La rentabilité.

P1000189 Quand j’entends parler de rentabilité, cela me fait grandement rire.
Comme un bilan prévisionnel d’ailleurs.
La fonction première des prêtres étaient de maitriser chiffres et lettres, puissances de pouvoir, à travers les archives et la comptabilité.
Alors on demande souvent, forme moderne du devin, un bilan « prévisionnel », habillage de la magie des prêtres.
Sachant bien entendu qu’on ne connait, ni volume, ni prix de vente, ni durée.

Alors, en ce qui concerne les énergies, plusieurs constats :
– le renouvelable est trop cher, souvent dopé par les subventions. C’est vrai pour le solaire, thermique ou photovoltaïque, c’est vrai pour l’éolien, c’est vrai pour les pompes à chaleur.
– les énergies « classiques » sont bien meilleurs marchés en terme de budgets, avec une marge calculée sur un cout de production et non sur une mode, en même temps qu’un afflux brusque.
– le monde actuel n’est pas bâti pour les accueillir facilement.
ET POUR LE REPETER, AU XVIII siècle, c’était le fossile qui ne serait jamais rentable, et on a vu des « révolutions fossiles », avorter tout au long du XIX° siècle, pour cause de non adaptation aux conditions locales.
Faute de ports, de routes, de techniciens, d’une liste de tout et de rien à la Prévert.
Aucun secteur industriel n’est rentable à l’origine, ses produits sont toujours trop chers.
Tous les secteurs industriels doivent et se sont développés avec l’aide d’états.
L’éolien ne fait pas exception. Si une compagnie américaine arrête les siennes, faute de pouvoir transporter le courant, la situation n’est pas différente de ces machines à vapeur britanniques, arrivant au Mexique en 1820, transportées au prix d’exploits inouïs et coûteux (attelages de 8 chevaux, routes construites spécialement), et jamais mis en service sur les mines d’argents, faute de muletiers en nombre suffisants, pour les approvisionner en bois…
A l’inverse, si la révolution industrielle a pu s’implanter en Grande Bretagne, c’est au prix d’un effort de quasiment un siècle, effort incertain et coûteux, mais aussi, ASSIS SUR UNE INFRASTRUCTURE RENOUVELABLE qui n’était pas, à l’origine, faite pour elle : on peut citer le réseau de canaux, notamment. (Construit pour exploiter… le bois).
Un investissement lourd, on a de la chance, si on le rentabilise en 25 ans.

Vendredi 5 septembre 2008.

Commentaires

Une réponse à “La rentabilité.”

  1. Avatar de JP
    JP

    « Tous les secteurs industriels doivent et se sont développés avec l’aide d’états. »
    Le principe se vérifie pour la plupart des nations qui ont réussi à reproduire la révolution industrielle anglaise. Mais attention, l’Angleterre elle même n’a pas vraiment suivi ce principe. Par exemple les infrastructures telles que routes et canaux commencèrent à s’y développer en tant qu’initiatives privées. Bon, on peut noter qu’au quatorzième siècle, Edouard 3 a netttement poussé le développement de la production textile, et ainsi fait échapper l’Angleterre à son statut de pays de la périphérie (braudel) ne produisant que la matière première, la laine. Et on peut aussi créditer la plupart des gouvernements d’y avoir favorisé toute l’activité maritime. Mais le rôle de l’Etat en Angleterre n’est pas vraiment allé au delà.
    Ca ne remet pas en question le principe général du rôle de l’Etat. C’est simplement que ce principe ne pouvant pas être connu initialement, ce n’est pas en l’appliquant, mais juste par hasard, que le premier décollage industriel d’un pays s’est réalisé.
    Le hasard a consisté en la combinaison de quelques facteurs: la situation insulaire de l’Angleterre, qui permettait une accumulation du capital dans des conditions bien plus sures, car le risque réduit d’invasion limitait les risques militaires sur le capital. C’est-à-dire d’une part les destructions par l’ennemi (la révolution industrielle aurait surgi d’abord dans les Flandres, très certainement, si elles n’avaient été envahies une ou deux fois par siècle), et d’autre part le cout de la « protection » par la classe militaire nationale (dont la tendance naturelle est de dévier l’accumulation du capital vers des usages très diversifiés mais presque toujours improductifs). Donc pour l’Angleterre un avantage en capital accumulé, qui va se combiner à une pénurie de matière première agricole (bois, fibres, nourriture), le territoire n’étant pas si étendu. C’est ainsi qu’il y est devenu plus rentable d’utiliser le charbon d’une part, et de fabriquer industriellement toutes sortes de bidules exportables pour importer les matières premières agricoles.

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