Uranium : petit rappel…

Leupowder « Pour ne pas trop rêver avec l’histoire des réserves, allez lire ceci : Pénurie et fin progressive de l’uranium et vous constaterez que l’important, c’est la quantité qu’il est possible de produire chaque année.
Alors, vous verrez qu’une pénurie mondiale d’uranium se produira dès 2015 et que la production d’uranium atteindra son maximum en 2025 avant de diminuer, entraînant la diminution de la production d’électricité nucléaire.
Aucune autre technologie nucléaire ne sera disponible avant 2040.Et n’oubliez pas que le prix de l’uranium a été multiplié par dix en quatre ans, que le coût du combustible nucléaire prend une importance croissante dans le coût de l’électricité nucléaire. »

Je trouve la réaction de cet internaute charpentée et en même temps très optimiste. Elle reflète pourtant les grandes lignes des données officielles (hors propagande).
Car, comme tout le monde le sait, les données du secteur énergétique ne sont absolument pas surestimées,toujours transparentes et complètement honnêtes, comme un cheik Saoudien.
D’autres données courent, attrapées par le petit bout de la lorgnette, ou officiellement d’ailleurs, mais ignorées. Les deux exemples les plus parfaits sont les réserves d’uranium actuelle française, de l’ordre de 8000 tonnes, les nouvelles des mines de Western range et de cigar lake. Western range a vu sa production diminuée de moitié, et cigar lake, produira un jour, enfin, peut être, mais en attendant, on prend bien les données issues de cette mine virtuelle pour l’instant, et qui a de bonnes chances de le rester à tout jamais.
Si un pays comme le Niger qui fournit l’essentiel de l’uranium français décide de continuer à diversifier ses ventes, comme il le fait, c’est 60 % de l’uranium « français » qui partira ailleurs…
Bel exemple d’indépendance énergétique, de prévoyance et de coupures proches…

Commentaires

7 réponses à “Uranium : petit rappel…”

  1. Avatar de patrick
    patrick

    Ouf, je respires…

  2. Avatar de el gringo

    Prix de l’uranium et coût de l’électricité nucléaire
    Lorsque le prix de l’oxyde d’uranium U3O8 était de dix dollars la livre, l’uranium comptait pour environ 5% du coût de production de l’électricité d’origine nucléaire. Avec un prix de cent dollars la livre, cette proportion devient 34% et le coût de production du kWh d’origine nucléaire est augmenté de 45%.
    En 2000-2003, le coût du combustible nucléaire représentait 15% du coût de production de l’électricité nucléaire (5% pour l’uranium et 10% pour les divers traitements). A cette époque le prix de l’uranium était de dix dollars la livre (454 grammes) d’oxyde U3O8. Ce prix, pour les contrats à long terme, est passé à vingt dollars en 2004, trente en 2005, cinquante en 2006 et plus de quatre-vingt pour le premier semestre 2007.
    Sur le marché à court terme (spot) le prix de l’uranium dépasse les cent dollars en moyenne sur les six premiers mois de l’année 2007, avec des valeurs mensuelles plus importantes encore.
    Dans ces conditions, on ne peut plus dire que le prix de l’uranium représente 5% du coût de l’électricité nucléaire. Une fois le prix de l’uranium répercuté dans le coût du combustible nucléaire chargé dans les réacteurs, cela représente 21% du coût de production électrique avec un prix de 50$/lb (50 dollars la livre), 34% pour 100$/lb, 44% pour 150$/lb et 51% pour 200$/lb.
    Comparé au coût de production pour un prix de l’uranium (oxyde) à 10$/lb, cela correspond à une augmentation respective de 20% – 45% – 70% et 95% du coût de production de l’électricité d’origine nucléaire.
    Le prix de l’uranium n’est pas répercuté de façon immédiate dans le coût de production de l’électricité, car les contrats à long terme pour l’achat d’uranium varient en durée, clauses de révision et mode d’indexation des prix. Le cycle du combustible doit aussi être pris en compte avec un délai moyen de deux ans entre l’achat d’uranium et le chargement du combustible dans le réacteur.
    Si elle est étalée dans le temps, cette augmentation très importante du coût de production de l’électricité nucléaire est cependant inévitable.
    http://futura24.site.voila.fr/nucle/prix_cout.htm

  3. Avatar de Raymond
    Raymond

    Mon cher El Gringo
    Je suis très surpris par vos chiffres.
    Prenons une conso mondiale de 78000Tonnes de U3O8 (Australian Bureau) à 100$/pound, pour générer 2660 TWh (AIEA) par an. Un euro pour 1.44$.
    On arrive à un coût matière brute de 4,5 euros/MWh.
    Multiplions par 2,9 pour inclure vos 190$/pound de traitement on arrive à 13euros/MWh loins de vos 46,40.

  4. Avatar de el gringo

    Il faut en effet toujours controler ses chiffres (surtout quand ce ne sont pas vos chiffres).
    Reprenons le coût de la matière première :
    78.000.000 kg / 0.454 = 172 millions de livres
    172 millions * 5 $ = 860 millions $
    172 millions * 100 $ = 17,2 milliards $
    17.200.000.000/1.4= 12,2 milliards Euros
    2.626 TWh * 1.000.000 = 2,626 milliards de MWh
    soit 12,2/2,62 = 4,64 Euros/MWh soit 0,464 centimes d’euros/KWh pour un prix de l’U3O8 de 100$ (contre 0,023 centimes d’euros/KWh pour un prix de 5$) pour le prix de l’U3O8.
    En 1998, le coût de l’électricité produite était estimé à 3,2 centimes de $/KWh à la sortie de centrale soit 2,3 centimes d’euros/KWh (chiffres Agence Energie Nucléaire de 1998 cf Tableau 3.1 du lien).
    Donc le coût de l’augmentation de la matière première de 5$ à 100 $ représente donc 20% du prix de l’électricité produite, ce qui laisse déjà entrevoir une augmentation des prix de 20% au niveau de la production rien que pour le coût d’achat de l’U3O8.
    Dans ce même tableau, pour la France en 1998, le coût du combustible était estimé à 25% du prix de l’électricité par l’AEN soit 0.57 centimes d’euros/KWh, ce qui est très loin du coût de la matière première en 1998 (0,023 centimes d’euros/KWh pour un prix de 5$).
    Le Canada exploitant des centrales à uranium naturel (non enrichi) a un coût du combustible de 9% pour un coût total de production de 2,5 centimes de $/KWh soit 0,2 centimes d’euros/KWh pour le combustible en 1998.
    Mais les exploitants de ces centrales nucléaires n’achètent pas de l’U3O8 mais un combustible qui est un produit fini. On voit bien qu’il y avait en 1998 un facteur de 10 à 25 entre le prix de l’uranium U3O8 à la sortie de la mine et le prix du combustible dans une centrale.
    Les coûts de traitement pour enrichir l’uranium sont aussi amenés à augmenter dans des proportions similaires du fait de l’augmentation des matières premières (l’uranium et mais aussi des autres produits) et aussi du PER (rapport Bénéfice/Chiffre d’affaire) des entreprises qui vont traiter le combustible et qui vont donc augmenter leur marge bénéficiaire pour garder un rendement intéressant sur les marchés financiers (les actionnaires exigent un PER de 15% aujourd’hui). Comme souvent dans le commerce, quand le prix d’un produit de base augmente, la marge des intermédiaires augmente (même en %) surtout quand le produit final est rare et recherché (loi offre/demande avec une clientèle captive et un produit en quantité limité). Voir aussi l’exemple du pétrole et des super-profits des compagnies pétrolieres qui n’hésitent plus à augmenter leur marge (y compris en pourcentage) à toutes les étapes.
    Donc une augmentation du coût de production de l’électricité de 45% est tout à fait réaliste (elle sera au minimum de 20% avec la simple augmentation du prix de l’U3O8 et beaucoup plus si on prend le coût complet du combustible) car l’augmentation de l’uranium, des autres produits et les contraintes en terme de ratio bénéficiaire des sociétés seront répercutés sur l’ensemble de la chaine et donc sur le coût final du combustible.
    En annexe :
    Tableau 3.1 Coûts de la production électronucléaire
    Pays Taux d’actualisation(%) Investissement (%) Exploitation et maintenance (%) Combustible (%) Coût total (cent US/kWh)
    Canada 5 67 24 9 2,5
    Canada 10 79 15 6 4,0
    Corée (Rép. de) 5 55 31 14 3,1
    Corée (Rép. de) 10 71 20 9 4,8
    France 5 54 21 25 3,2
    France 10 70 14 16 4,9
    Espagne 5 54 20 26 4,1
    Espagne 10 70 13 17 6,4
    États-Unis 5 55 27 19 3,3
    États-Unis 10 68 19 13 4,6
    Turquie 5 61 26 14 3,3
    Turquie 10 75 17 9 5,2
    Vous pouvez consulter ces chiffres page 28 du rapport de l’AEN.
    http://www.nea.fr/html/ndd/reports/2003/nea4373-couts-externe.pdf

  5. Avatar de Raymond
    Raymond

    Cher ami,
    Mon tableur Excel me donne 4.49 euros par MWh, vous arrivez à 4.64 euros avec les mêmes données, on ne va pas chipoter on est d’accord.
    Vous me dites que cet accroissement de coût correspond à une augmentation de 20% du coût total de l’électricité. Bien!
    Les prix de l’enrichissement n’ont sûrement aucun lien, ou alors très ténu, avec le prix de la matière de base. C’est de la hi-tech, du contrôle, de la sécurité, de la paperasse, des marges,des frais généraux (beaucoup) des amortissements d’installations….et une goutte de chimie. Alors retenons 20%.

  6. Avatar de el gringo

    La simple répercution mécanique du prix d’achat de l’U3O8 sera de 20% ou 4.49 euros/MWh sur le coût de production estimé de l’électricité. Nous sommes d’accord.
    Mais AREVA n’est pas une société à but non lucrative et le combustible produit par AREVA n’est pas produit vendu à prix coutant. Les résultats d’AREVA font état d’un chiffre d’affaire de 10.86 milliards d’euros et d’une marge brute de 2.22 milliards d’euros. Donc la marge brute d’AREVA sur le prix de vente de ses produits est de 25.7% –> 2.22/ (10.86 – 2.22). En tanant compte de cette marge sur le coût du combustible, cela ferait plutot 25% que 20%.
    Il faut aussi ajouter que la production de ce combustible nécessite énorménent d’énergie et que la centrale George Besse qui produit 1/5 de l’uranium enrichi dans le monde consomme aussi 17 TWh par an soit la production annuelle de 3 des 4 réacteurs de Tricastin. L’augmentation du prix de l’électricité impactera forcément le prix du combustible vendu à EDF.
    Donc 17 TWh à 0.023 euros/KWh (qui est un calcul du prix coutant de l’électricité basé sur l’étude de l’AEN de 1998 plutot optimiste avec un taux de change de 1 euro à 1$) donne déjà 391 millions d’euros. Donc l’augmentation de 25 % de ce coût ajouterait encore 92 millions d’euros pour la fabrication du combustible. Comme Eurodif produit environ 1/5 de l’uranium enrichi dans le monde, 78.000 tonnes divisés par 5 donne 15.500 tonnes, on arrive à un surcout de 6 euros par kilo d’U3O8 (92/15.5) soit près de 18.5 % du prix de l’U3O8 (6 * 1.4 / 0.454).
    On peut donc estimer à au moins 29% l’augmentation du coût de production de l’électricité d’origine nucléaire dans les années à venir avec un prix de l’U3O8 à 100$/pound simplement en tenant compte de la répercution du coût de l’U3O8 sur toute la chaine.
    Il y a sans doute encore d’autres surcoûts à prendre en compte dans la chaine de fabrication du combustible et compte tenu des tensions à venir sur l’approvisionnement en U3O8, ce chiffre me parait donc encore bien optimiste.

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