui développe un prototype de 10 MW en Norvège (TAB.).

    Turbines-offshore

     Les leaders du marché de l'éolien avancent prudemment vers la forte puissance en axant pour des questions de fiabilité, leurs développement sur des produits sans réducteur mécanique, source de bien des ennuis, et en optant pour la technologie direct-drive utilisant un générateur à aimants permanents. C'est le cas de Siemens qui fait savoir qu'il va bientôt disposer d'une éolienne de 6 MW. Elle pourrait être assemblée en Grande-Bretagne. GE annonce une turbine de 4,1 MW dont un prototype devrait être installé durant ce trimestre en Suède. Enfin, Vestas vient nous parler d'un produit de 7MW mais qui pour l'instant n'est pas encore défini et pourrait faire l'objet d'un proto vers fin 2012 pour une disponibilité en 2015. En clair Vestas est encore assez loin du but.

    LIRE l'annonce de Vestas.

    Les projets de Siemens dans le domaine.

    Les projets de GE en Suède.

    Le 3 Avril 2011

     

     

  • Que représentent réellement les énergies renouvelables en Espagne?

    Que représentent réellement les énergies renouvelables en Espagne?

    Espagne-electricité-Mars2011  Sous un titre accrocheur du très bon quotidien économique La Tribune intitulé: "L'éolien, première source d'électricité en Espagne" on peut lire au détour de ce papier l'affirmation suivante: "C’est la première fois que cela se produit depuis que l’Espagne a fait le pari des énergies renouvelables, notamment pour limiter sa dépendance vis à vis de l'étranger. Celles-ci comblent à hauteur de 75% les besoins espagnols en énergie, contre une moyenne d’un peu moins de 60% dans l’Union européenne, selon les données officielles." Interloqué devant ma profonde ignorance et remontant aux données initiales sur Red Electrica de Espana il est possible de lire: "El conjunto de las tecnologías renovables cubrió en marzo el 42,2 % de la demanda de electricidad, por debajo del 48,5% del 2010, debido a que la producción hidráulica del año pasado fue mucho más elevada." Ce qui doit vouloir dire approximativement que l'ensemble des énergies renouvelables au mois de Mars ont représenté 42,2% de la demande en électricité au lieu des 48,5% en 2010 en raison d'une production hydraulique de l'année précédente qui avait été beaucoup plus élevée.

     Les 42,2% de fourniture d'électricité (éolien 21%, solaire 2,6%, hydraulique 17,3% et quelques autres) qui deviennent 75% des besoins espagnols en énergie…c'est un miracle! Mais zut…je n'avais pas tout lu…l'article est daté du 1er Avril.

     Dans toutes ces approximations pseudo écologiques, indignes d'un tel journal, il y a tout de même une vérité: l'Espagne est le premier producteur européen d'électricité éolienne et c'est bien, mais cela lui coûte très cher ce qui a conduit le Gouvernement espagnol à revoir rétroactivement les aides applicables. Il est maintenant temps en Europe de faire appel à des énergies renouvelables compétitives peu subventionnées. Aux industriels du secteur à réduire les coûts au Watt de leurs installations, optimiser le taux de charge (éolien offshore), serrer les marges et trouver les partenaires financiers au long cours qui accepteront un pay-back sur plus de dix ans.

    Une autre remarque importante: l'Espagne grâce à des investissements massifs et redondants dans l'éolien et le solaire arrive à gérer son réseau électrique avec une large part de renouvelable intermittent grâce à un outil de génération de fond diversifié et très flexible (centrales au gaz à cycle combiné).

    CONSULTER le papier de la Tribune et de façon plus approfondie celui de Red Electrica.

    Le 2 Avril 2011

  • Etats-Unis: les mises en cultures s’adaptent à la demande et aux prix de marché

    Etats-Unis: les mises en cultures s’adaptent à la demande et aux prix de marché

    L’image romantique d’une nature fondamentalement bienveillante mais épuisée par les activités agricoles des hommes sont à la base de bien des raisonnements malthusiens prêchant la décroissance du niveau de vie et de la taille des populations. Paradoxalement ces philosophies qui prônent la primauté de la Nature sur l’Homme ont connu de tous temps un large succès. De nos jours, ce sont les affirmations alarmistes de pénurie de ressources alimentaires qui prévalent. Dans un contexte climatique réputé comme globalement défavorable, les activités agricoles seraient incapables de suivre la demande croissante d’une population plus nombreuse, au niveau de vie moyen accru et utilisant des biocarburants pour assurer une part de ses ressources énergétiques. La preuve, les cours du blé, du maïs, du coton, de l’huile de palme, etc. flambent. Cerise sur le gâteau, la mise en exploitation de nouvelles terres (Land Use Change) s’accompagne d’émissions de CO2 et accroit de ce fait le dérèglement climatique…boucle infernale qui condamnerait à terme notre civilisation.

    Et pourtant un certain nombre de faits montrent que:

    – les progressions des rendements des cultures publiés par la FAO ont permis jusqu’à maintenant d’adapter l’offre à la demande et rien n’indique que ce phénomène est près de s’arrêter, (LIRE: la demande mondiale en céréales devrait s’accroître de 20% d’ici à 2020), l’exemple du formidable développement des cultures du palmier à huile en Indonésie et en Malaisie durant les trente dernières années prouve les capacités d’adaptation de l’offre à une demande croissante de corps gras dans le monde (LIRE le dernier papier sur les biocarburants). Les avatars climatiques observés par-ci ou par-là n’altèrent pas de façon significative la croissance globale des rendements.

    – les prix en dollars du blé, du maïs, du soja relevés sur plusieurs décennies sont en forte décroissance (FIG.I, empruntée à Staniford) et les dernières hausses enregistrées sont finalement assez modestes.

    Prix-blé-maïs-soja
    – de larges surfaces de terres cultivables dans le monde sont encore disponibles. Une étude récente (LIRE Land Availability for Biofuel Production) estime que 3 millions de km2 au bas-mot sont disponibles dans le monde. Pour boucler les besoins en céréales d’ici à 10 ans il faudra mettre en cultures supplémentaires dans les 500 mille km2 dans le monde.

    Pour illustrer cette adaptation du monde agricole aux demandes du marché il est intéressant de se pencher sur les intentions de mises en cultures et leurs surfaces en 2011 aux États-Unis publiées par l’USDA (TAB.).

    USA-cultures-2011

    Il apparait que les cultures de maïs qui sont les plus importantes devraient occuper cette année une surface de 373 mille km2 (les trois quarts de la surface de la France) affichant une expansion de 4,5% par rapport à 2010 et de 6,7% par rapport à celle de 2009. Les cultures de Soja devraient légèrement décroitre, mais celles de blé devraient augmenter de 8%. Enfin les cultures de coton, dont le prix de ce produit a plus que doublé au cours des six derniers mois, devraient afficher une croissance de 15% par rapport à 2010 et de 37% par rapport à celles de 2009.

    L’augmentation des prix de marché se traduit dans ce grand pays par de nouvelles mises en cultures. Le paysan américain est très sensible à l’exploitation profitable de ses terres et n’hésite pas à planter plus pour gagner plus ou à arbitrer entre plusieurs types de cultures. Dans le fonctionnement cyclique des marchés agricoles, le monde se trouve en ce moment dans la phase d’investissements accompagnant la montée des prix; il faudra attendre que ces mesures aient conduit à des productions supplémentaires pour voir à nouveau baisser les prix des produits.

    CONSULTER le rapport de l’USDA sur les « Prospective Plantings » concernant l’activité 2011.

    Le 2 Avril 2011.

     

     

  • Le japonais Sim-Drive annonce un véhicule électrique avec 300 km d’autonomie

    Le japonais Sim-Drive annonce un véhicule électrique avec 300 km d’autonomie

    Le consortium japonais Sim-Drive, spin-off de l’Université de Keio, regroupant les talents d’universitaires et de grands Groupes nippons (Mitsubishi Motors, Isuzu, Kureha, Pioneer, etc.) est sûrement un des centres de développement de véhicules électriques les plus innovants du moment (Voir les prototypes de la Keio dans un précédent papier). A base d’une technologie à quatre roues motorisées (in-wheel motors) il propose un véhicule électrique de 1650 kg alimenté par une batterie Toshiba de 24,9 kWh présentant une autonomie de 305 km en roulant à 100 km/h. Ceci représente une consommation d’énergie électrique de 84 Wh par kilomètre. Ce superbe résultat est rendu possible en particulier par la technologie in-wheel qui supprime toutes les pertes d’énergie par frottement tout au long d’une chaîne de transmission mécanique classique.

    Sim-Drive-2011

    Soyez sûr cher lecteur que la technologie EV et ses batteries associées n’en sont qu’au début d’une très longue aventure.

    LIRE le communiqué de Sim-Drive.

    Le 31 Mars 2011

  • Le prix de l’essence: un obstacle certain vers la réelection du Président Obama

    Le prix de l’essence: un obstacle certain vers la réelection du Président Obama

    Oil_Prices_California  En ces temps agités en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (MENA), en ces moments où le WTI coté sur le NYMEX a perdu probablement de façon définitive son rôle de benchmark mondial au profit du Brent coté sur l'ICE à Londres, les cours de l'essence aux États-Unis se sont indexés sur le prix marginal de l'essence importée d'Europe. Il en résulte de copieuses marges de raffinage (entre 20 et 25 $/baril) pour les raffineries américaines provenant à la fois du spread de 10$ par baril entre Brent et WTI qui se superpose à la marge entre le cours de l'essence et celui du pétrole européen (FIG.I). Les prix à la pompe aux États-Unis ont gagné plus de 50 cents depuis le début de l'année pour venir friser les 3.6$/gallon en moyenne avec des prix dépassant les 4$/gallon en Californie (EIA). De telles données économiques laissent augurer d'excellents résultats financiers pour les Groupes pétroliers américains au premier trimestre 2011, mais elles sont politiquement destructrices pour l'Administration Obama et son patron.

    Marge raffinage et spread

     Que peut faire le Président devant cette équation énergétique et financière dont les clés se trouvent sur la cotation du Brent à Londres et dans les mouvements d'émancipation démocratique dans le MENA? Objectivement pas grand chose. Mais ceci ne l'a pas empêché d'aborder hier ce sujet au cours d'un long discours à la Georgetown University à Washington portant sur l'indépendance énergétique des États-Unis.

    – Constatant les retards pris dans le développement des ressources pétrolifères du Golfe du Mexique, les deux-tiers des permis accordés ne seraient pas encore en phase d'exploration (le traumatisme de la plateforme BP a dû en refroidir certains),

    – constatant que faute de rentabilité et face aux problèmes de logistique, les biocarburants de deuxième génération n'ont pas connu le succès escompté par les oracles du Department of Energy ,

    le Président Obama n'en demeure pas moins convaincu que la poursuite des objectifs d'amélioration dans l'efficacité énergétique des véhicules et l'accroissement des productions locales de pétrole et de gaz, conventionnel ou non, le développement des biocarburants et leur large distribution, leur utilisation dans l'Air Force, le développement des véhicules hybrides et électriques, devraient permettre de réduire d'un tiers les importations de pétrole des U.S.A. "en un peu plus d'une décennie".

     Pour atteindre un tel objectif encore faudrait-il convaincre le consommateur américain qu'il doit choisir lors de ses achats de voitures les véhicules les moins lourds et les plus sobres en carburant. Une politique interventionniste de type Bonus-Malus étant impensable dans ce pays de liberté, il ne reste plus qu'à espérer que les prix des carburants vont enfin jouer leur rôle et infléchir les choix des conducteurs et des fabricants vers des modèles plus énergétiquement efficaces.

    Remarque: pour parler de façon pertinente des importations de pétrole américaines il faut examiner les importations nettes (FIG.II, courbe rouge). En effet les raffineurs américains constatant de moins en moins de demande locale, en raison de la réduction des consommations et de la montée des biocarburants, exportent de plus en plus de produits tels que le gasoil très bien payé en Europe. Les volumes exportés de produits pétroliers au mois de Janvier dernier se sont élevés à 2,7 millions de barils/jour. Ceci fait que pour des volumes importés de près de 12 millions de barils/jour, les importations nettes n'ont atteint que 9,3 millions de barils/jour au mois de Janvier. Pour comprendre l'objectif du Président Obama, en réduisant les importations "d'un tiers de 11 millions de barils/jour …en un peu plus qu'une décennie", est donc de ramener ces importations nettes vers les 5,7 millions de barils/jour. Il suffit pour cela de refaire aux U.S.A. en un peu plus de dix ans ce qui a déjà été réalisé en 5 ans. Le gaspillage énergétique américain est une vraie mine d'économies.

    USA-imports-pétrole

    LIRE l'intégrale du speech du Président Obama qui devant un parterre d'universitaires, met en avant avec humour la compétence indéniable de son Secrétaire d'État, Prix Nobel de physique. Du petit-lait politique.

    Le 31 Mars 2011

     

  • La consommation d’électricité marqueur objectif du dynamisme économique des Nations

    La consommation d’électricité marqueur objectif du dynamisme économique des Nations

     Au moment où une partie du Japon, troisième économie mondiale et leader incontestable dans de nombreuses techniques de pointes, se retrouve en pénurie de puissance électrique – les autorités japonaises anticipent un manque de puissance électrique qui pourra atteindre les 15000 MW cet été dans la région de Tokyo – il semble utile de rappeler l'importance de la ressource électrique dans le développement économique des Nations. L'importance de l'énergie électrique dans les processus industriels, dans le fonctionnement de tous les équipements informatiques et de communication, dans la gestion des températures et de l'hygrométrie de notre environnement domestique, dans la salubrité de notre alimentation, dans le transport de masse, etc. n'est plus a démontrer. La consommation de cette ressource énergétique particulièrement bien adaptée au milieu urbain en fort développement, ne pourra aller qu'en croissant avec la montée du niveau de vie moyen des populations et l'arrivée de nouvelles applications comme les véhicules électriques.

     Pour convaincre le lecteur incrédule il suffit, à mon avis, de consulter les consommations électriques données par l'EIA d'un vieux pays, aux activités industrielles chancelantes et à la population croissante d'un pour-cent par an : les États-Unis (FIG.I).

    Etats-Unis-conso-TWh-PIB

     Après la stabilisation du PIB de ce pays en 2008 et le recul observé en 2009 suivi d'une reprise en 2010, il est possible d'observer que les consommations d'électricité ont parfaitement répliqué ce va-et-vient économique de ces trois dernières années tout en s'inscrivant dans la tendance décennale des consommations d'énergie électrique qui varie de façon sensiblement linéaire avec une pente de 0,165 TWh par milliard de dollars "2005" de PIB. La même courbe portant sur les productions nettes montre une pente de 0,176 TWh par milliard de dollars "2005" de PIB. Ceci correspond à 0,15 TWh par milliard de dollars de PIB 2010 pour la consommation et à 0,16 TWh pour la production nette.

     Il n'est donc pas nécessaire d'être grand-clerc pour prévoir que malgré les convictions de certains mouvements écologiques d'Outre-Atlantique, les consommations américaines d'électricité vont probablement poursuivre leur croissance avec l'augmentation du PIB et des populations qui affectionnent tout particulièrement les États de la Sun-Belt. Entre 1993 et 2009 le nombre de foyers américains s'est accru de 17 millions d'unités (de 96,6 à 113,6 millions) et le nombre de foyers se chauffant majoritairement à l'électricité s'est accru pendant cette durée de 13,2 millions d'unités en passant de 25 à 38,2 millions . Quand aux équipements électroniques, ils abondent FIG.II (Source EIA, home energy use).

    USA-équipements-electronique

    Dans le cas de la France, la part de la consommation d'électricité dans le mix énergétique est particulièrement importante, en raison d'une politique tarifaire favorable. Cette consommation présente d'une année sur l'autre une forte variabilité dépendant des conditions climatiques, le chauffage des foyers constituant une part importante de la consommation d'électricité. Pour juger des tendances à moyen-terme des consommations en fonction du PIB il est donc préférable d'utiliser les données de consommation électrique annuelles corrigées des variations climatiques fournies par RTE (FIG.III).

    France-conso-TWh-PIB

     Après une année 2006 en stagnation, due à une chute brutale des consommations des grandes industries, les consommations d'électricité corrigées du climat en France sont reparties à la hausse en 2007 et 2008 pour se replier avec la crise en 2009 et reprendre ensuite en 2010. Dans la relation consommation-PIB, la pente de la droite de corrélation de 0,156 TWh par milliard d'euros "2000" de PIB correspond à une croissance de 0,13 TWh par milliard d'euros 2010 de PIB.

     Dans l'hypothèse d'une poursuite de la croissance économique de notre pays, liée en particulier à la croissance démographique, il faut donc anticiper une augmentation des consommations d'électricité dans les années à venir. Ceci est d'autant plus vrai pour la France que la croissance observée dépend de plus en plus des consommations des petits ou moyens clients, la part des grands comptes industriels qui représentaient 23% de la consommation hors pertes en 2001, n'en représentaient plus que 17% en 2010.

     Ces résultats portant sur des économies présentant des PIB à intensité énergétique décroissante montrent que malgré un ratio de plus en plus faible des consommations globales d'énergies ramenées au PIB, l'énergie électrique occupe une position privilégiée par rapport à ses concurrentes telles que le pétrole dont les prix deviennent de plus en plus dissuasifs. Il s'opère donc un transfert de la ressource pétrolière vers l'électricité. L'exemple de la gestion des températures et autres fonctions des foyers est facile à identifier. Mais en Europe par exemple il serait possible de citer le succès croissant du trafic dans le tunnel sous la Manche qui se développe aux dépens des transports aériens et surtout maritimes pour les marchandises. Il y a là un exemple d'une substitution directe de la consommation de kérosène ou de fuel lourd devenus trop onéreux vers l'électricité dans les transports et rendue possible par un investissement majeur. La concurrence entre le TGV et le transport aérien sur notre territoire est un autre exemple de ce transfert de ressource énergétique. Les transports de masse ferroviaires (TGV, RER, métro, tramway) de façon générale assurent cette fonction dans le monde. Ils impliquent faute d'évidente rentabilité, le plus souvent au préalable un investissement massif de la collectivité. Il sera intéressant de suivre les péripéties d'un tel développement du train rapide envisagé en Californie.

    Le 29 Mars 2011

  • Qatar: Pearl, une usine GTL qui transmute le gaz en or

    Qatar: Pearl, une usine GTL qui transmute le gaz en or

    Qatar-Shell-Pearl-GTL2  Shell annonce le démarrage de l'immense complexe pétrolier Pearl au Qatar (article précédent sur le sujet) qui va valoriser les immenses réserves de gaz naturel du North Field situé à 60 km au large que l'émirat partage avec l'Iran (South Pars). Cet ensemble, dès 2012, va traiter quotidiennement 1,6 milliard de pieds cubes de gaz (44 millions de m3) qui vont générer 260 mille barils par jour d'une part de condensats (120 mille barils) et d'autre part de divers carburants et autres produits pétrochimiques à haute valeur ajoutée (140 mille barils) issus du procédé Gas to Liquid de Shell.

     Heureux émir qui va utiliser une ressource qu'il vendrait péniblement sur le marché mondial entre 5 et 10 $/MMBTU après liquéfaction et transport pour la transformer en carburants liquides qui valent aujourd'hui entre 22 et 24$ le MMBTU. Multiplier par trois et plus dans l'avenir le prix du produit, cela mérite bien quelques pertes process et un investissement gigantesque.

    LIRE le communiqué de Shell et regardez la video du directeur de projet Andy Brown qui est probablement l'homme au monde qui connaît le mieux les procédés GTL.

    Le 24 Mars 2011

     

  • France: la production d’électricité ne suit pas la croissance de la demande

    France: la production d’électricité ne suit pas la croissance de la demande

     En raison des progrès réalisés dans l'efficacité énergétique des processus et de l'arrêt de nombreuses activités manufacturières, la consommation globale d'énergie en France est en décroissance depuis 2004. De 263 MTEP à cette date elle est passée à 242 MTEP en 2009 (BP statistical review) pour remonter en 2010 vers les 255 MTEP. Cette lente décroissance globale s'accompagne d'une redistribution du mix énergétique avec l'arrivée des énergies renouvelables et la baisse des consommations de produits pétroliers qui ont chuté de 10% entre 2004 et 2010, passant de 2 millions de barils/jour à 1,8 million.

    Remarque: il faut toujours prendre ces statistiques énergétiques avec beaucoup de recul. En effet elles proviennent d'une addition de choux et de navets avec d'une part les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) et les énergies électriques renouvelables ou nucléaires. Les productions électronucléaires sont transformées en équivalent énergie primaire avec un rendement fixé à 33% (1MWh = 0,2606 TEP) alors que les productions hydrauliques, éoliennes et photovoltaïques sont comptabilisées avec un rendement de 100% (1MWh = 0,086 TEP). La part du nucléaire dans le bilan énergétique de la France est donc une donnée à considérer avec prudence.

     Au sein de ce mix, les consommations d'électricité sont depuis dix ans en croissance régulière (FIG.I) avec une progression moyenne annuelle de 1,4% soit de 5,5 TWh (courbe rouge).

    Consommations-annuelles-RTE

    Ce résultat provient d'une forte croissance de la consommation (2,2% par an ou 7 TWh) au travers des distributeurs vers les clients petits ou moyens (FIG., courbe verte) alors qu'inversement la consommation des gros industriels servis directement par RTE a affiché durant cette période une baisse de -1,8% par an en passant, entre 2001 et 2010, de 94 TWh à 80 TWh.

     En face de cette croissance des consommations, les productions d'électricité en France n'ont pas suivi. Entre 2000 et 2010 les productions nettes sont passées de 517 à 550 TWh soit une croissance annuelle de 0,6%. Ce phénomène de piétinement, malgré la mise à disposition de 15 TWh d'électricité issue d'énergies renouvelables autres qu'hydraulique durant la période, provient des mauvaises performances du nucléaire français des cinq dernières années (FIG.II, courbe verte, échelle de gauche).

    Productions-annuelles-RTE

     La production ne suivant pas la croissance de la demande c'est le solde des échanges d'électricité avec nos voisins (courbe rouge, échelle de droite) qui en a pâti. Les importations d'électricité en provenance d'Allemagne ont ainsi atteint des puissances moyennes annuelles très élevées ( 2,2 GW en 2009 et 1,8 GW en 2010).

     En résumé, en raison d'une croissance soutenue de la demande intérieure et d'une faible progression des productions, la France a perdu en cinq ans son statut de grand fournisseur d'électricité à ses voisins européens. Bien sûr cela se retrouve dans le bilan du commerce extérieur par un moindre solde positif et donc par une contribution à la baisse du PIB de notre pays.

     Ce point étant réalisé, il est alors possible de se poser quelques questions sur le futur à moyen terme de l'activité électrique de notre pays en le reliant à la même problématique au niveau européen puis mondial.

    1- tout d'abord il faut imaginer une consommation d'électricité française qui va poursuivre sa croissance et non pas l'inverse comme essaient de s'en persuader certains. Pourquoi? Parce que l'usage d'électricité est lié à la croissance du PIB et de la démographie. Les pompes à chaleur réversibles constituent de formidables outils de régulation thermique du foyer. Parce qu'il va falloir réduire les consommations de produits pétroliers hors de prix, abandonner le fuel domestique dans le chauffage et commencer pour certains à rouler en véhicules électriques. Parce que les progrès dans l'efficacité énergétique évalués à 10% de la consommation européenne d'électricité d'ici à 2020 par la Commission Européenne (341 TWh dont une large part de 140 TWh dans les moteurs industriels) ne seront pas suffisants pour stabiliser les consommations.

    2- les prix du MWh électrique vont augmenter. EDF va mettre à profit l'émoi causé par l'accident japonais de Fukushima pour justifier des augmentations de tarifs que le Politique ne pourra plus lui refuser. La sécurité nucléaire aura bon dos pour cacher sous le tapis les résultats d'une gestion très approximative de l'entreprise EDF. Mais il faut replacer ce mouvement de hausse prévisible du MWh électrique dans l'évolution générale des prix de l'énergie. Ils apparaitront finalement comme très mesurés. Rappelons que les prix de l'énergie dans la Zone Euro au mois de Février dernier étaient en hausse de 13% par rapport à ceux du mois de Février 2010. Ce mouvement n'est pas fini.

    3- il ne faut pas se faire d'illusions sur l'aptitude de nos voisins européens à subvenir à nos défaillances de génération électrique. L'Allemagne avec sa décision de quitter le nucléaire va se mettre en limite de puissance disponible. Un scénario d'un retour de la Gauche, alliée aux Verts, dans notre pays qui s'accompagnerait de la fermeture symbolique d'une ou deux centrales nucléaires plongerait l'Europe dans une quasi-pénurie de puissance électrique. Il faudrait alors gérer la pénurie de puissance en pointe par des effacements ou des délestages.

    4- dans ce contexte l'arrivée de la nouvelle tranche N°3 EPR de Flamanville  sera la bienvenue. Un plan d'accélération de la modernisation du parc élctronucléaire mondial existant doit tenir compte du projet franco-japonais Atmea qui est un produit de 1000 MW alliant les connaissances d'AREVA et de MHI. Ce pourrait-être le produit à promouvoir dans le monde en remplacement des solutions low-cost qui prévalaient jusque-là. Un exemple: se débarrasser de l'hydrogène provenant de la corrosion du cœur de la centrale en surchauffe en faisant exploser le toit de l'enveloppe externe comme à Fukushima, n'est pas digne d'une technologie soi-disant sous contrôle. Les centrales les plus évoluées savent résoudre ce problème par une recombinaison catalytique ménagée de l'hydrogène à l'oxygène de l'air.

    5- l'introduction dans notre pays de 5 à 10 GW de centrales au gaz à cycle combiné par EDF et ses concurrents confèrerait au parc français une bien plus grande souplesse et se rentabiliserait par une reprise du solde des échanges avec ses voisins. Pour que ces investissements soient réalisés et participent à la croissance du PIB, il faut que le MWh se vende en France au juste prix par rapport au restant des pays européens. Pour l'instant EDF investit aux Pays-Bas dans ce domaine. Bien sûr, pour alimenter ces centrales il faudrait investir dans quelques terminaux portuaires gaziers qui permettraient d'acheter le GNL sur le marché spot abondant et non indexé sur les cours du pétrole.

     En conclusion, la France avec un peu de sang-froid et de réalisme économique peut mettre à profit les questionnements actuels sur les problèmes de génération d'électricité locaux et dans le monde. Pour cela elle doit établir un juste prix du MWh, investir dans de nouvelles centrales au gaz et électronucléaires d'avenir. Elle peut disposer avec l'EPR et la centrale franco-japonaise Atmea qui reste à valider industriellement, des solutions pour la future génération de centrales électronucléaires dans le monde et se démarquer ainsi des concurrents nippo-américains ou coréens qui jouaient jusque là les solutions low-cost. Dans ce contexte la nécessité de la reconduite d'Anne Lauvergeon dans ses fonctions à la tête d'AREVA apparaît comme une évidence.

    LIRE le rapport de la Commission Européenne sur plan d'amélioration de l'efficacité énergétique

    Le 23 Mars 2011

     

     

     

  • Séparer le bitume du sable de l’Alberta n’est peut-être pas aussi difficile que cela

    Séparer le bitume du sable de l’Alberta n’est peut-être pas aussi difficile que cela

    Sables bitumineux séparation  J'aime les innovations quand elles apparaissent après coup comme évidentes. Extraire du sable du bitume à l'aide d'un solvant organique et d'une solution ionique aux propriétés surfactantes est une démarche qui peut sembler évidente pour tout chimiste organicien qui a fait un peu de paillasse. Alors allez consulter le site de la Pennstate University qui vous montrera une vidéo montrant la simplicité de la démarche. Le sable décanté après rinçage à l'eau, est plus propre que celui des plages déclare Aron Lupinsky qui a mis au point le procédé. Tout le tour-de-main réside dans le choix du liquide ionique à base d'un sel de methyl-immidazolium.

    Voir l'article de la Pennstate.

    Le 19 Mars 2011