« Torchage » des gaz, un gâchis monstre

Torchere PARIS (AFP) – Le brûlage des gaz à la sortie des torchères des puits de pétrole contribue, autant que le transport aérien, au réchauffement climatique, a mis en garde la Banque mondiale, qui a invité les pays producteurs et les compagnies pétrolières à agir.

Chaque année, plus de 150 milliards de mètres cubes de gaz naturel sont brûlés à la torche et rejetés dans l’atmosphère, une pratique considérée comme efficace pour se débarrasser des gaz associés à la production pétrolière.

Mais elle a un impact sur le changement climatique, car elle induit l’émission d’environ 390 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an, principal gaz à effet de serre (GES), a indiqué mercredi Rashad Kaldany, directeur du département Hydrocarbures du groupe de la Banque mondiale.

Ce chiffre est « supérieur » au total des efforts annuels de réduction d’émission des pays riches dans le cadre du protocole de Kyoto, a-t-il souligné.

Il est également proche des émissions de CO2 dues au transport aérien international, 400 millions de tonnes de CO2 par an, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Le protocole de Kyoto impose à 35 pays industriels et l’Union européenne de ramener leurs émissions de GES de la période 2008-2012 au niveau de l’année de référence 1990.

Au niveau mondial, 26,9 milliards de tonnes de CO2 ont été émises en 2004, selon l’AIE.

En outre, le « torchage » des gaz représente un véritable gâchis énergétique, a fait remarquer M. Kaldany, qui s’exprimait devant la presse à l’occasion d’un forum de la Banque mondiale sur ce sujet à Paris.

L’extraction du pétrole fait généralement remonter à la surface des gaz associés et dans les pays dépourvus d’infrastructures ou éloignés d’un marché gazier, ces gaz sont rejetés et brûlés.

Or, plus de 85% des gaz torchés sont produits dans des pays en développement.

Les 150 milliards de m3 ainsi brûlés chaque année représentent l’équivalent de 25% de la consommation de gaz des Etats-Unis et de 30% de celle de l’Union européenne. En Afrique, le volume des gaz torchés est estimé à 40 milliards de m3 par an, soit la moitié de la consommation d’énergie du continent.

Le groupe de la Banque mondiale a lancé en 2002 un « Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés » (Ggfr) afin d’encourager les efforts menés dans les pays producteurs pour réduire le torchage des gaz en développant leur réutilisation et leur commercialisation.

Parmi les 20 principaux pays producteurs de gaz torchés dans le monde, le Nigéria arrive en tête avec 24,1 milliards de m3 en 2004, devant la Russie avec 14,7 mds m3.

Pour la Russie, il s’agit des « chiffres officiels », a souligné Bent Svensson, directeur du Ggfr. « C’est peut-être plus », a-t-il indiqué, précisant que les évaluations sont effectuées à l’aide d’images satellites qui nécessitent d’être affinées.

« Au cours des dernières années, de petits progrès ont été réalisés pour réduire le torchage des gaz mais il faut faire plus », a déclaré M. Kaldany.

Il a cité le projet « Kwale » mené au Nigeria en coopération avec le groupe italien Eni pour la cogénération d’électricité avec les gaz rejetés, permettant d’éliminer 1,5 million de tonnes de CO2 par an.

Certains projets pourraient ainsi être réalisés dans le cadre du Mécanisme de développement propre (MDP) du protocole de Kyoto, qui accorde aux industriels des pays riches des crédits d’émission pour leurs investissements « propres » dans les pays en développement.

/fin de citation AFP/

Crude_oil_distillationfr Il faut aussi noter que brûler ces gaz en torchère est un moindre mal: relachés dans l’atmosphère, les gaz non brûlés ont un effet largement plus néfaste que le CO2: Le méthane (CH4, ou « gaz de ville ») a un effet de serre 21 fois plus important que le CO2 !

Ces gaz doivent aussi être évacués des installations, sous peine de surpression et explosions des raffineries ou des puits de forrage.

Reste à valoriser ces gaz (par récupération et mise en conduite, ou par bûlage en vue de produire de l’électricité, etc …), mais cela est souvent difficile car les raffineries ou les puits de forrage sont souvent éloignés de toute civilisation.

à voir aussi:
Raffinage du pétrole sur wikipedia

Commentaires

9 réponses à “« Torchage » des gaz, un gâchis monstre”

  1. Avatar de atryu

    cette pratique a pourtant énormément diminuée depuis que les prix de l’énergie ont augmentés, puisque c’est de l’énergie qu’on brûle, cependant c’est un gaz très difficile à valoriser, qui concentre toutes les saloperies (H2S COS…) donc ce n’est pas demain la veille qu’on pourra tout valoriser.
    Même sur les sites industriels, où il a torchage, et où cette fois-ci le gaz serait « plus » facile à récuperer, ce n’est pas fait, parce que non économique.
    Il faut bien se dire qu’il faut un compresseur énorme pour comprimer ce gas avant même de penser le brûler ou encore mieux, le purifier pour en récuperer l’hydrogène par exemple.
    Peut-être qu’avec un baril à 100$…

  2. Avatar de Vincent P.

    oui, c’est clair que cette pratique a énormément diminué. Cependant, il y a encore beaucoup de marge de manoeuvre pour utiliser cette énergie.
    Une utilisation « simple » serait d’installer une minicentrale électrique: la chaleur de la flamme chaufferait de l’eau qui activerait une turbine (schéma classique d’une centrale électrique quoi).
    Je ne pense pas qu’il faille une énorme compresseur pour faire ça (voir même pas du tout).
    Avec un baril à 100$, toute la donne va changer (elle commence déjà à changer avec le baril au prix actuel (60-80$)):
    * bio-carburant compétitifs par rapport au pétrole.
    * électrolyse compétitive par rapport au gaz naturel pour la fabrication d’H2
    * réouverture possible d’anciens puits de pétrole jugés non rentables à l’époque de la fermeture.
    * etc …

  3. Avatar de LOCQUENEUX
    LOCQUENEUX

    combien de decibels provoque une torchere????

  4. Avatar de Koffi Cécile
    Koffi Cécile

    merci pour toutes ces informations.mais je voudrais savoir s’il existe des metodes de récupération des gaz de torche afin de les utilisés comme fuel gaz?

  5. Avatar de Koffi Cécile
    Koffi Cécile

    merci pour toutes ces informations.mais je voudrais savoir s’il existe des metodes de récupération des gaz de torche afin de les utilisés comme fuel gaz?

  6. Avatar de Vincent P.
    Vincent P.

    @ Koffi Cécile | 6 juil. 08 21:58:23
    Bonjour Cécile,
    qu’appelles-tu « fuel gaz » ??

  7. Avatar de Samuel
    Samuel

    Bonjour chères cousins Français! J’aimerais savoir, ce qu’il se fait concrètement dans vos raffineries Européenne à ce propos (récupération des gaz torchés)! Nous voudrions proposer à nos clients Canadiens, des solutions à cette forme d’efficacité énergétique.
    Merci!
    Samuel

  8. Avatar de SAMIRA
    SAMIRA

    salut, je voudrais savoir s’il existe des logiciels pour calculer les gag de torche ainsi quel type de calcul qu’on peut utilisé dans ce cas et comment peut on les récupérer afin de les utilisés. merci!

  9. Avatar de benyahia
    benyahia

    Bonjour,
    j’ai idée à récupérer tous les gaz torchés des complexes GNL et GPL par la suppression pure et simple de leurs torches

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