Le Japon imagine un doublement de ses productions électronucléaires entre 2007 et 2030

 L’équation énergétique japonaise, dans un pays isolé, privé de ressources fossiles et traumatisé par le dernier tsunami et ses conséquences apparaît être d’une grande complexité, balancée entre la crainte nucléaire et la volonté d’indépendance énergétique et de bonne santé économique. Les premiers éléments de réflexion qui paraissent sur ce sujet après le tsunami, semblent montrer une volonté affirmée du Japon de baser son avenir énergétique sur un couplage des énergies renouvelables au nucléaire, seule voie pour lui assurer pour la partie électrique, une large part d’autosuffisance énergétique (70%) dans un contexte géostratégique incertain. L’Institute of Energy Economics (IEEJ) publie les résultats d’une étude qui au-delà des problèmes à court-terme, baserait l’avenir énergétique du Japon à l’horizon 2030 sur la maîtrise des consommations, une forte baisse de l’utilisation des énergies fossiles, un développement du nucléaire et des énergies renouvelables.

Electricité 2030

L’exemple de la génération d’électricité illustre parfaitement ces objectifs (FIG. et TAB.) avec:

Electricité 2030b – une génération d’énergie stable, passant de 1024 TWh en 2007 à 1020 TWh en 2030,

– une production des centrales à flamme en baisse de 60% sur la période,

– un doublement des productions électronucléaires par fiabilisation et modernisation des installations existantes et la constructions de 14 nouvelles unités pour plus de 19 GW,

– un fort accroissement des énergies renouvelables globalement multiplié par 2,6 par rapport à 2007 avec un accent tout particulier sur le solaire, l’éolien et la géothermie. Certains chiffres sont impressionnants comme les 12 millions de maisons qui devront être équipées de modules solaires en 2030 ou le triplement des installations géothermiques (1,65 GW en 2030).

 Cet exemple japonais montre bien que pour les pays privés de ressources fossiles et désirant ne pas dépendre pieds et poings liés de leurs fournisseurs d’énergie fossile et de leurs tarifs, la voie nucléaire est incontournable malgré de fortes économies programmées dans les consommations. Le cas de la France est assez proche de celui du Japon (à l’insularité près) et à fait le choix de solutions du même type. L’Allemagne pour des raisons de politique intérieure, fait semblant de tourner le dos au nucléaire mais va dépendre largement de ses ressources en lignite et des fournitures de gaz de son voisin la Russie, situation peu favorable dans le concert écologique et politique des nations.

 L’insularité du Japon, la présence de deux gros voisins (Chine, Russie) aux avenirs politiques incertains sont des arguments forts pour justifier un choix clair d’indépendance énergétique de ce pays qui veut de toute évidence rester un acteur économique puissant dans le monde. Cet exemple est instructif et change des boniments de foire écologiques ressassés en boucle par les médias français.

LIRE les résultats de l’étude du IEE japonais.

Le 20 Juin 2011

 

Commentaires

21 réponses à “Le Japon imagine un doublement de ses productions électronucléaires entre 2007 et 2030”

  1. Avatar de Loran
    Loran

    Bonjour,
    ce n’est pas le Japon qui veut!
    C’est un institut économique (Institute of Energy Economics, Japan)…
    C’est toute la différence entre l’oligarchie et la démocratie, que le monde du nucléaire a du mal à comprendre…

  2. Avatar de waccsa
    waccsa

    Surréaliste…
    La question à 100 sous : en 2030, le corium des réacteurs de Fukushima continuera-il à fuir à tous vents ou aura-t-il explosé depuis longtemps au contact des nappes phréatiques ? Il y a un moment où il faut arrêter de se mettre la tête dans le sable.
    Le Japon aurait très bien pu miser sur le gaz pour sa génération d’électricité, les ressources russes sont toutes proches, mais c’est sa situation de souveraineté très limitée qui l’a conduit à se couvrir de centrales nucléaires US.
    http://www.kokopelli-blog.org/

  3. Avatar de Ray
    Ray

    Je savais que ça vous ferait réagir, mais le peuple japonais suit ses élites. Dans la démocratie japonaise ce n’est pas comme chez nous, ce ne sont pas les plus gueulards et les plus stupides qui l’emportent…consciencieux de leurs limites ils se plient au consensus des plus sages. C’est une question d’éducation. C’est peut-être la raison de la formidable avancée de la culture et de la technologie nipponnes. Dans tous les cas tous les Japonais feront un maximum pour ne jamais dépendre d’un dictat russe ou chinois.
    Mais si vous voulez les transformer … envoyez-leur José Bové dès qu’il sera rentré de Pologne, il n’a pas encore compris que les Polonais eux aussi ne voulaient plus de gaz russe!

  4. Avatar de Tonton
    Tonton

    Une petite histoire : au début des 50’s, quelques années après Hiroshima et Nagasaki, un jeune créateur de bande dessiné influencé par les créations occidentales mais qui va développer un style très particulier (qu’on appellera plus tard manga), Osamu Tezuka, invente l’un de ces personnages les plus connus, un petit robot abandonné par son créateur puis découvert dans un décharge par son futur père adoptif qui l’aimera comme un fils.
    Ce robot émotif est Astroboy et son coeur fonctionnait à l’énergie atomique. A peine dix ans après Hiroshima.
    On porte un regard d’Occidental apeuré sur les évenements au Japon mais avant de commenter il serait bon de se renseigner plus sur la culture japonaise. On m’a dit qu’au Japon il n’y avait qu’un tremblement de terre par an. Celui-ci dure 365 jours.

  5. Avatar de eilage
    eilage

    Joli histoire ! Oui mais est ce que c’est révélateur de quoi que ce soit !!!
    Pour les tremblements de terre, le Japon subit effectivement une moyenne de 30 séisme par jour !!!

  6. Avatar de el gringo
    el gringo

    « le peuple japonais suit ses élites » ?
    En fait, le gouvernement japonais n’a jamais consulté le peuple japonais sur ces questions tout comme en France.
    Pour votre information, 82% des japonais souhaitent la sortie du nucléaire.

  7. Avatar de Loran
    Loran

    « Dans la démocratie japonaise ce n’est pas comme chez nous, ce ne sont pas les plus gueulards et les plus stupides qui l’emportent…consciencieux de leurs limites ils se plient au consensus des plus sages.  »
    Excellent!
    Ce passage est succulent!
    On dirait du Besson!
    Tout y est!
    Le deuxième degrés involontaire (Fuku est indéniablement une grande réussite!), l’auto-satisfaction, le mépris, l’incompréhension profonde des changements de fonctionnement dans la société et surtout, l’agressivité toute neuve, de celui qui sent son pré-carré, basé sur des arguments d’autorité et le secret, menacé.
    Finalement c’est toute l’impuissance toute neuve des nucléocrates qui transpire.
    Vous avez égayé ma journée!
    Merci.

  8. Avatar de Fleurdelotus
    Fleurdelotus

    Mais quel est le plus agressif Loran?
    Celui qui comme vous juge de ce qui est bon ou mauvais ou celui qui essaie d’analyser la réaction des nations à un évènement traumatisant. Le flegme des britanniques qui ont décidé de poursuivre leur programme nucléaire serait-il moins vertueux que votre peur?
    Regardez autour de vous mon ami et vous verrez que d’autres ne partagent pas vos croyances.
    Quand à votre comparaison blessante à Besson vous auriez pu la garder pour vous mon cher souffledespoir.

  9. Avatar de Ds
    Ds

    Quand est-il de l’exploitation des hydrates de méthane en mer, qui rendrait le Japon producteur de gaz naturel; idem pour le gaz de schiste en France ?

  10. Avatar de Loran
    Loran

    Bonjour Fleurdelotus
    c’est gentil de faire de la pub!
    (mais je n’ai rien a vendre à part de l’espoir…)… Et vous?
    « Regardez autour de vous mon ami et vous verrez que d’autres ne partagent pas vos croyances. »
    Dont acte…On est toujours le croyant de quelqu’un…
    Mais malheureusement, les faits sont têtus, et le corium pollue, les enfants sont obligés de porter de dosimètres, des familles entières sont toujours en attente de relogement, et un territoire grand comme un département (et c’est sous dimensionné) et perdu pour des dizaines d’années au moins.
    Les rejets dans le Pacifique sont toujours plus nombreux, les entreprises nucléphiles prouvent tous les jours la vacuité de leurs technologies, et le mensonge est permanent…
    Quant à l’analogie avec Besson, désolé mais la aussi les faits sont têtus et les images cruelles, elle s’impose, il y a dans le monde du nucléaire un refus profond du dialogue avec les infras (« stupides » et « gueulards »).
    Oui je sais je manque de respect à mes élites…

  11. Avatar de an391

    Pour une fois je suis en gros d’accord avec Raymond, même si il est extrêmement urgent de consommer moins d’énergie (entre autres); pour ceux qui savent encore faire une addition ou se servir d’une calculette, il peut être utile de prendre conscience des vrais chiffres et ordres de grandeurs. Par exemple avec le livre de David MacKay disponible en pdf sur le web « sustainable enrgy : without the hot air »

  12. Avatar de Loran
    Loran

    Bonjour
    @an391
    les liens sérieux justifiant la sortie du nucléaire sont nombreux, il faut dire que depuis quelques temps le gouvernement allemand est un allié objectif des nucléophobes francais….
    Ce rapport par exemple qui émane du ministère allemand de l’environnement, vous y trouverez les ordres de grandeur: http://www.erneuerbare-energien.de/files/english/pdf/application/pdf/ee_in_zahlen_2010_en_bf.pdf
    Cette depeche AFP aussi, sans ordres de grandeurs mais avec une vrai mise au point des allemands:
    http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h-KaR3OW90J7VE8J2ILxNVmQfVxQ?docId=CNG.d7c33872cab91fbda31a5293d4f8ffaa.61
    « Et en concluant, Angela Merkel a tenu à doucher les espoirs de ceux qui comptaient profiter de l’arrêt du nucléaire allemand. « Il est important de dire devant la presse française que l’Allemagne va couvrir elle-même ses besoins en énergie », a-t-elle assuré. »
    Et aussi, le point de vue d’une Zélite (les nucléocrate n’ont pas le monopole des Zélites): http://www.telerama.fr/monde/bernard-laponche-il-y-a-une-forte-probabilite-d-un-accident-nucleaire-majeur-en-europe,70165.php

  13. Avatar de an391

    @Loran
    Regardé rapidement le rapport, mais ça n’est pas ce que j’appelle faire sérieusement des additions et voir ce que cela veut dire, comme dans le livre de MacKay. Ce rapport parle surtout de chiffres de croissances des renouvelables et fait des projections. Voir ce que ce la veut dire c’est :
    1) Supposons que l’on n’utilise que des renouvelables
    2) On commence par calculer l’énergie utilisée actuellement, à laquelle on retranche beaucoup d’économies possibles
    3) On prend le reste et on le distribue en solaire, biomasse, bio carburants, éoliennes, hydraulique, marémotrice, etc
    4) On regarde ce que cela veut dire en terme de surface agricole dédiée à la biomasse de chauffage ou agro carburants, surface de panneaux solaires, nombre d’éoliennes, nombre de barrage ou digues d’usines marémotrices, etc
    Ce qui est très différent (une carte des résultats pour UK dans le livre de MacKay)
    Sachant par ailleurs, que pour toutes les sources d’énergie renouvelable, il est assez facile de définir des « enveloppes théoriques » sur les rendements maximaux possibles sans trop se tromper (1 panneau solaire ne peut pas produire plus d’énergie qu’il en reçoit par exemple).

  14. Avatar de an391

    Et après cela il faut aussi adresser tous les problèmes d’intermittences et de stockages associés.

  15. Avatar de Loran
    Loran

    @an391
    Vous avez raison la rapport ne parle que des NRJ renouvelables. Ce que montre ce rapport, c’est que 11% de l’energie electrique en Allemagne est d’origine renouvelable. La progression est KOLOSALLE.
    Concernant les eoliennes, beaucoup de betises sont racontées sur l’emprise au sol nécessaire pour une raison simple, on parle d’éolienne offshore…
    Les gisements potentiels sont enormes, la a nos portes….
    Concernant l’intemittence:
    1) le reseau doit aujourd’hui gerer l’intermittence, pas des sources, mais des depenses…
    2) il existe des solutions… ya ka… un exemple: http://sites.google.com/site/repowereurope/concept-d-ile-energie
    plus complet:
    http://my.epri.com/portal/server.pt?space=CommunityPage&cached=true&parentname=ObjMgr&parentid=2&control=SetCommunity&CommunityID=405

  16. Avatar de an391

    @Loran
    L’addition à la fin, l’addition à la fin, qu’est-t-il possible de faire sans charbon, sans gaz, ET sans nucléaire, et qu’est ce que ça représente en terme d’infrastructures à déployer, regardez dans le bouquin de MacKay, c’est de cela dont il s’agit.

  17. Avatar de an391

    Et en plus sans pétrole pour les bagnoles, donc électricité en plus.

  18. Avatar de Ray
    Ray

    Merci Loran pour le rapport du BMU 2011. On y découvre page 23 que la facture des tarifs spéciaux à l’électricité renouvelable allemande (elle porte sur 80,5 TWh sur un total de 485 TWh consommés) a atteint en moyenne 153 euros par MWh ce qui fait une facture totale pour 2010 de 12,7 milliards d’euros soit une surfacturation de 8,8 milliards d’euros aux consommateurs allemands. Elle était de 5,3 milliards « seulement » l’année précédente.
    Pas étonnant que les foyers germaniques n’aient plus envie de consommer, il faut qu’ils paient leur jus.
    Il y a même une sorte de cercle vicieux: plus la facture est lourde et plus les occupants de maisons bourgeoises s’équipent de modules solaires…ce qui fait grimper la facture payée par les pauvres types qui ne peuvent pas s’équiper. Exemple type d’écologie « bobo » subventionnée.

  19. Avatar de Tonton
    Tonton

    Déflation compétitive, réduction des petits salaires et extension des heures de travail à salaires constants.
    Et désormais financement des subventions des énergies renouvelables par les classes les moins aisées.
    L’Allemagne écrase sa classe ouvrière.

  20. Avatar de an391

    Il est clair que la bonne politique en ce domaine ça n’est pas les subventions, mais les taxes (en partie directement redistribuées à part égale par habitant) sur les carburants fossiles. En particulier cela a l’avantage –essentiel– de ne pas définir ce qui est bien ce qui est mal, mais de favoriser toute solution, qu’elle soit basée sur de la production alternative/renouvelable ou sur des mesures de conservations (isolation par exemple)

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