Sasol abandonne son projet de coal-to-liquid en Indonésie pour promouvoir le gaz naturel

 Le Groupe africain du sud Sasol est le leader incontesté mondial des procédés Fischer-Tropsch partant du charbon pour synthétiser des ersatz pétroliers. Il exporte ses technologies et projette de nouvelles réalisations en Chine, en Inde. Il envisageait aussi de réaliser une unité CTL en Indonésie. Mais Sasol vient d’annoncer qu’il abandonnait ce dernier projet faute de fournisseur indonésien prêt à lui fournir la matière première indispensable. Le constat est simple: face à l’augmentation sûrement durable des cours du charbon qui atteignent les 130$ la tonne dans les ports australiens (FIG.) il devient de plus en plus anachronique de vouloir transformer par un procédé très polluant cette ressource recherchée qu’est le charbon en essence ou en gasoil.

Prix-hebdo-Newcastle

Sasol tirant les conséquences de cette situation et constatant l’abondance du gaz naturel dans le monde affirme vouloir se relancer dans la voie gas-to liquid dans laquelle il dispose d’une puissante expérience au Qatar. En particulier il envisage de rentrer pour plus d’un milliard de dollars au capital du canadien Talisman avec pour objectif de transformer des gaz de schistes en carburants.

Prix-BTU

 Voici un exemple concret du switch du charbon vers le gaz naturel, le premier voyant ses cours se valoriser alors que le second va durablement voir son prix déprimé autour des 4 à 5$/MMBTU en Amérique du Nord, en raison de son abondance très probable. Transformer du gaz naturel en carburant de type kérosène ou gasoil va devenir un exercice de plus en plus rentable. Au cours actuel du gasoil à 111$/baril sur le Nymex (140$ à la pompe), ceci représente un prix de 19$ par million de BTU (TAB.), soit 4 fois plus cher que celui du MMBTU issu du gaz. Il y a de quoi payer les investissements et les pertes énergétiques du process GTL.

Remarque: ce Tableau, aux prix actuels de l’éthanol, montre combien il est financièrement intéressant de produire de l’éthanol à partir du charbon ou de gaz naturel. Cela peut expliquer le désir de Celanese d’aller produire de l’éthanol en Chine, à partir de syngas produit localement (LIRE).

LIRE l’info sur Bloomberg.

Le 22 Janvier 2011

Commentaires

7 réponses à “Sasol abandonne son projet de coal-to-liquid en Indonésie pour promouvoir le gaz naturel”

  1. Avatar de an391

    « face à l’augmentation sûrement durable des cours du charbon qui atteignent les 130$ la tonne dans les ports australiens (FIG.)  »
    Pourquoi durable ? Certainement encore une bulle gonflée à la spéculation, elle va se dégonfler un jour ou l’autre à priori, non ?

  2. Avatar de Lichtenberger
    Lichtenberger

    Vous nous dites « il y a de quoi payer les investissements et les pertes énergétiques du process GTL ».
    Vous pourriez nous en dire plus ?
    En quoi les investissements sont-ils conséquents ? Et pourquoi y a-t-il des pertes énergétiques ?

  3. Avatar de an391

    C’est des processus et usines associées compliqués, donc investissements conséquents, d’autre part comme tout processus de transformation cela nécessite de l’énergie (ou en produit mais pas dans ce cas) :
    « This method starts with partial oxidation of methane (a component in natural gas) to carbon dioxide, carbon monoxide, hydrogen and water, the carbon monoxide to hydrogen (H2) ratio is adjusted using the water gas shift reaction) and the excess carbon dioxide removal by aqueous solutions of alkanolamine (or physical solvents) the water is removed yielding synthesis gas (syngas) that is chemically reacted over an iron or cobalt catalyst to produce liquid hydrocarbons and other byproducts. »
    Par contre pas encore trouvé de chiffre de rendement énergétique

  4. Avatar de an391

    Tiens à ce propos il serait intéressant de comparer le nombre de barils produits à partir des sables bitumineux et de tout le gas naturel utilisé pour faire tourner le processus (et en ajoutant le diesel des camions etc), par rapport au nombre de barils que l’on obtiendrait par processus gas to liquid en utilisant juste le gas naturel.

  5. Avatar de Ray
    Ray

    A M. de Power-Alstom, vous pouvez vous reporter au projet Pearl de Royal-Dutch-Shell au Qatar que vous devez bien connaître et dont j’avais parlé il y a deux ans:
    http://www.leblogenergie.com/2009/02/pearl-un-vaste.html
    et surtout voir la SUPERBE présentation de Andy Brown au sein de l’usine Pearl en cours de construction:
    http://www.youtube.com/watch?v=65L0TRXjWWU

  6. Avatar de I.Lucas
    I.Lucas

    @ an391
    les sables bitumineux nécessitent d’être chauffés pour l’extraction ; n’importe quelle énergie peut être utilisée ; au Canada, l’énergie la moins chère est le gaz naturel.
    Environ 20% de contenu énergétique des sables bitumineux est nécessaire pour l’extraction.
    Il aurait été possible d’utiliser ce gaz naturel pour faire des essences à partir de Ficher Tropsh ; le rendement énergétique de la conversion ne dépasse pas 60% ( dont, au plus 80%, pour la formation du syngaz)
    on aurait donc produit 20%*0,6= 12% du pétrole extrait des sables bitumineux avec ce même gaz naturel!

  7. Avatar de an391

    @I Lucas
    Merci pour le calcul rapide, et oui on pourrait sans doute remplacer le gaz naturel par du nucléaire par exemple, par contre 20% est peut-être un peu optimiste, et il faudrait ajouter l’énergie utilisée qui n’est pas du gaz naturel (diesel des camions et pelleteuses par exemples), sans parler des autres externalités liées à la remise en place du sol après si ça se fait comme prévu, surveillance des tail ponds etc, pollution de l’eau et autre. Et la valeur du gaz naturel utilisé peut aussi augmenter, question d’arbitrage, comme le dit Nicole Foss dans video ci dessous par exemple :
    http://www.youtube.com/watch?v=nvoFJsqF1wQ
    (certes approche très américaines communautés et tout ça, mais beaucoup de points valides)

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