C’est le business qui devient green et non l’inverse!

Eva Joly veut créer 1 million d’emplois dans les filières vertes!!!!

La nouvelle croyance populaire, largement alimentée par les propos à l’emporte-pièce d’écolos de tous bords, veut que le green-business va un jour sauver notre économie et créer des milliers d’emplois…alors que pour l’instant, dans la réalité, ces activités auraient plutôt tendance à la plomber et donc à faire disparaître des emplois. Citons pour mémoire:

-l’industrie photovoltaïque, niche longtemps artificiellement supportée par des tarifs scandaleux de l’électricité générée (Espagne, Allemagne) qui a attiré en Europe les industries du monde entier (Chine, Taïwan, Inde) et créé une surproduction qui va détruire tous les acteurs européens du secteur. L’action Q-Cells qui avait frisé les 100 euros en 2008 n’en vaut plus que 0,6!! Quand à SolarWorld qui avait dépassé les 60 euros ne vaut que 3,3 euros. C’est la débâcle solaire!

– l’industrie éolienne proche de la saturation dans sa version terrestre en Europe de l’Ouest va poursuivre son développement dans sa version offshore (Siemens suivi des autres) à l’aide de moultes subventions pour raccorder les fermes au continent par des lignes HVDC hors de prix, pour assurer un déploiement grandiose de lignes hautes tension pour amener le courant électrique du nord de l’Allemagne vers le sud industriel et pour interconnecter les divers pays européens limitrophes chargés de combler les incontournables absences de fournitures éoliennes. Tout cela pour, peut-être, économiser quelques tonnes de CO2 qui seront amplement gaspillées par ailleurs, dans les centrales thermiques à flamme maintenues volontairement à mi-puissance au cas où le vent faiblirait.

– les milliards d’euros de subventions accordés à ceux qui peuvent investir et équiper leurs maisons de panneaux photovoltaïques et se dispensent ainsi de payer leur électricité, aux dépens des moins favorisés qui, eux, paient plein pot les MWh hors de prix …on est très loin d’une l’écologie sociale à inventer. Impôt écolo-dégressif parfait. La CRE nous apprend que la part des énergies renouvelables aux charges prévisionnelles du service public de l’électricité va atteindre 2,2 milliards d’euros en 2012.

Alors citons quelques business qui sont devenus « green » alors que rien ne les prédisposait à le devenir un jour.

Le business des aimants permanents nécessaires aux nouvelles éoliennes direct drive et aux moteurs des véhicules hybrides ou électriques en est un exemple. Il faut 265 kg de terres rares sous forme métallique pour construire une turbine d’éolienne d’un MW nous apprend Jean-Pierre SCHAEKEN WILLEMAERS. Et pourtant ces fameux gisements de terres rares ont la malencontreuse idée d’être associés à de l’Uranium et du Thorium ce qui rend très impopulaire leur métallurgie dans le monde occidental et justifie pour une large part la position dominante de la Chine dans l’extraction et la purification de ces métaux (Voir l’aventure LYNAS).

Marché-Li-Ion-2010-2015  L’industrie des batteries qui fait appel au Plomb pour les batteries de démarrage et utilisait le Cadmium pour les accumulateurs alcalins de plus faibles tailles n’avait pas une image particulièrement « Verte » au cours du siècle précédent. Le remplacement du Cadmium par des alliages à base de Terres Rares (encore elles) et de Nickel leur a conféré une image plus acceptable. Le développement des batteries au Lithium, lancé gaillardement par Sony, a définitivement apporté une image plus écolo à cette industrie. Le marché de ces batteries Li-Ion estimé aujourd’hui à 15 milliards de dollars devrait doubler d’ici à 2015 (FIG.), tiré par les applications Véhicule Électrique et les applications industrielles de stockage d’électricité en tampon avec les sources intermittentes d’électricité.

L’évolution des techniques d’éclairage est également époustouflante. Issue de la lampe à incandescence d’Edison, après un réel progrès dans les tubes fluorescents dans le courant du siècle précédent, on aurait pu croire l’aventure à bout de souffle. Mais c’eut été sans compter sur les LEDs dont certaines font appel à des Terres Rares (encore!) ou plus encore sur les OLED’s forme organique des précédentes qui sans aucun doute vont révolutionner l’éclairage domestique et commercial. Le monde devient urbain, électrique et éclairé. Ces nouvelles technologies d’éclairage vont révolutionner la Ville.

Les techniques de pompe à chaleur initialement conçues pour faire du froid dans la Sun Belt américaine ou pour assécher les tatamis nippons hors de prix durant la mousson d’été et éviter le développement de moisissures, deviennent les technologies incontournables pour assurer un développement propre et économe en énergie du conditionnement d’air des habitations. L’utilisation du CO2 comme fluide caloporteur devrait permettre de maintenir en activité ces équipements même par grand froid et éviter ainsi les pointes d’appel de courant sous nos climats parfois rudes. La démocratisation et la production des pompes à chaleur en Europe est un des impératifs énergétiques à privilégier…bien plus que la synthèse du Silicium à moins de 30$ le kilogramme.

Ces quelques exemples simples montrent que ce sont des industries existantes complexes qui en s’adaptant à diverses contraintes ou demandes, trouvent de nouveaux débouchés qui répondent aux exigences d’efficacité énergétique du moment. Ce ne sont pas les industries subventionnées qui sont l’avenir, ce sont les industries naturellement rentables qui créeront les emplois pérennes de demain. Or, pour l’instant, ni les techniques photovoltaïques, ni les techniques éoliennes ne sont des activités rentables en l’absence de subventions. Coupez les subventions et tout s’effondre. Faire subventionner ces industries par les consommateurs les moins fortunés qui n’ont pas les moyens d’investir ni dans des modules photovoltaïques ni dans une pompe à chaleur, me semble être d’une grande injustice et d’une efficacité économique discutable. De telles subventions devraient être prélevées directement sur les budgets des États… et donc limitées. Quand aux quelques tonnes de CO2 économisées, encore faudrait-il bien les mesurer, combien pèsent-elles face au presque milliard de tonnes de CO2 largué sans complexe en plus chaque année en Asie?

Durban est un grand port d’Afrique du Sud qui exporte du charbon vers l’Asie. Son activité exportatrice devrait passer de 13 millions de tonnes de charbon cette année à 50 millions de tonnes en 2030. Joli lieu pour un meeting bidon sur les émissions de CO2!

LIRE un papier du Nikkei sur l’avenir à court-terme des batteries Li-Ion.

Le 18 Décembre 2011

 

Commentaires

13 réponses à “C’est le business qui devient green et non l’inverse!”

  1. Avatar de Tonton
    Tonton

    Bref on laisse le marché et la seule contrainte des coûts faire son travail. Si je rejette la politique de subventions telle qu’elle se pratique aujourd’hui dans la plupart des cas, il faut des outils pour orienter le marché dans le bon sens. Il est dans l’intérêt de tous les Français de diminuer notre dépendance aux sources fossiles étrangères (et même non européennes, la facture pétrolière a triplée en 5 ans entre 2006 et 2011) par la substitution, l’efficacité et la réduction.
    Et ainsi moins taxer le travail (fourni par des hommes, ressource renouvelable, non délocalisable et dont le chômage coûte cher à la collectivité) et plus l’énergie (non renouvelable dans sa majorité, importée).
    Aujourd’hui on a en France 38% de taxe sur le travail et 3,5% sur l’énergie (TIPP). Inversons ces chiffres.

  2. Avatar de Ds
    Ds

    Excellent blog ou je viens placer ma marotte. Vous écrivez  » l’industrie éolienne proche de la saturation dans sa version terrestre en Europe de l’Ouest « , hélas Grenelle 2 veut tripler la mise en france. Les schémas éoliens régionaux auraient pu permettre un certain contrôle de cette prolifération, mais les régions y renoncent, par exemple la Bourgogne, Rhône-Alpes ou le Languedoc-Roussillon déclarent plus de 90 % des communes propices à l’éolien, mitage paysager et complication du réseau sont garanties.

  3. Avatar de JV
    JV

    Excellent blog.
    Qu’auriez-vous à répondre à cet article… J’ai le sentiment qu’il est trompeur, mais je n’arrive pas a trouver des arguments convaincants pour le prouver…
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/07/assez-de-mythes-le-nucleaire-est-plus-cher-que-les-energies-renouvelables_1614336_3232.html

  4. Avatar de Ray
    Ray

    JV, dès que vous lisez un papier qui parle de Watts (puissance) et non pas de Watt-heures (énergie) dites-vous qu’il y a un vendeur de salade d’électricité intermittente derrière.
    LIRE http://www.leblogenergie.com/2011/03/europe-puissance-%C3%A9olienne-install%C3%A9e-et-%C3%A9nergie-g%C3%A9n%C3%A9r%C3%A9e-deux-concepts-dans-le-vent.html

  5. Avatar de fredo
    fredo

    Bonjour,
    je trouve toujours ici une réflexion raisonnable en ces temps d’écoligisme et de précautionnisme débridés. Sur les problèmes d’intermittence des renouvelables, il y a un (excellent) paper sur le site de « sauvons le climat »:
    http://www.sauvonsleclimat.org/production-denergie/energies-renouvelables/le-probleme-de-lintermittence-des-renouvelables-eolien-et-solaire.html
    Je voudrais en particulier insister avec vous sur le subventionnement par les couches populaires des coûteuses fantaisies des bobos écolos qui ont décoré leurs toits de panneaux solaires. Demain, le programme du PS entend remplacer la taxe carbone morte née par une taxe sur l’électricité au delà d’une certaine consommation: malheur aux radiateurs électriques: on va les remplacer de plus en plus par le chauffage au gaz qui, lui, a la faveur des écolos!
    Pour ceux-ci, les émissions de CO2 sont secondaires par rapport à leur lutte contre le nucléaire!

  6. Avatar de Marion

    Le blog est très bien fait et très enrichissant.
    Mais je tilte sur certains des arguments avancés dans cet article, un peu trop pessimistes à mon goût.

  7. Avatar de Bête spatio-temporelle

    Il y a décidément quelque chose qui me gêne dans ce blog : un certain conservatisme, ainsi qu’une pensée « Les écolos, c’est eux, moi j’en suis pas. ». Certes, on trouve beaucoup d’erreurs dans le milieu écolo : confusion production/consommation, technophobie, mauvaise approche du boycott… Mais tout n’est pas jeter chez eux !
    Le XXIème siècle me semble décisif : nous avons une crisé écologique à combattre, et nous devons l’éviter. Je suis moi-même étudiant en physique à la fac, et récemment, je me dis qu’il vaudrait mieux mettre de côté mes idées de recherche fondamentale (trouver une mécanique déterministe à l’échelle microscopique) pour me consacrer toute ma vie durant à la lutte contre cette crise qui peut nous amener à la guerre. En effet, la raréfaction des ressources incite au pillage chez l’étranger. La solution à la crise, comme le suggère l’écologue Robert Barbault, tient dans des rapports écologiques fondés sur la coopération : se mettre ensemble, humains, bêtes, plantes et bactéries, mettre nos talents ensemble, pour satisfaire le plus grand nombre.
    Satisfaire le plus grand nombre… Cette volonté porte un nom. On appelle ça être de gauche. 🙂

  8. Avatar de Ray
    Ray

    Mon cher étudiant, pensez-vous qu’il faille parler de « pillage chez l’étranger » comme vous le faites ou « d’investissement de Sociétés agricoles ou minières dans la mise en valeur des ressources ». Vous reconnaitrez que le premier énoncé, slogan définitif, est nettement plus négatif que le second qui a ma préférence. Il existe dans le monde des millions de km2 de terres cultivables peu ou pas exploitées et qui n’attendent que du capital, du savoir faire et du travail pour subvenir aux besoins des populations. La vraie question est dans le mode de répartition équitable des ressources ainsi créées. Salaires, emplois, pots-de-vin…?
    Quand à votre fierté d’être de Gauche que, Dieu soit loué, bien d’autres jeunes étudiants ont éprouvé avant vous…je vous propose de traverser d’abord un ou deux quinquennats dirigés par les partis Socialo-écolo en vogues du moment et nous en reparlerons.

  9. Avatar de voiture electrique

    Un ancien PDG de Renault avait dit en son temps : « Les voitures électriques, même à EDF on n’a pas réussi à leur vendre ». Mais il est vrai qu’à l’époque la mode du green business n’était pas encore arrivée…

  10. Avatar de Daniel E

    Une voiture électrique coûte forcément cher. Mais cela permettrait de changer les mentalités. C’est une première étape. Le reste suivra!
    DE

  11. Avatar de comparateur de cotes

    bravo les cotes sont au maximum, merci

  12. Avatar de alex

    Article très intéressant et porteur de nombreuses informations. sujet à creuser!

  13. Avatar de Ben

    Je trouve qu’en effet cet article est vraiment intéressant et donne un bon aperçu de la situation mais tout ceci est il vraiment faisable?

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