Avec une population de plus de 25 millions d’habitants en progression de 2% par an, ce qui permet aux démographes des Nations Unis de projeter une croissance de plus de 10 millions d’individus d’ici à 2030, l’Arabie Saoudite apparaît aujourd’hui comme un pôle important de croissance économique (PIB à +5 ou 6% par an) dans le monde. Ses ressources pétrolières lui garantissent une rente indexée sur le prix de la ressource la plus onéreuse du moment (Loi des Rendements Décroissants) et majoré d’un copieux coefficient de spéculation. Ses besoins en énergie pour assurer son industrialisation (raffineries, pétrochimie, production d’aluminium, etc.), son approvisionnement en eau par dessalement et ses transports ferroviaires se traduisent par un besoin prévisionnel croissant en puissance électrique installée.
C’est ainsi que la Compagnie Saoudienne d’Électricité prévoit que la puissance installée passera de 45 GW aujourd’hui à 75 GW en 2018 et pourrait dépasser les 120 GW en 2030 (FIG., courbe bleue). Ceci représente une croissance moyenne annuelle de 8% d’ici à 2018 et de 5% d’ici à 2030. Il faut ajouter à ces valeurs les besoins en puissance de l’Aramco qui devraient s’accroitre de 4GW à l’horizon 2015.
Ces données peuvent passer pour anodines sauf s’il est rappelé en référence que la puissance du parc constitué des 58 réacteurs nucléaires français, s’élève aujourd’hui à 63 GW.
Compte tenu de la volonté des Saoudiens de vouloir gérer leur pétrole en bons pères de famille et de ces robustes prévisions globales, il n’est pas étonnant que les besoins récemment affichés en centrales nucléaires pour ce pays parlent d’un objectif de 16 réacteurs à l’horizon 2030 qui assureraient un modeste 20% environ de la fourniture (courbe rouge).
Les annonces de projets ambitieux dans le photovoltaïque sont aussi de mise. C’est Showa Shell avec sa technologie CIGS qui est retenu par l’opérateur saoudien d’électricité pour implanter une centrale de 500 MW dans l’île de Farasan.
Mais la plus grande part des investissements devrait revenir aux fournisseurs mondiaux de centrales au gaz à cycle combiné. C’est ainsi que GE qui déclare avoir déjà installé 500 génératrices au gaz qui produisent près de la moitié des besoins en électricité du pays, affiche de grandes ambitions dans ce domaine. Siemens a déjà annoncé une commande de génératrices et autres composants pour les 2400 MW d’une unité de dessalement et de production d’aluminium. Le japonais MHI travaille beaucoup avec Aramco auquel il fournit les turbines à gaz. Quand à Alstom, outre la possible construction d’un TGV, il devrait placer ses billes dans la construction de réseaux indispensables à de tels développements.
Les besoins en énergie électrique de l’Arabie Saoudite vont participer au recyclage des pétro-dollars engrangés par ce riche pays favorisé par l’histoire géologique de son sous-sol. Ce développement se fera sans consommer un litre de pétrole en plus, ressource trop onéreuse pour être brûlée dans une centrale. Mais pour profiter de la manne encore faut-il faire partie du club très fermé des grands fabricants de turbines à gaz ou de centrales électronucléaires.
LIRE un papier sur ce sujet paru dans Bloomberg et l’annonce du contrat de 2400 MW de Siemens.
Le 4 Juin 2011


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