Les péripéties européennes ont ramené les cours du brut vers les 70 dollars le baril

 Les cours du pétrole se sont sagement repliés vers les 70 dollars le baril au cours des derniers jours sous l’impact de riches péripéties financières qui ont animé l’espace européen. Durant tout ce mouvement de repli le Brent coté à Londres a toujours conservé sa primauté de 3 à 5 dollars le baril par rapport au WTI coté à New York. Le paramètre principal qui a piloté ce repli global a été la baisse de l’euro et son corollaire la hausse du dollar qui ont éloigné les acteurs de marché du pétrole à la recherche de couvertures monétaires. La remontée de l’USDX, panier de monnaies en dollar, coté sur l’ICE qui avait atteint un plus bas de 74 en Novembre 2009 est depuis remonté vers les 87, avec une nette accélération au mois de Mai (FIG.I).

USDX-2010-05 

   L’autre paramètre déterminant est la très forte décroissance des consommations européennes en produits pétroliers qui s’est amplifiée au débit de 2010. L’EIA indique que les consommations en produits pétroliers au mois de Janvier ont atteint dans les pays OCDE-Europe 13,34 millions de barils/jour ce qui représente une baisse de 1,4 millions de barils/jour ou 9,5% par rapport à celles de Janvier 2009. Les consommations européennes en produits pétroliers, mesurées par le suivi des consommations sur 12 mois mobiles (FIG.II) montrent que cette baisse des consommations remonte à la fin de 2007 mais décalée dans le temps par rapport à la baisse des consommations américaines. L’Europe est toujours plus lente, il faut consulter les Länder allemands,…sorte de syndrome de l’esprit de l’escalier!

Conso-OCDE-Europe-2005-2010-01

 Il est possible de constater que depuis le maximum de consommation de pétrole à plus de 15,7 millions de barils/jour en 2006, ces consommations en Europe, mesurées sur 12 mois, sont descendues vers les 14,4 millions de barils/jour.

 Cette baisse des consommations au mois de Janvier en Europe contribue largement à la baisse des consommations en produits pétroliers au sein des pays OCDE qui à 44,5 millions de barils/jour, dépasse les 2 millions de barils par rapport à celle observée en Janvier 2009 (46,6 mbl/jour).

 Ces reculs importants observés compensent largement les accroissements de consommations asiatiques, ce qui explique l’absence de tensions sur les approvisionnements des marchés. Les prévisions des consommations de pétrole des diverses officines basées sur les évolutions de PIB n’ont plus que bien peu de sens. L’OPEP dans son dernier rapport du mois de Mai (LIRE, page 22) reconnaît que l’élasticité des consommations de pétrole avec les variations du PIB n’est plus ce qu’elle était. Les progrès dans l’efficacité énergétique des processus, les prix des carburants, les délocalisations industrielles, la poursuite de la tertiarisation des économies des pays riches, les phénomènes de substitutions de sources d’énergies et les biocarburants contribuent à réduire cette élasticité.

 Le monde de la spéculation découvre que cette vieille Europe endormie qui consomme encore pas loin d’un sixième du pétrole mondial, ne va pas bien et que cela va peser sur la demande globale. Il découvre également qu’avec un euro affaibli, les exportations asiatiques ou américaines vers cette zone seront bien moins payantes. L’Europe vache à lait s’amaigrit dangereusement, au grand dam des économies parasites qui lui vendent certains colifichets comme des modules photovoltaïques et autres gadgets électroniques.

 Après en avoir bien profité, l’économie mondiale va finalement pâtir de la nonchalance européenne. Solidarité bien involontaire qui a le mérite de stabiliser les cours du pétrole vers un niveau raisonnable, bien loin des fous records d’il y a deux ans(FIG.III).

Cours-WTI-2ans-2010-05

Le 20 Mai 2010

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