Superphénix : le rapport parlementaire

Tchernobyl_1Le rapport de la commission d’enquête parlementaire déposé le 26 juin 1998 est on ne peut plus clair sur superphénix.
« Même si Superphénix a fonctionné correctement en 1996, le total de l’électricité produite depuis sa création ne s’élève qu’à 7.9 milliards de kWh. la centrale a fonctionné normalement pendant quatre ans et demi. Elle a été en arrêt exceptionnel pendant une durée cumulée de six ans et demi

dont deux pour des raisons techniques et quatre ans et demi pour études diverses et procédures réglementaires, parmi lesquelles des procédures d’enquête, conformément aux textes, qui retardent souvent la mise en oeuvre des équipements nucléaires. »
Deux ans d’arrêt pour problèmes techniques, c’est beaucoup…
Monsieur Christian Pierret continue :
« Le pari technologique se Superphénix a été, permettez-moi de le déplorer personnellement, un échec.
Sans doute aurait il fallu être moins ambitieux et construire un réacteur d’une puissance moins élevée, plutôt que de passer directement de Phénix 250 MW à Superphénix 1200MW. Il est possible que le passage à un équipement de grande puissance, à peine inférieure à celui des dernières tranches Edf, ait provoqué, de fait, une rupture de continuité dans la capacité technologique à maitriser les phénomènes. »
Que c’est joliment dit. On allait dans le brouillard…
Et cela continue plus loin :
« Le coût économique-60 milliards de francs-, les perspectives technologiques si incertaines à ce degré de puissance-1200MW-, et les si nombreux incidents ont tranché. Sans soutien politique réel, dans une opinion traversée, à droite comme à gauche, d’idées contradictoires, avec un coût économique prohibitif, la raison l’a emporté dans le décision d’arrêter et d’abandonner le programme ».
Rupture dans la réalisation des acquisitions technologiques, politique de développement incertaine de la filière en générale, stop and go, en bref, une immense gabégie. D’une manière générale quand on arrête la recherche pour faire du lobbying, on perd la compétence technologique.
Ce n’est pas un problème particulier à la filière nucléaire, c’est le problème de l’automobile US, ce n’est pas par contre le problème du solaire, ni de l’éolien qui ont pu profiter de leur poids politique insignifiant pour faire de la recherche fondamentale, et loin des regards, se développer. La recherche demande des équipes au long cours, un passage de relais de générations en générations, du temps, beaucoup de temps et de l’argent.

Commentaires

3 réponses à “Superphénix : le rapport parlementaire”

  1. Avatar de fifi

    C’est bien là le drame du nucléaire. Les politiques à la suite des militaires s’en sont emparés, réduisant à peau de chagrin la créativité dans le domaine!
    On suit le même schéma avec la fusion nucléaire. Seules deux voies, sont exploitées, le laser mégajoule et le tokamak (ITER) Avec une installation gigantesque alors que le précédent labo JET n’a pas permi une fusion de plus de 10 secondes.
    Ces projets sont hautement politiques et déconnectés des scientifiques.
    Pendant ce temps aux USA il paraitrai qu’une autre méthode ait été découverte presque par hasard, la Z-machine des labo Sandia…

  2. Avatar de patrick
    patrick

    Comme d’en beaucoup d’endroits, quand beaucoup de monde y mettent leur nez, on a pas une politique, mais des tentatives vouées à l’echec…

  3. Avatar de patrick
    patrick

    à souris verte : et n’oublions pas la conso de la filiere retraitement (4 tranches) et le fait que les centrales produisent au 2/3 de la chaleur…

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