Lettre ouverte aux jeunes économistes de mon pays

 Au gré des lectures d’ouvrages récents ou des écoutes de conversations entre économistes de mon pays, je suis de plus en plus choqué par le profond malthusianisme qui envahit les esprits. Pour illustrer mon propos je vous cite un passage des réflexions d’un jeune et brillant économiste, Nicolas Bouzou, pioché dans son dernier bouquin écrit avec Luc Ferry sur « La politique de la jeunesse » (Odile Jacob). Je cite: « La jeunesse des pays développés fait face à une contrainte qui ne s’exerçait pas sur ses aînées: la finitude du monde. La très forte croissance économique dans les pays émergents génère une demande de matières premières supérieure à l’offre aisément disponible et des émissions de CO2 toujours plus importantes. La jeune génération va devoir répondre à des problèmes de rareté croissants que l’on retrouve dans la montée des prix des ressources naturelles: rareté des ressources fossiles, rareté de l’eau potable, rareté de l’air pur… L’humanité connaît finalement un processus assez proche de celui du passage du néolithique au paléolithique, où il avait fallu « inventer » l’agriculture pour pallier la disparition du gros gibier. »

Chacun a bien-sûr un point de vue sur ces affirmations et il serait ridicule qu’à mon tour je commente ce texte avec de mièvres illustrations. Mais je voudrais cependant souligner certaines contradictions ou imprécisions évidentes de ce passage qui doit obtenir à coup sûr 99% d’assentiments auprès de nos jeunes contemporains.

 La première contradiction réside dans le fait que ce sentiment de « finitude du monde » ne soit une évidence que pour la jeunesse des pays développés et non pour celle des pays émergents. Y-aurait-il deux mondes celui des vieux riches qui va finir et celui des nouveaux riches qui démarre en fanfare? Il semblerait…mais alors quel est le bon?

 La deuxième remarque porte sur le concept fumeux de « finitude du monde » …la fin d’un hypothétique paradis qui n’a jamais existé? L’extinction progressive et inexorable de l’espèce humaine dans un processus à la « Mad Max »?

 La troisième remarque porte sur l’immanquable et insupportable mix qui associe « rareté des matières premières » et « accroissement des émissions de CO2 ». L’un ne va pas sans l’autre, sorte de Charybde et Scylla idéologiques…et pourtant ce sont deux paramètres aux effets totalement distincts. L’un agit sur les prix, élargit l’offre et limite la demande. L’autre est tenu pour agir sur le climat et les experts se chamaillent comme chiffonniers pour préciser l’amplitude de cette action…qui finalement pourrait être aussi bien négative que positive pour l’économie du monde. Alors que sur le premier paramètre la théorie économique peut apporter des connaissances pertinentes comme la loi des rendements décroissants et les phénomènes de substitution, sur le second, effets des GHG, je ne vois pas ce qu’un économiste peut sérieusement prédire sans avoir la connaissance à peu près exacte des effets attendus…sinon d’échafauder d’hypothétiques scénarios branquignolesques pour obtenir un prix Nobel ou équivalent et être anobli par la Reine.

 La quatrième remarque porte sur l’évidente « rareté des ressources fossiles » qui arrivera bien un jour si l’espèce humaine persiste en abondance…c’est une évidence. Mais en économie se tromper de timing peut être destructeur. Non les ressources fossiles sont encore abondantes sur terre et pour de nombreuses décennies. Un économiste doit considérer le stock global de ces ressources en prenant en compte des processus de substitutions compétitives qui agissent sans cesse sur la demande de l’une ou l’autre de ces ressources au profit ou aux dépens d’une autre. Un exemple: le gaz naturel abondant est en train de supplanter le charbon aux États-Unis, c’était imprévisible 5 ans auparavant et ce phénomène change bien des données économiques de ce grand pays gaspilleur. Phénomène inverse, les velléités d’abandon du nucléaire par l’Allemagne plongent l’Europe de l’énergie dans un grand embarras. Quand au pétrole, les consommations mondiales cumulées à ce jour, depuis le XIXème siècle, autour des 1280 milliards de barils représentent le quart des ressources ultimes estimées à ce jour (5000 milliards de barils récupérables) par les professionnels. Ces ressources encore enfouies et de puissants investissements financés par les prix attractifs du pétrole permettront, bon an, mal an, d’extraire  autour des 28 milliards de barils annuels consommés à ce jour dans le monde, pendant de longues décennies. Les prix et les progrès technologiques feront peu à peu baisser ces consommations au profit des biocarburants, de l’électricité ou du gaz naturel liquéfié qui alimentera les poids lourds, les trains et les navires. Le concept de pic pétrolier n’a aucun sens dans un mix énergétique en perpétuelles adaptations, au gré des ressources énergétiques locales disponibles et de la demande orientée par les prix.

 Enfin pour l’eau potable et l’air pur c’est aux hommes de plus en plus exigeants sur leur cadre de vie de se prendre localement en main et de réduire les pollutions autour d’eux….les technologies existent et la santé des populations à un coût. Les réserves d’eau et d’air sont globalement inépuisables ce qui change profondément l’équation.

Assez paradoxalement, les hommes bien souvent trop nourris, ont plus à craindre aujourd’hui de la multiplication des cas de diabète de type II que d’une pénurie des ressources énergétiques qui les conduirait à disparaitre. (LIRE). ACCEDER à la terrifiante carte mondiale de prévalence du diabète projetée pour 2030 et qui devrait toucher plus de 550 millions d’individus dans le monde (dont Chine: 130M, Inde: 101M, USA: 30M, Brésil: 20M, Bangladesh: 17M) .

 De toutes façons, depuis le paléolithique l’homme n’a cessé d’inventer des solutions nouvelles pour assurer son bien-être et celui des siens. Je ne vois pas pourquoi ce phénomène profondément humain cesserait subitement au cours de la première moitié du XXIème siècle de notre ère…même si l’idéologie écologique précautionneuse en vogue affirme le contraire.

 

Le 23 Mai 2012

Commentaires

21 réponses à “Lettre ouverte aux jeunes économistes de mon pays”

  1. Avatar de scaringella
    scaringella

    Ces gens sont des intellectuels c’est à dire des idéologues, des champions d’une cause. Ils sont la pour véhiculer un modèle politique de domination et le faire accepter aux populations par leur propagande. Ce ne sont ni des penseurs, ni des scientifiques. Le seul intêrét à les lire est de prévoir à quelle sauce les dominants veulent nous croquer, et comment s’en protéger. Regarder le JT est à peu près équivalent à les lire.
    Vous faites un vrai travail d’analyse, eux font de la propagande et sont gracement payés pour cela.

  2. Avatar de Tonton
    Tonton

    Notre origine de paysan français serait-il la cause de ce malthusianisme ancestral ? Alain Peyrefitte le relevait dans son livre Le Mal Français (une lecture tonique et d’actualité bien que le livre date de 1976).
    Un problème aussi se rajoute : la mondialisation ne s’est pas faite sur des valeurs françaises, le libéralisme en France s’est imposé de mauvaise manière en convertissant les élites et en délitant l’Etat : ainsi les entreprises du CAC 40 ont détruit plus d’emplois en France qu’elles n’en ont créé sur la dernière décennie. Pendant ce temps en Allemagne il y avait un pacte social entre entreprises, Etats et employés.
    Pire : dans ce bouleversement mondial, aucune nouvelle entreprise en France n’est parvenue à entrer le CAC 40 en 30 ans ! Aux USA sur les 100 plus grandes entreprises 60 sont apparues sur cette période !
    Il y a une gérontocratie immonde qui végète en France s’arrogeant rentes et pouvoir tout en laissant des miettes aux plus jeunes. C’est un miracle qu’un Xavier Niel a pu réussir en France quand on connait
    Je tiens pour responsable une élite qui s’est désintéressés de la France, désertant les ministères et rejoignant des grands groupes, et qui n’offre rien à ce pays qu’une dilution dans un grand marché européen, aux pieds des Etats-Unis.
    Nicolas Sarkozy était bien le symbole de cet atlantisme ridicule associé à un manque de vision de l’avenir qui l’a fait poursuivre Bush Jr. en début de mandat pour demander en 2012 que les « Français deviennent plus Allemands ».
    Tout est à reconstruire désormais.

  3. Avatar de eilage
    eilage

    Votre long article ainsi que votre conclusion (même si je n’en partage pas l’idéologie) mettent en évidence une chose :
    L’incongruité et l’impossibilité à laisser indéfiniment l’argent (la monnaie) être le seul moyen d’étalonner les richesses et d’autant quand on sait qu’à l’aube d’une troisième guerre mondiale « économique », chaque grande région joue avec la volatilité de sa propre devise dans le but de mieux s’arranger celle des autres …
    Les économistes (parlons en) ne connaissent que PIB, point de croissance, part de marché pour arriver à énumérer, compter, magnifier la création des richesses …
    La vérité c’est que derrière chaque point de PIB, la création de richesse s’effectue exclusivement et inéxorablement en puisant dans notre environnement originel, les abondantes ressources, pour les transformer, les manipuler, et en jouir …
    Les vraies richesses, même dans notre société évoluée de sapiens-sapiens, qui se veut de plus en plus spirituelle et dématérialisée, ce ne sont encore et indéfiniment que les ressources qui nous entoure et sont à notre disposition sur notre seule et unique planète !
    L’argent (la monnaie) comme seul moyen d’évaluer les richesses de notre monde est finalement un non-sens caduque.
    Quand l’homme disparaitra, le concept monnaie disparaitra avec lui …
    Pas les richesses !
    Les seules, les vraies richesses qui sont rares ou abondantes sur notre planète :
    Les « ressources naturelles » !
    Le problème avec l’argent (la monnaie), c’est qu’il dématérialise le précepte des richesses naturelles, des ressources naturelles.
    Et fausse la perception d’une population nourrie aux fantasmes de la toute puissance de son esprit, à voir ce qu’elle est, et ce qui l’entoure vraiment…
    Les seules richesses qui devraient servir d’instruments comptable dans la société de tout les hommes, et ce vers quoi l’homme devrait tendre en tant que reconnaissance de devises ultimes sont :
    Le temps, et les ressources naturelles …
    Et pas la monnaie, le dollar, l’euro, le yen, ou ce que l’ont veut d’autre !
    Car cela donne lieu a des comptes d’épicier qui n’ont de vrais valeurs que dans les esprits de la société de tout les hommes.
    Et aucunement dans le vrai monde physique et originel qui l’entoure !!!
    C’est peut-être ça le prochain saut post paléolithique qui nous attend !

  4. Avatar de an391

     » La troisième remarque porte sur l’immanquable et insupportable mix qui associe « rareté des matières premières » et « accroissement des émissions de CO2″.  »
    Tout à fait d’accord sur ce point, même si je ne suis en rien climato sceptique, mais il est clair que depuis plusieurs années on assiste à une sous traitance profondément énervante de l’urgence « raréfaction des ressources hydrocarbures fossiles en partulier » sur l’urgence « diminution des émissions de CO2 ».
    Mais la raison fondamentale de cela est justement à mon avis que le message « climat et CO2 » est beaucoup plus facile à passer, du fait qu’il n’oblige pas à un esprit « Malthusianiste » dans son expression, à l’inverse de celui « raréfaction des ressources ».
    Par contre je ne comprends pas (ou trop bien) pourquoi Malthus serait tant vilipendé, quand il y a là surtout des banalités, certes quelque peu atroces.
    Cette prise de conscience de la finitude des ressources est dans tous les cas essentielle, même si bien sûr ça n’est pas un problème mais simplement un fait, et qu’il n’y a donc pas de solution. « le temps du monde fini commence », écrivait Valery, et d’autres avant lui pourrait-t-on dire, et certes le danger est ensuite l’immobilisme.
    D’autres part à mon avis l’économie qui prend toujours le « plus » comme critère de mieux (et que prendre d’autre), est irréconciliable avec cet aspect, mais prétendre qu’il puisse en être autrement serait sans doute encore pire, par contre à travers la politique et fiscalité on peut influer sur ce que fait la « machine économique », et en particulier favoriser les produits moins consommateurs de ressources (à la fois pour leur construction et fonctionement)

  5. Avatar de jean
    jean

    Depuis que l’on sait que la matière est Énergie comment encore penser que le monde est fini.
    Plus de pétrole alors gaz, plus de gaz alors uranium, thorium, fusion (chaude ou froide) etc etc.

  6. Avatar de Thales
    Thales

    Tout d’abord, bravo pour vos articles fort bien documentés que je prends plaisir à lire. Et on s’instruit beaucoup.
    Pour ce dernier, je suis plus nuancé sur le fond. J’essaye de m’expliquer.
    De plus en plus d’experts s’accordent à penser qu’une des raisons de la crise des subprimes de 2008 est en partie du à la hausse des matières premières. D’ailleurs, on se souvient que les premières entreprises touchées ont été les secteurs de l’aéronautique et automobile, très dépendantes des énergies fossiles.
    Du coup, la croissance économique est tombée en berne et tous les prêts bancaire pourris américains ne pouvaient tenir que grace à une hypothèse de croissance perpetuelle. Mais comme ce ne fut plus le cas, par voie de conséquence, le chateau de carte n’a pas tenu. Comme le système Madoff basé également la dessus.
    Tout ça pour dire que la croissance est basé avant tout sur la transformation de ressources naturelles et énergétique. Et si des contraintes apparaissent sur ces ressources, l’impact sur les couts de production se fait immédiatement sentir,d’ou chomage et baisse du pouvoir d’achat.
    Par ex, comme vous le savez, le pétrole a atteint son pic de production en 2008 et ce n’est pas le développement du non conventionnel qui va inverser la tendance de fond. On consomme bcp + de barils qu’on en trouve aujourdh’ui;
    Même si je ne suis pas pessimiste de nature, je pense que l’on va néanmoins devoir passer à un autre modèle car ceux actuellement en place ne tiennent plus la route. La finance a accentué les dysfonctionnement actuels mais encore une fois, si on arrivait à générer 3% de croissance chaque année dans les pays industrialisés, la dette ne serait pas un problème.
    Le problème principal vient de nos politique qui n’ont plus de vision à Très Long Terme pour initier ce changement. Aujourdh’ui, on pense plus à colmater les breches et surtout à se faire élire sur des promesses.
    Voilà, je voudrais pour finir avoir votre avis sur 2 points svp.
    Que pensez vous de la tribune parue dans le monde en Mars sur la mobilisation de la société face au pic pétrolier (qui résume mieux que moi ce que j’ai essayé d’expliquer) ?
    La réédition par Dennis Meadows du rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance parue la semaine dernière vous parait elle hors sujet ? ou du moins très exagérée ?
    Merci encore pour vos articles et surtout : « CONTINUER ».
    Bien Cordialement
    Pascal

  7. Avatar de Vince

    « De toutes façons, depuis le paléolithique l’homme n’a cessé d’inventer des solutions nouvelles pour assurer son bien-être et celui des siens. »
    Vraiment ? Est-ce l’humanité qui a inventé le pétrole ? 1ère nouvelle…

  8. Avatar de Ray
    Ray

    Vince alors, l’homme aurait-il inventé le vent et le soleil? Je ne le pense pas, mais il a inventé les moulins à vent, l’agriculture et les cellules photovoltaïques. Les techniques pétrolières dont la pétrochimie, vaste pan de la chimie organique, passeraient-elle en pertes et profits? De telles remarques agressives et se voulant blessantes, Vince, inutiles marques franchouillardes stupides de mépris, ne font pas avancer le débat. Elles participent par ailleurs à dévaloriser certains de vos commentaires souvent pertinents.
    OUI, sans pétrole, l’humanité trouvera les ressources pour se fournir en énergie et en matières organiques de base…le CO2 et le gaz naturel abondant seront alors de précieuses ressources de carbone. La substitution compétitive des ressources énergétiques jouera alors tout son rôle, délaissant un pétrole rare et hors de prix aux applications les plus exigeantes (kérosène de base).

  9. Avatar de Benkebab
    Benkebab

    « La deuxième remarque porte sur le concept fumeux de « finitude du monde » …la fin d’un hypothétique paradis qui n’a jamais existé? »
    Rien à voir, l’auteur parle tout simplement de la finitude au sens mathématique (ensemble fini).
    En pratique, pour un physicien, le concept d’une croissance infinie (et consommation d’énergie infinie) dans un ensemble fini est un non sens, même avec la meilleure évolution envisageable (efficacité énregétique, substitutions compétitives, etc.)
    Un très bon débat sur le sujet entre un physicien justement et un économiste: http://physics.ucsd.edu/do-the-math/2012/04/economist-meets-physicist/

  10. Avatar de Ray
    Ray

    Associer notre monde à un ensemble fini c’est peut-être oublier que ce n’est pas un système fermé au sens thermodynamique. Ses ressources énergétiques primaires proviennent de l’énergie du soleil lentement transformée par l’intermédiaire de la photosynthèse végétale et animale durant 500 millions d’années en lignite, houille, gaz naturel et pétrole. Ce qui est réputé impossible pour un physicien distingué importe peu au groupe d’humains qui va vivre quelques décennies sur terre. Question de timing…tout le débat est dans l’échelle de temps examinée. Ruiner un pays pour lui assurer un hypothétique bonheur pendant les millénaires à venir n’est peut-être pas une approche optimale, même si un physicien la croit exacte. Fuyons Benke ceux qui veulent nous sauver, les purs des églises écologiques qui nous promettent le bonheur pour plus tard en prêchant le retour à la frugalité d’un Eden qui n’a jamais existé. On y mourrait d’un manque naturel de nourriture pour les plus faibles, de tuberculose pour les plus aisés ou de la rougeole à 6 ans pour les moins chanceux. Laissons les progressions géométriques se débrouiller dans leurs ensembles mathématiques finis…les traditionnelles crises brutales et les conflits armés se chargeront de réguler tout cela.
    La frugalité des uns ne comblera pas la boulimie des autres.
    C’est peut-être là la seule certitude que nous puissions partager.

  11. Avatar de Tonton
    Tonton

    Vaclav Smil dans son livre sur les prochaines grandes catastrophes potentielles (il en existent, il ne faut pas les nier) met en tête de gondole le risque de pandémie dont la dernière itération majeure a tuée « seulement » quelques millions de personnes à comparer avec les plus de 20 millions de personnes mourant dans des accidents de voiture chaque année.
    Or la pandémie vient d’une maladie qui s’est modifiée, engendrée, sélectionnée dans un environnement naturel. C’est donc bien contre la nature qu’il faut se protéger comme on l’a fait pendant tant d’années en s’y arrachant finalement.
    Toutefois les menaces environnementales par l’homme sont bien réelles dont les pollutions dues aux énormes flux d’azote captés par l’homme pour assurer son alimentation a été un grand progrès pour nourrir la planète mais qui désormais soulèvent des questions sur les conséquences sur l’environnement.
    De même l’Inde (et la Chine n’est pas en reste), d’après des estimations récentes, pourrait voir grimper de 100 millions sa population de diabète de type II celui des riches consommateurs de sucres. Rien n’indique que ces tendances seront apaisées.
    S’il faut se méfier des vendeurs de solutions simples, il faut aussi se méfier des discours trop optimistes sur l’avenir.
    Après tout nous avons vécu une période de paix et de croissance exceptionnelles dans l’histoire de l’humanité et un retour des turbulences ne serait qu’à l’échelle des civilisations que la reprise d’une tendance normale.
    Le livre de Smil en question : http://www.vaclavsmil.com/global-catastrophes-and-trends-the-next-fifty-years/

  12. Avatar de Ray
    Ray

    Là aussi, Tonton, se pose le problème du timing. Les Scientifiques nous diront tous que l’espèce humaine, comme toutes les autres, disparaitra un jour de pandémie ou d’autre chose…et alors! Est-ce une raison suffisante pour revenir aux peurs du Moyen-âge millénariste (je vois que Smil que vous citez souvent Tonton, ne donne que 50 ans de survie à l’espèce humaine!!! il y va gaillardement…. ça fait vendre. Plus c’est gros, plus ça étonne ) ou au contraire pour faire jouer toute l’intelligence du cerveau humain pour essayer de surmonter les possibles épreuves. J’opte sans optimisme niais pour la seconde option…parce que je ne suis pas un dinosaure mais un homme, et que la vie de mes proches m’est chère.
    L’affaire des vaccins contre le virus grippal H1N1 qui a coûté, il y a peu, assez cher aux contribuables français, illustre les méfaits d’hypothèses précautionneuses extrêmes.

  13. Avatar de Tonton
    Tonton

    Je peux vous dire que Smil est loin d’être un pessimiste friand d’apocalypse ! C’est même le contraire en se battant de l’autre côté contre les techno-optimistes (mouvement mi-terrifiant mi-hilarant des singularistes américains pour sa partie la plus extrémiste).
    Pour les 50 ans vous n’avez lu que le titre… Il évoque les 50 prochaines années et ses risques associés tout en refusant de faire des prognostics qui sont de toute façon faux dans tous les cas (il a d’ailleurs fait un bon papier sur le sujet).
    « Global Catastrophes and Trends does not come down on the side of either doom-and-gloom scenarios or techno-euphoria. Instead, relying on long-term historical perspectives and a distaste for the rigid compartmentalization of knowledge, Smil argues that understanding change will help us reverse negative trends and minimize the risk of catastrophe. »
    Encore une fois regardez sa bibliographie vous verrez qu’il est loin de faire ses livres un tiroir-caisse en effrayant le bon peuple : ses ouvrages sont en général technique et des objets de recherche scientifique pas de promotion idéologique !
    Difficile d’ailleurs de voir des apparitions publiques du bonhomme (il n’a pas fait de TED car il déteste ça… ce qui le condamne à l’obscurité immédiate vis-a-vis de la bonne pensée mondiale) mais il a fait une vidéo passionnante sous forme d’interview sur le futur de la planète et je suis sûr que vous allez apprécier…
    http://www.youtube.com/watch?v=678b7N0pIHE

  14. Avatar de Tonton
    Tonton

    Jancovici – Daniel, le duel des Jean-Marc !
    http://www.youtube.com/watch?v=mHTFEePPEMQ

  15. Avatar de Ray
    Ray

    Merci Tonton pour ce lien qui permet de mesurer la formidable culture d’un Jean-Marc Daniel très décontracté et qui rendent assez ridicules les pauses d’un Jancovici toujours aussi pompeux et imbu de ses certitudes. Le caractère génétique de la non attraction pour l’homme des énergies de flux et de leur préférence pour les formes stockables est une façon très intello et assez stupide de parler des contraintes du caractère intermittent de l’énergie solaire. Le soir venu pour faire cuire sa soupe ou rôtir sa cuisse de sanglier le Gaulois a toujours préféré un bon feu de bois au soleil du lendemain. Je ne vois pas en quoi cette préférence serait inscrite dans le patrimoine génétiques de notre espèce « accumulatrice » (sic). Le caractère intermittent et diffus de la ressource solaire a toujours été une contrainte et l’est encore.
    Que de bêtises prononcées en si peu de temps par un parigot prétentieux.

  16. Avatar de Tonton
    Tonton

    J’en étais sûr que vous apprécieriez.
    Effectivement il y a comme un gouffre culturel d’un Daniel (tout aussi bien avec le sociologue imbu de lui-même lançant des généralités navrantes) qui manie aussi bien l’économie que l’histoire et la stratégie (j’ai lu sur ses conseils. J’ai même pris des notes, c’est pour dire, il cite une grosse dizaine d’épisodes historiques tout aussi intéressants les uns que les autres en rapport avec les évènements d’aujourd’hui.
    L’exposé de Jevons sur les épuisements du charbon mondial et son pronostic raté donne un sérieux coup de sabot à la croyance quasi-religieuse des modèles mathématiques de prédiction de l’avenir (Rapport Meadows, GIEC, pic pétrolier et maintenant réuni sous la bannière du machin Shift Project)…
    Difficile d’être reconnu pour un économiste « profession infamante » (après la remarque désobligeante du présentateur) en France, comme il remarque, au profit de l’ingénieur qui s’il est essentiel pour l’économie (Daniel le met plus en avant que le scientifique) ne devrait pas avoir une voix si prédominante dans le débat des idées.
    Les autres interventions sont tout aussi remarquables et documentées.
    J’en profite pour indiquer trois autres interventions de Daniel tout aussi passionnantes : Les politiques monétaires : http://www.youtube.com/watch?v=GpHFrpjtEWs
    Histoire de la pensée économique : http://www.youtube.com/watch?v=SZ3byVQvozs
    La statégie (excellente !) : http://www.youtube.com/watch?v=RvY5vC7iM04
    Cette dernière m’a permis de découvrir Luttwak et particulièrement son livre sur la stratégie de l’empire byzantin : http://www.youtube.com/watch?v=fMcoOiOxLf8

  17. Avatar de Tonton
    Tonton

    Je n’ai par contre pas de recul suffisante pour analyser sa position sur l’accaparement de la production mondiale de l’intelligence par la rente des pays pétroliers (c’est bien la raison de sa présence dans cette conférence par ailleurs !). Les fonds souverains sont une réalité croissante dans l’économie et son raisonnement paraît de bon sens.
    Qu’en pensez-vous ?

  18. Avatar de fredo
    fredo

    Bonjour,
    je réagis bien tard à votre amusant post. Bien sûr que vous avez raison, la propagande malthusienne héritée de sa forme moderne dite du « club de Rome » est un monument d’âneries.
    Mais le dialogue est bien difficile, tant ce courant est persuadé d’avoir raison. Si je fais quelque objection à l’excellent Jancovici, je me vois régulièrement répondre que je n’ai rien compris à ses écrits. Bien sûr ici, désaccord ne veut pas dire négation: Jancovici a fait un travail remarquable pour expliquer les problèmes du réchauffement climatique, et les gens du « peak oil » connaissent leur sujet, et ils ont probablement raison quand ils disent que l’on n’augmentera plus guère le niveau de la production pétrolière. Mais ils négligent la capacité d’invention humaine à maintenir un niveau de production raisonnable sans doute avec l’augmentation des prix et l’introduction de substitutions.
    Reste que toute cette argutie sur la finitude du monde est une resucée des idées de Malthus. On en revient un peu aux modèles mathématiques. Malthus avait dit que la population augmentait en progression géométrique (ou exponetielle) alors que la production était en prgression linéaire. Evidemment, on ne peut mettre l’évolution de l’humanité en équation et les progressions exponentielles ne durent jamais trop longtemps. Alors le Club de Rome a grosso modo rajouté une limite, qui,
    évidemment va faire que l’exponetielle croissante va rencontrer un mur catastrophique..
    Il faut se méfier des mathématiques quand on veut traiter un problème économique, voire sociétal. Un bel exemple des âneries qu’on obtient est dans un récent article de « Marianne »:
    http://www.marianne2.fr/Solaire-l-Amerique-se-protege-de-la-Chine-l-Europe-compte-les-morts_a219386.html
    où l’on voit un zélateur du photovoltaique (PV) extrapoler un doublement annuel des installations PV sur 10 ans ou plus: en 10 ans, le PV serait donc multiplié par 1024, et en même temps, le prix des panneaux doit décroître de 12% par an. Bel exemple du ridicule de ces extrapolations!
    Pour notre sujet, comme je vois ici pas mal d’ingénieurs et de physiciens, cela me fait penser aux infinis qu’on rencontre en théorie des Champs: on s’est aperçu que l’on pouvait traiter ces infinis en considérant que les infinis devenaient tractables si l’on étudiait les choses en fonction de l’échelle spatiale à la quelle on se plaçait (technique dite de « renormalisation »). Ici, la technique consiste à réfléchir au temps pendant lequel on dispose de ressources reconnues. Pour l’instant, si on a une perspactive un peu juste en nombe d’années de réserves, on cherche, on trouve souvent, mais c’est plus cher. Et fait le mur a tendance à reculer au fur et à mesure qu’on s’en approche!
    Le problème s’est trouvé avec l’uranium: les ressources étaient estimées il y a 15 ans autour de 3.5-4Mtonnes. Or on a vu les besoins augmenter, l’investissement recherche a augmenté, et les ressources (« réserves prouvées ») sont montées vers 6 M tonnes. Or la consommation reste aux alentours de 70,000t/an. Le prix de l’uranium est 4% du prix de l’électricité nucléaire. Je parie que si cette source d’énergie se développe, comme cela semble être le cas, on aura de plus en plus d’uranium, peut-être un peu plus cher.
    Mais le Malthusianisme est aussi un problème politique, et Malthus a été à son époque l’enjeu de conflits politiques: Moi j’adhère à cette ancienne critique de Malthus (site:
    http://classiques.uqac.ca/classiques/Engels_Marx/critique_de_malthus/critique_de_malthus.html
    ) et j’en extrais:
    « L’ouvrage de Malthus [1998] sur La Population était un pamphlet dirigé contre la
    Révolution française et les idées de réforme qui se faisaient jour alors en Angle-
    terre (Goodwin, etc.). C’était une apologie de la misère des classes laborieuses. »
    En fait le malthusianisme d’aujourd’hui joue le rôle de supestructure idéologique pour faire accepter au nom de pénuries « physiques » la grande régression économique et sociale qu’on organise…
    Cela n’enlève rien à la réalité du problème du réchauffement climatique.

  19. Avatar de fredo
    fredo

    Désolé, Malthus sur le principe des populations, c’est 1798, pas 1998, bien évidemment…un peu après la révolution française, et pas par hasard.

  20. Avatar de Longchamp Legende Prix

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