On a appelé « the English disease » à la fin du 19°siécle, la maladie de langueur qui a touché l’économie britannique, et de fait, la croissance moindre depuis 1870 a fait perdre à la Grande-Bretagne sa préeminence économique. Etat charbonnier depuis le 18° siécle, la production atteint son maximum vers 1913 (315 millions de tonnes), pour ensuite décliner irrésitiblement. On peut parler, là aussi d’un pic de hubbert. Mais ce pic de hubbert a été notoirement accéléré. D’abord, par un gaspillage quasi-proverbial de cette ressource charbonnière. Abondante, elle était gaspillée. Aussi, aurait put on penser que l’expérience aidant, la gestion de la manne pétoliére/gaziére aurait été plus habile, et bien pas du tout.
On a dit que Margaret Tatcher avait « redynamisé » le Royaume-uni. En réalité, la seule dynamique a été celle d’un émirat pétrolier et gazier : mise au rencart de la ressource charbon : « c’est du passé », la production passe de 120 millions de tonnes en 1979 à 45 aujourd’hui. Pourtant les 2/3 des puits fermés à grands coups de subventions, étaient rentables. La place nette est faite comme partout ailleurs par l’effet d’éviction : la ressource fait place nette de toute autre activité. En Grande-Bretagne, elle est réduite à un mélange de city+pétrole+gaz. Mais si la city fonctionne encore (quoique on puisse se demander pour combien de temps), la raréfaction des ressources gaziéres, pétrolières, la fermeture des centrales nucléaires, aujourd’hui hors d’âge, risque fort de plonger la Grande-bretagne dans un âge des ténébres, et pas seulement au sens figuré du terme. De plus, pour le gaz, on a laissé les mécanismes du marché se faire. Total, la Grande-Bretagne est un des seuls pays à n’avoir pas sécurisé ses approvisionnements en gaz (clients et fournisseurs signent des contrats de longues durées, de 25 ans), et donc dépend des marchés spots.
La production de pétrole qui s’établissait à 128 millions de tonnes (une auto-suffisance, et quelques exports) et la production gazière ( 90 milliards de M3) sont en recul nets. Désormais, la déplétion commencée en 1999, atteint 15 % l’an et la production est divisée par deux. les gazoducs qui exportaient le gaz, désormais l’importent. 100 000 emplois sont menacés dans l’industrie (peu compétitive). La « réussite » économique Tatchero-blairiste, n’était que la « réussite » d’un état pétrolier : dûe au hasard de la géologie, passé avec lui. D’ailleurs, le pib de la France, qui n’a bénéficié que de faibles ressources charbonniéres, pétroliéres, et n’a bénéficié du gaz de Lacq qu’un cours laps de temps, est voisin. Pour doubler les ennuis, les norvégiens ont fait du proverbe koweitien « Oil in the ground is better than dollar in a bank », le leur… A tel point, que l’on pense au Royaume-uni, au rationnement…

Laisser un commentaire