En ces temps agités en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (MENA), en ces moments où le WTI coté sur le NYMEX a perdu probablement de façon définitive son rôle de benchmark mondial au profit du Brent coté sur l’ICE à Londres, les cours de l’essence aux États-Unis se sont indexés sur le prix marginal de l’essence importée d’Europe. Il en résulte de copieuses marges de raffinage (entre 20 et 25 $/baril) pour les raffineries américaines provenant à la fois du spread de 10$ par baril entre Brent et WTI qui se superpose à la marge entre le cours de l’essence et celui du pétrole européen (FIG.I). Les prix à la pompe aux États-Unis ont gagné plus de 50 cents depuis le début de l’année pour venir friser les 3.6$/gallon en moyenne avec des prix dépassant les 4$/gallon en Californie (EIA). De telles données économiques laissent augurer d’excellents résultats financiers pour les Groupes pétroliers américains au premier trimestre 2011, mais elles sont politiquement destructrices pour l’Administration Obama et son patron.
Que peut faire le Président devant cette équation énergétique et financière dont les clés se trouvent sur la cotation du Brent à Londres et dans les mouvements d’émancipation démocratique dans le MENA? Objectivement pas grand chose. Mais ceci ne l’a pas empêché d’aborder hier ce sujet au cours d’un long discours à la Georgetown University à Washington portant sur l’indépendance énergétique des États-Unis.
– Constatant les retards pris dans le développement des ressources pétrolifères du Golfe du Mexique, les deux-tiers des permis accordés ne seraient pas encore en phase d’exploration (le traumatisme de la plateforme BP a dû en refroidir certains),
– constatant que faute de rentabilité et face aux problèmes de logistique, les biocarburants de deuxième génération n’ont pas connu le succès escompté par les oracles du Department of Energy ,
le Président Obama n’en demeure pas moins convaincu que la poursuite des objectifs d’amélioration dans l’efficacité énergétique des véhicules et l’accroissement des productions locales de pétrole et de gaz, conventionnel ou non, le développement des biocarburants et leur large distribution, leur utilisation dans l’Air Force, le développement des véhicules hybrides et électriques, devraient permettre de réduire d’un tiers les importations de pétrole des U.S.A. « en un peu plus d’une décennie ».
Pour atteindre un tel objectif encore faudrait-il convaincre le consommateur américain qu’il doit choisir lors de ses achats de voitures les véhicules les moins lourds et les plus sobres en carburant. Une politique interventionniste de type Bonus-Malus étant impensable dans ce pays de liberté, il ne reste plus qu’à espérer que les prix des carburants vont enfin jouer leur rôle et infléchir les choix des conducteurs et des fabricants vers des modèles plus énergétiquement efficaces.
Remarque: pour parler de façon pertinente des importations de pétrole américaines il faut examiner les importations nettes (FIG.II, courbe rouge). En effet les raffineurs américains constatant de moins en moins de demande locale, en raison de la réduction des consommations et de la montée des biocarburants, exportent de plus en plus de produits tels que le gasoil très bien payé en Europe. Les volumes exportés de produits pétroliers au mois de Janvier dernier se sont élevés à 2,7 millions de barils/jour. Ceci fait que pour des volumes importés de près de 12 millions de barils/jour, les importations nettes n’ont atteint que 9,3 millions de barils/jour au mois de Janvier. Pour comprendre l’objectif du Président Obama, en réduisant les importations « d’un tiers de 11 millions de barils/jour …en un peu plus qu’une décennie », est donc de ramener ces importations nettes vers les 5,7 millions de barils/jour. Il suffit pour cela de refaire aux U.S.A. en un peu plus de dix ans ce qui a déjà été réalisé en 5 ans. Le gaspillage énergétique américain est une vraie mine d’économies.
LIRE l’intégrale du speech du Président Obama qui devant un parterre d’universitaires, met en avant avec humour la compétence indéniable de son Secrétaire d’État, Prix Nobel de physique. Du petit-lait politique.
Le 31 Mars 2011



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