Certains mouvements, issus d’anciens courants altermondialistes, prétendument écologistes, réclament, le poing levé (serait-ce le nouveau symbole de l’écologie?), de réduire les teneurs en CO2 de notre atmosphère pour revenir aux 350 ppm de la fin des années quatre-vingts. C’est le genre de slogan simple et semble-t-il aisément accessible, capable de mobiliser les masses et de montrer combien les pollueurs doivent être combattus et, si possible, éliminés.
Tout mouvement idéologique sécrète sa « branche armée », dont la violence indigne s’appuie sur les certitudes du moment et la volonté d’éliminer les non convertis. Certains mouvements violents en « isme » des siècles précédents et du moment illustrent parfaitement ces évolutions perverses. Je ne vois pas pourquoi l’idéologie écologique n’obéirait pas à cette règle logique d’évolution, vers les formes intransigeantes puis violentes, c’est la raison pour laquelle j’invite mes contemporains à la prudence.
Que signifierait, dans les faits, de vouloir de revenir à 350 ppm de CO2 en quelques années?
Il faut se rappeler qu’avec 400 ppm en volume, l’atmosphère terrestre contient 3120 milliards de tonnes de CO2. Pour revenir à 350 ppm il faudrait réduire la quantité de CO2 dans l’air d’un huitième, soit de 390 milliards de tonnes.
Le milliard de tonne de CO2 est, à mon avis, une unité bien plus parlante que le ridicule ppm en volumes.
Aujourd’hui pour un rejet annuel anthropique global (industriel et agricole) de 40 milliards de tonnes de CO2, on en retrouve en moyenne 17 milliards dans l’azur (+2,2 ppmv). Ceci veut dire que les océans et les terres émergées pompent chaque année autour des 23 milliards de tonnes de CO2.
Pour stabiliser les teneurs en CO2 dans l’atmosphère, il faudrait donc réduire les émissions anthropiques annuelles de CO2 à 23 milliards de tonnes. Pour faire régresser ces teneurs dans l’atmosphère il faudrait donc réduire encore plus les émissions anthropiques de CO2.
Prenons l’hypothèse de réduire rapidement de moitié les émissions anthropiques annuelles de CO2 et de les ramener à 20 milliards de tonnes. Ceci permettrait d’une part de réduire les quantités de CO2 dans l’atmosphère de 3 milliards de tonnes par an; il faudrait alors plus de 130 ans pour atteindre les 350 ppm visés.
Mais entre temps, cela suppose que le monde aurait fait régresser les économies de la Chine et de l’Inde de plusieurs décennies en arrière, ce qui est difficilement imaginable.
Réduire brutalement les émissions de CO2, c’est aujourd’hui s’attaquer à la bonne santé des économies mondiales dont celles des grands pays émetteurs. J’imagine mal les grands pays asiatiques accepter de telles contraintes, sans aucune réaction agressive.
Les rejets anthropiques de CO2 sont étroitement liés à la bonne santé économique du monde. Pour en réduire leur volume il reste à élaborer un plan réaliste et progressif sur plusieurs siècles qui favoriserait les énergies décarbonées. A l’échelle de la planète, seul un développement massif et programmé des énergies électronucléaires (existantes ou à venir) me semble présenter une énergie suffisante pour apporter une première esquisse de solution. Le recours au gaz naturel peut, pour sa part, assurer, dans certains cas de ressources suffisantes, une transition acceptable, comme c’est le cas, aujourd’hui, aux États-Unis. Quant-aux excellentes énergies renouvelables, leur intermittence les condamne à un rôle marginal, faute de pouvoir les stocker avec des rendements et des dépenses en capital acceptables.
Le 13 Novembre 2015
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